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Iran

Double scrutin test pour le président Ahmadinejad

Affichage de campagne électorale à Takestan, à 200 kilomètres à l'ouest de Téhéran. 

		(Photo: AFP)
Affichage de campagne électorale à Takestan, à 200 kilomètres à l'ouest de Téhéran.
(Photo: AFP)

Un an et demi après la victoire surprise de l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad à la présidentielle de juin 2005, les municipales et l'élection de l'Assemblée des experts constituent ce 15 décembre un test de popularité en vraie grandeur pour le président iranien et ses amis politiques.


De notre correspondant à Téhéran

Les Iraniens sont appelés aux urnes pour choisir les 113 000 membres des conseils municipaux des villes et des villages, parmi les 247 000 candidats, mais aussi pour élire les 86 membres de l’Assemblée des experts, chargée de nommer, superviser et éventuellement démettre le Guide suprême iranien. Quelque 46,5 millions d’électeurs pourront participer au scrutin pour l’Assemblée des experts et un peu plus de 44 millions pour les élections municipales et locales car dans certains petits villages il n’y a pas de conseil local.

En ce qui concerne les élections municipales, les résultats de Téhéran et, dans une moindre mesure, ceux des grandes villes permettront de mesurer le rapport des forces entre réformateurs et conservateurs, mais aussi entre conservateurs. Ces derniers sont en effet divisés entre partisans du président Ahmadinejad et partisans de l’actuel maire de Téhéran, Mohammad Bagher Ghalibaf. Partout ailleurs, le scrutin ne représente pas un enjeu national.

Réformateurs unis, conservateurs divisés aux municipales

A Téhéran, les réformateurs ont présenté une liste unique dans l’espoir de mettre fin à une série de défaites pour partir à la reconquête du pouvoir comme l’avaient fait précédemment les conservateurs. Ces derniers avaient en effet commencé à reconquérir le pouvoir en remportant les municipales de 2003, avant de prendre le contrôle du Parlement en 2004 et de faire élire à la surprise générale Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République en 2005.

Face à la liste unique des réformateurs, les conservateurs rangés dans le camp du président Ahmadinejad sont menés par Parvin Ahmadinejad, sa propre sœur, et présentent une liste intitulée «la bonne odeur de servir» le peuple. De leur côté, les conservateurs partisans de l’actuel maire de Téhéran, Mohammad Bagher Ghalibaf, soutiennent la «grande coalition des conservateurs», une liste de quinze candidats aux quinze sièges du conseil municipal de Téhéran.

Les analystes estiment qu'un succès, même partiel, des réformateurs leur permettrait de mettre fin à une série de défaites politiques et de préparer les prochaines élections législatives et présidentielle dans de meilleures conditions. Mais un succès des réformateurs dépendra largement de la mobilisation de l’électorat modéré qui a été déçu par les années du pouvoir des réformateurs.

De même, si les amis de Mohammad Bagher Ghalibaf l'emportent, ce dernier pourrait se préparer à la prochaine présidentielle. Parti favori à la précédente présidentielle, en 2005, Mohammad Bagher Ghalibaf avait finalement été battu par Mahmoud Ahmadinejad. Un succès de la mouvance Ghalibaf marquerait la disparition de l’élan politique et social qui a porté Mahmoud Ahmadinejad au pouvoir il y a dix-huit mois. Reste que le président n’a pas dit son dernier mot. S’il réussit à faire élire ses amis politiques au conseil municipal de Téhéran, cela voudra dire que sa popularité est intacte.

Les conservateurs bien placés pour garder l'Assemblée des experts

Les enjeux semblent moins importants pour l’Assemblée des experts, dont le rôle est pourtant de contrôler l’action du Guide suprême. En effet, le Conseil des gardiens de la Constitution, chargé de superviser le scrutin a rejeté plus de la moitié des candidats parmi lesquels de nombreux réformateurs et il ne reste plus que 164 candidats pour briguer les 86 sièges de cette chambre renouvelée tous les huit ans.

Dans ces conditions, la composition de l’Assemblée des experts ne devrait pas être modifiée et les conservateurs devraient en garder la majorité. Mais les modérés, réunis autour de l'ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani, et les ultraconservateurs menés par l'ayatollah Mohammad Taghi Mesbah Yazdi, considéré comme le mentor de l’actuel président Ahmadinejad devront s'affronter pour compter leurs forces. Quelle que soit l'issue, l'Assemblée devrait rester un organe dominé par le bloc des conservateurs, fidèles farouches du Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei.

Le principal enjeu de ce scrutin est une éventuelle défaite de l’ancien président Hachémi Rafsandjani qui l’affaiblirait encore un peu plus après sa défaite à la présidentielle de 2005 face au nouveau venu Mahmoud Ahmadinejad. Enfin, le taux de participation reste la grande inconnue du scrutin, même si les sondages publiés par la presse, qui restent toutefois peu fiables, affirment que plus de 60% des électeurs se rendront aux urnes.



par Siavosh  Ghazi

Article publié le 15/12/2006 Dernière mise à jour le 15/12/2006 à 16:12 TU