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Russie - Biélorussie

Après le gaz, la guerre du pétrole

Le Premier ministre biélorusse, Sergei Sidorsky en compagnie du PDG du géant gazier russe Gazprom, Alexei Miller, à Moscou, le 1er janvier 2007, lors de la conclusion de l'accord prévoyant une augmentation considérable du prix du gaz russe. 

		(Photo : AFP)
Le Premier ministre biélorusse, Sergei Sidorsky en compagnie du PDG du géant gazier russe Gazprom, Alexei Miller, à Moscou, le 1er janvier 2007, lors de la conclusion de l'accord prévoyant une augmentation considérable du prix du gaz russe.
(Photo : AFP)
Le gouvernement de Minsk a notifié à la Russie son intention d’imposer un droit de transit de 45 dollars sur le pétrole traversant son territoire. Alexandre Loukachenko réagissait ainsi à l’importante hausse des prix du gaz que les Russes avaient imposé dimanche dernier, une décision que le président biélorusse a défini comme étant «inamicale». Ces développements sont suivis avec beaucoup d’attention par Bruxelles, car l’Europe importe un quart de son gaz de Russie.

Les relations entre la Russie et la Biélorussie se sont nettement dégradées en ce début de l’année. Minsk a décidé de riposter à l’ultimatum du conglomérat russe Gazprom qui a multiplié par plus de deux le prix du gaz exporté vers cette ancienne République soviétique. Au lieu des 46,68 dollars payés auparavant pour 1 000 mètres cubes de gaz russe, les biélorusses vont être obligés de débourser 100 dollars, suite au difficile accord conclu le 31 décembre 2006, à Moscou. Le président Loukachenko a reconnu mercredi que cet accord est «désavantageux», d’autant plus que les Russes avaient menacé de fermer les vannes, ce qui provoquerait notamment une interruption des livraisons de gaz à plusieurs pays européens, notamment à la Pologne. Refusant la totalité de la hausse voulue par Gazprom, la Biélorussie a été aussi obligée de lui vendre 50% de son entreprise de gazoducs, Beltransgaz.

En riposte à ces décisions imposées lors des négociations tenues à Moscou entre la délégation biélorusse et les responsables du géant gazier russe Gazprom, le gouvernement de Minsk a décidé d’imposer une taxe de 45 dollars par tonne de pétrole brut russe transitant par les oléoducs qui traversent le territoire national. On évalue à un million de barils la quantité d’or noir russe qui traverse chaque jour la Biélorussie, notamment par l’oléoduc de Droujba. Ces chiffres correspondent à près d’un cinquième du total des exportations d’hydrocarbures de la Russie. 50% des livraisons totales de pétrole russe destiné à l’Europe transitent par la Biélorussie. Outre l’approvisionnement de ce dernier pays, près de 100 millions de tonnes d’hydrocarbures russes sont ainsi livrées annuellement à la Pologne, République tchèque, Slovaquie et Lituanie.

Le porte-parole du ministère biélorusse des Affaires étrangères a assuré que son pays ne voulait en aucun cas limiter les livraisons de pétrole russe vers l’Europe. La décision du gouvernement de Minsk a irrité considérablement les autorités de Moscou, où le ministère du Développement économique a accusé les Biélorusses de vouloir appliquer une mesure «sans précédent dans la pratique internationale» qui est contraire à l’accord commercial que les deux Etats ont conclu en 1992. La Russie affirme ne pas avoir reçu une notification au sujet de cette nouvelle taxe appliquée par les douanes de Biélorussie.    

L’Union européenne très attentive

La Russie a estimé que cette taxe n'aurait pas d'impact sur les approvisionnements énergétiques en Europe. Les experts de l’énergie, réunis jeudi à Bruxelles, considèrent en effet que l’accord sur les prix du gaz entre la Russie et la Biélorussie ne fait pas peser de risque sur les approvisionnements des pays de l’Union européenne, «étant donné l’hiver clément, la situation actuelle de stockage et les mesures prises par les Etats membres». Seulement 20% des importations européennes de gaz russe transitent par la Biélorussie, les 80% restants passent par l’Ukraine. Toutefois, ces mêmes experts soulignent que les disputes gazières russo-biélorusses montrent la nécessité d’une plus grande coopération entre les Etats membres de l’UE et aussi des solutions alternatives.

Jusqu’à présent, la Biélorussie bénéficiait d’une attitude
Un quart du gaz consommé en Europe vient de Russie, dont 80% passe par l'Ukraine et 20% par la Biélorussie. 

		(Carte : Nicolas Catonné / RFI)
Un quart du gaz consommé en Europe vient de Russie, dont 80% passe par l'Ukraine et 20% par la Biélorussie.
(Carte : Nicolas Catonné / RFI)
assez favorable, de la part du gouvernement russe. Le «miracle économique» dans cette ancienne République soviétique, isolée sur la scène internationale, était en grande partie une conséquence des subventions données par Moscou. Le président Vladimir Poutine, qui veut utiliser les atouts énergétiques de son pays, a visiblement décidé de placer Loukachenko dans une position de grande vulnérabilité, sachant que le président biélorusse n’est pas très apprécié par les gouvernements occidentaux, qui l’accusent de pratiquer une politique autoritaire ne respectant pas les droits de l’homme. Il y a un an, la Russie avait aussi exercé des pressions gazières sur l’Ukraine, ce qui avait provoqué une considérable inquiétude en Europe.

par Antonio  Garcia

Article publié le 04/01/2007 Dernière mise à jour le 04/01/2007 à 17:19 TU

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Viktar Shykh

Ambassadeur de la Biélorussie en France

«La Biélorussie de peut pas être isolée de l'Union européenne.»

[05/01/2007]

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