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Automobile

Les «Big Three» à la peine

Une chaîne de la firme Chrysler à Detroit. 

		(Photo : AFP)
Une chaîne de la firme Chrysler à Detroit.
(Photo : AFP)
Le 100ème salon automobile de Detroit ouvre ses portes ce week-end sur une note morose. Les «Big Three », General Motors, Ford et Chrysler ont terminé l’année sur fond de difficultés persistantes face aux constructeurs asiatiques, japonais en tête. Le même phénomène touche la plupart des pays d’Europe occidentale.

Le marché automobile intérieur américain a terminé l’année, comme prévu, sur des ventes en recul de 2,5%, à 16,5 millions d’unités. Mais ce sont surtout les constructeurs nationaux qui ont souffert. Ils n’auront pas beaucoup de raisons de faire la fête au salon de Detroit. En 2006, les « Big Three » ont, en effet, enregistré une baisse des ventes de 9% chez General Motors, de 8% chez Ford, de 7% chez Chrysler, là où Toyota affiche une hausse de 13%, ou Sukuzi de 23%. Au total, les trois groupes américains ont cumulé 11, 4 milliards de dollars de pertes nettes sur les neuf premiers mois de 2006, alors que les constructeurs asiatiques approchent la barre des 40% de parts de marché. Et General Motors est en passe de perdre cette année son titre de numéro un mondial du secteur au profit de Toyota, même si son patron, Rick Wagoner, a indiqué, jeudi, que GM allait se battre pour conserver son rang de leader.

Face aux Asiatiques qui continuent à progresser, les Américains souffrent d’un vieillissement de leurs produits, centrés sur les gros 4X4 et les pick-ups. Ils ne sont pas arrivés à s’adapter à l’évolution de la demande et à limiter la baisse de 11% des ventes de pick-up, de 10% des monospaces et 12% des 4x4, alors que dans le même temps les ventes de petites voitures progressaient de 5%. Pour l’ouverture du salon de Detroit, les «Big Three » misent conjointement sur le créneau des voitures économes en carburant et sur les modèles compacts, qui ont de plus en plus la faveur des consommateurs. Face à eux, les nouveaux modèles des constructeurs japonais Toyota, Honda et Nissan, déjà en avance sur ce secteur, seront aussi très attendus, tout comme ceux des sud-coréens.

Multiplication des implantations à l’Est

Pour limiter leurs pertes, les constructeurs américains ont procédé, fin 2006, à des réductions significatives de production d’environ 20% pour Ford et de 10 à 15% pour GM et Chrysler. Tous ont également mis en place des plans pour redresser les comptes. Ford en est à son troisième en cinq ans, avec pour objectif de supprimer  40 000 emplois et fermer près d’une douzaine de sites outre-Atlantique. General Motors prévoit aussi de réduire d'un tiers ses effectifs, sur un total de 150 000 emplois. De son côté, Chrysler qui a essuyé une perte d’exploitation de 1,16 milliard d’euros au troisième trimestre, travaille aussi à un plan de restructuration pour les prochaines semaines. Pour essayer de repartir, les groupes américains cherchent également des alliances. Après l’échec de la tentative de rapprochement entre General Motors et Renault-Nissan, les patrons de Toyota et de Ford se sont rencontrés la semaine dernière au Japon. Quant à Chrysler, les analystes spéculent sur une séparation avec Daimler (Mercedes).

L’explosion du prix des matières premières a également pénalisé le secteur. Pétrole cher et concurrence asiatique ont donc poussé les constructeurs européens à intensifier la délocalisation vers les pays à faible coût de main d’œuvre. Ils ont ainsi multiplié les implantations à l’Est, non seulement pour bénéficier de coûts salariaux moindres - à titre d’exemple, le coût horaire dans les usines polonaises, tchèques, slovaques ou roumaines est six à dix fois inférieur au coût français -, mais également pour conquérir de nouveaux marchés à fort potentiel de développement.



par Myriam  Berber

Article publié le 05/01/2007 Dernière mise à jour le 05/01/2007 à 16:18 TU