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Proche-Orient

Israël veut une nouvelle colonie en Cisjordanie

La nouvelle colonie devrait voir le jour d'ici deux ou trois ans à Maskiot, dans la vallée du Jourdain, sur le site d'une ancienne base militaire israélienne. 

		(Carte : RFI)
La nouvelle colonie devrait voir le jour d'ici deux ou trois ans à Maskiot, dans la vallée du Jourdain, sur le site d'une ancienne base militaire israélienne.
(Carte : RFI)

Le gouvernement israélien a confirmé mardi son intention d'implanter une nouvelle colonie en Cisjordanie. Cette décision suscite l’indignation des Palestiniens. Les Etats-Unis et l’Union européenne accusent Israël de mettre en cause les efforts de la communauté internationale pour faire appliquer la «feuille de route» destinée à rétablir un climat de paix dans la région.


Le ministre israélien de la Défense, Amir Peretz, a donné son feu vert à l'implantation d’une nouvelle colonie à Maskiot, dans la vallée du Jourdain, en Cisjordanie, où vivent déjà près de 260 000 colons juifs et 2,4 millions de Palestiniens. Ce projet prévoit la transformation d’une ancienne base militaire pour permettre l’installation d’une vingtaine de familles de colons juifs évacués de la bande de Gaza à l’été 2005. L’information a été confirmée mardi par la radio officielle israélienne qui a également annoncé que les travaux devraient débuter dans deux semaines et durer de deux à trois ans. Le site a été abandonné récemment par l’armée qui y avait installé une unité de soldats ultra-orthodoxes. L’actuel ministre de la Défense a ainsi décidé de respecter les engagements qui avaient été pris par son prédécesseur Shaoul Mofaz. 

C’est la première fois, depuis 1992, que le gouvernement israélien autorise officiellement la création d’une nouvelle colonie, tout en tolérant l’extension des colonies déjà existantes. Ces colonies installées en Cisjordanie sont illégales selon le droit international. Bien sûr, le projet de Maskiot a été immédiatement dénoncé par les Palestiniens. Pour Saëb Erakat, principal négociateur de l’Autorité palestinienne : «Israël doit choisir entre la paix et les colonies, car il ne peut y avoir de paix avec les colonies. Cela va certainement gâcher l’atmosphère créée après la rencontre samedi soir entre le président Mahmoud Abbas et le Premier ministre Ehud Olmert».  

Inquiétudes américaines et européennes

Le gouvernement américain s’est pour sa part déclaré contrarié par la décision du gouvernement israélien. Le porte-parole du département d’Etat a notamment rappelé, mercredi à Washington, que «la création d’une nouvelle colonie ou l’extension d’une colonie existante contreviendrait aux obligations d’Israël aux termes de la feuille de route», le plan de paix pour le Proche-Orient parrainé par le Quartet de médiateurs : Etats-Unis, Onu, Russie et Union européenne.

La présidence finlandaise de l’UE a manifesté mercredi sa «profonde préoccupation», soulignant que «de telles actions unilatérales sont également illégales sur le plan international». La présidence de l’UE a aussi appelé les différentes parties à «cesser toutes les activités mettant en danger le cessez-le-feu et les espoirs suscités par la rencontre Olmert et Abbas».

De fait, la décision israélienne de construire cette nouvelle colonie dans la vallée du Jourdain ne peut que rendre encore plus difficile la position du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui mène par ailleurs une partie de bras de fer avec le mouvement Hamas du Premier ministre Ismail Haniyeh qui refuse de se laisser entraîner dans des élections anticipées.

Pour sa part, jeudi, ce même Premier ministre palestinien a jugé utile de remettre sur la table la question des échanges de prisonniers. D'après lui, «il faut poursuivre les pressions sur Israël afin de clore ce dossier au plus vite et libérer les prisonniers palestiniens et le soldat israélien», le caporal Gilad Shalit, capturé par des extrémistes palestiniens le 25 juin, à la lisière de la bande de Gaza. Cet incident avait entraîné une série d’opérations de représailles de la part de l’armée israélienne.

Israël veut sécuriser ses frontières orientales

L’annonce de la nouvelle implantation de colons juifs à Maskiot pourrait aussi traduire des divisions au sein du cabinet d’Ehud Olmert qui serait ainsi à la remorque des décisions prises par la hiérarchie militaire, d’autant plus que son parti centriste, Kadima, n’est plus que l’ombre de la formation créée par Ariel Sharon avant son accident cardiaque. Ce n’est peut être pas un hasard si la décision a été annoncée par le ministre de la Défense, Amir Peretz, qui est également le patron du Parti travailliste israélien.

Pour d'autres observateurs, la transformation de l’ancienne base militaire en colonie de peuplement peut signifier que le gouvernement d’Ehud Olmert veut annexer certaines parties de la Cisjordanie, sans parler de la barrière de séparation en cours de construction entre les territoires israélien et palestinien. Enfin, de l'avis du mouvement  la Paix maintenant (Shalom Arshav), «la construction de Maskiot équivaut à une nouvelle tentative de repousser la future frontière d’Israël plus à l’Est, en s’enfonçant plus profondément en Cisjordanie». Selon cette organisation israélienne, le Premier ministre Olmert veut que la vallée du Jourdain puisse «jouer un rôle de zone tampon de sécurité contre les radicaux basés en Irak, en Iran et ailleurs».



par Antonio  Garcia

Article publié le 28/12/2006 Dernière mise à jour le 28/12/2006 à 18:39 TU