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Somalie

La chasse aux islamistes se poursuit

Le Groupe de contact international sur la Somalie doit se réunir vendredi pour discuter de l’envoi d’une force de maintien de la paix dans le pays. En attendant, sur le terrain, les troupes éthiopiennes pourchassent les islamistes en fuite et le gouvernement somalien tente de désarmer les habitants de Mogadiscio. Sans grand succès.

 

Malgré l'appel du gouvernement somalien, les habitants de Mogadiscio ne semblent pas prêts à désarmer. (Photo : Olivier Rogez/ RFI/ Juin 2006)
Malgré l'appel du gouvernement somalien, les habitants de Mogadiscio ne semblent pas prêts à désarmer.
(Photo : Olivier Rogez/ RFI/ Juin 2006)

Que faire pour la Somalie ? Le Groupe de contact international sur la Somalie, dont les membres européens se sont réunis mercredi à Bruxelles, se donne encore du temps pour discuter du casse-tête somalien. En effet, le Groupe doit se réunir au complet vendredi à Nairobi (Kenya), pour évoquer l’envoi éventuel d’une force de maintien de la paix africaine dans ce pays de la Corne de l’Afrique. Créé en juin 2006 à l’initiative de Washington, le Groupe de contact sur la Somalie comprend des membres de la Ligue arabe, de l’Union africaine, des Nations unies, de l’Union européenne, de l’Autorité intergouvernementale de développement (Igad), des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de l’Italie, de la Norvège, de la Suède et de la Tanzanie.

Sur le terrain, la chasse aux islamistes s’est poursuivie mercredi dans l’extrême sud de la Somalie, à la frontière avec le Kenya. Les membres des milices islamistes ont abandonné leur dernier bastion, Kismayo, lundi dernier, et sont pourchassés depuis par les troupes éthiopiennes. Mais les résultats semblent bien maigres pour le moment. Mardi, quatre hélicoptères éthiopiens, qui visaient la ville somalienne de Dhobley, à 3 kilomètres de la frontière kenyane, ont raté leur cible et lâché leurs missiles sur le poste frontière kenyan de Har Har, sans faire de victime. Malgré la force de frappe éthiopienne, les chefs des Tribunaux islamiques restent introuvables et les miliciens difficiles à localiser. Selon le gouvernement somalien, certains d’entre eux seraient réfugiés dans une épaisse forêt frontalière avec le Kenya, située près de Ras Kamboni, sur l’Océan Indien.

Poste-frontière stratégique

Certaines sources font état de bâtiments de la flotte américaine patrouillant au large pour empêcher les islamistes de fuir par la mer. Côté kenyan, le gouvernement a déclaré avoir renforcé ses patrouilles terrestres et aériennes et avoir fermé sa frontière nord-est. Selon un responsable gouvernemental, une centaine d’éléments islamistes auraient déjà été refoulés. Mais la frontière somalo-kenyane, qui s’étale sur 700 km, est largement poreuse. Le Premier ministre somalien, Ali Mohamed Gedi, a affirmé mardi que onze combattants islamistes avaient été arrêtés par les autorités kenyanes alors qu’ils tentaient d’entrer au Kenya. Les autorités ont confirmé détenir huit hommes, dont des Erythréens, un Kenyan, trois Somaliens et un Canadien d’origine somalie, soupçonnés d’avoir combattu aux côtés des islamistes. Ils ont été arrêtés au poste-frontière de Liboi.

Un poste-frontière devenu stratégique. Selon le Bureau de coordination pour les affaires humanitaires de l’Onu (Ocha), près de 4 000 Somaliens attendent actuellement côté somalien de pouvoir trouver refuge au Kenya. Mais le pays, qui accueille 160 000 Somaliens dans des camps du nord-est depuis le début de la guerre civile en 1991, a refoulé à Liboi entre 400 et 600 réfugiés somaliens fuyant les combats de ces derniers jours. Le président kenyan Mwai Kibaki a prévenu que son pays «ne voulait pas être utilisé comme refuge par ceux qui cherchent à déstabiliser la région». Il a aussi appelé mardi son homologue somalien Abdullahi Ahmed à reprendre le dialogue avec les tribunaux islamiques, comme «moyen de restaurer la paix et la stabilité».

Les Somaliens ne rendent pas les armes

Mais les islamistes ont rejeté l’appel à la reddition lancé par le gouvernement somalien. «Si le monde pense que nous sommes morts, il se trompe. Nous allons renaître de nos cendres», a déclaré un de leurs porte-paroles, Abdirahim Ali Moudeï. Pour le moment, les actions de guérilla annoncées n’ont pas eu lieu. Mardi, un milicien isolé a attaqué un camp de soldats éthiopiens, à Jilib, tuant deux soldats et blessant un officier, avant d’être abattu. Mercredi, le gouvernement érythréen a jugé que la Somalie va devenir «un bourbier» pour l’Ethiopie, accusant le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi d’être un «mercenaire à la solde des Etats-Unis». Celui-ci a affirmé que «quitter la Somalie immédiatement serait irresponsable» : «Nous partirons aussi rapidement que possible. Cela pourrait être dans deux semaines, le temps d’atteindre la stabilité, comme nous l’a réclamé le gouvernement somalien.» «Les Ethiopiens partiront lorsqu’ils auront éliminé les terroristes et pacifié la Somalie. Cela prendra des semaines et des mois», a, de son côté, averti le Premier ministre somalien.

L’Ethiopie, qui a appelé la communauté internationale à apporter «immédiatement» une aide humanitaire et financière à la Somalie, souhaite que le gouvernement de transition fasse tout pour empêcher le retour des chefs de guerre. Le gouvernement somalien essaie effectivement de stabiliser la ville de Mogadiscio, qui a été pendant des années sous l’emprise de clans rivaux avant l’arrivée des islamistes l’été dernier. Mais la tâche est ardue. Première étape annoncée : le désarmement de la capitale. Le Premier ministre somalien a appelé à un désarmement sur une base volontaire, de mardi à jeudi, et se réserve de «faire usage de la force» passé ce délai. Mercredi, les deux centres de collecte ouverts par les autorités n’ont pas attiré les foules.

Miliciens et habitants se sont plutôt pressés au marché Bakara, dans le sud de la ville, le grand bazar aux armes, pour vendre leurs fusils et mitraillettes plutôt que de les rendre sans compensation financière. Seul signe d’apaisement, le trafic aérien a été de nouveau autorisé mercredi, à l’aéroport de Mogadiscio, pour tous types d’appareils commerciaux et humanitaires, à la condition de demander l’autorisation du gouvernement. Ce dernier avait fermé toutes les frontières du pays le 25 décembre. Le Programme alimentaire mondial (Pam) a aussi annoncé la reprise de ses opérations humanitaires, interrompues depuis deux semaines.



par Olivia  Marsaud

Article publié le 03/01/2007 Dernière mise à jour le 03/01/2007 à 17:13 TU

Audio

Cyril Bensimon

Journaliste à RFI

«Selon les autorités somaliennes, ce sont près de 3000 hommes, dont 700 à 800 mercenaires djihadistes, qui ont fui Kismayo en direction de la frontière kenyane.»

[03/01/2007]

Sarah Tisseyre

Journaliste à RFI

«Ces clans posent des conditions pour désarmer leurs miliciens. Ils demandent notamment que tous les clans du pays soient désarmés en même temps, y compris dans la province du Puntland, fief du président de transition, Abdullah Yussuf.»

[03/01/2007]

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