Russie - Biélorussie
Après le gaz, la guerre du pétrole
(Photo : AFP)
Les relations entre la Russie et la Biélorussie se sont nettement dégradées en ce début de l’année. Minsk a décidé de riposter à l’ultimatum du conglomérat russe Gazprom qui a multiplié par plus de deux le prix du gaz exporté vers cette ancienne République soviétique. Au lieu des 46,68 dollars payés auparavant pour 1 000 mètres cubes de gaz russe, les biélorusses vont être obligés de débourser 100 dollars, suite au difficile accord conclu le 31 décembre 2006, à Moscou. Le président Loukachenko a reconnu mercredi que cet accord est «désavantageux», d’autant plus que les Russes avaient menacé de fermer les vannes, ce qui provoquerait notamment une interruption des livraisons de gaz à plusieurs pays européens, notamment à la Pologne. Refusant la totalité de la hausse voulue par Gazprom, la Biélorussie a été aussi obligée de lui vendre 50% de son entreprise de gazoducs, Beltransgaz.
En riposte à ces décisions imposées lors des négociations tenues à Moscou entre la délégation biélorusse et les responsables du géant gazier russe Gazprom, le gouvernement de Minsk a décidé d’imposer une taxe de 45 dollars par tonne de pétrole brut russe transitant par les oléoducs qui traversent le territoire national. On évalue à un million de barils la quantité d’or noir russe qui traverse chaque jour la Biélorussie, notamment par l’oléoduc de Droujba. Ces chiffres correspondent à près d’un cinquième du total des exportations d’hydrocarbures de la Russie. 50% des livraisons totales de pétrole russe destiné à l’Europe transitent par la Biélorussie. Outre l’approvisionnement de ce dernier pays, près de 100 millions de tonnes d’hydrocarbures russes sont ainsi livrées annuellement à la Pologne, République tchèque, Slovaquie et Lituanie.
Le porte-parole du ministère biélorusse des Affaires étrangères a assuré que son pays ne voulait en aucun cas limiter les livraisons de pétrole russe vers l’Europe. La décision du gouvernement de Minsk a irrité considérablement les autorités de Moscou, où le ministère du Développement économique a accusé les Biélorusses de vouloir appliquer une mesure «sans précédent dans la pratique internationale» qui est contraire à l’accord commercial que les deux Etats ont conclu en 1992. La Russie affirme ne pas avoir reçu une notification au sujet de cette nouvelle taxe appliquée par les douanes de Biélorussie.
L’Union européenne très attentive
La Russie a estimé que cette taxe n'aurait pas d'impact sur les approvisionnements énergétiques en Europe. Les experts de l’énergie, réunis jeudi à Bruxelles, considèrent en effet que l’accord sur les prix du gaz entre la Russie et la Biélorussie ne fait pas peser de risque sur les approvisionnements des pays de l’Union européenne, «étant donné l’hiver clément, la situation actuelle de stockage et les mesures prises par les Etats membres». Seulement 20% des importations européennes de gaz russe transitent par la Biélorussie, les 80% restants passent par l’Ukraine. Toutefois, ces mêmes experts soulignent que les disputes gazières russo-biélorusses montrent la nécessité d’une plus grande coopération entre les Etats membres de l’UE et aussi des solutions alternatives.
Jusqu’à présent, la Biélorussie bénéficiait d’une attitude(Carte : Nicolas Catonné / RFI)
par Antonio Garcia
Article publié le 04/01/2007 Dernière mise à jour le 04/01/2007 à 17:19 TU