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Politique française

Chronique d’une investiture sans suspense

Dominique de Villepin, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy le 9 janvier 2007. Le président de l'UMP veut que la grand-messe du parti pour désigner son candidat soit perçue comme le rassemblement de l'UMP. 

		(photo : AFP)
Dominique de Villepin, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy le 9 janvier 2007. Le président de l'UMP veut que la grand-messe du parti pour désigner son candidat soit perçue comme le rassemblement de l'UMP.
(photo : AFP)
L’enjeu du congrès de l’Union pour un mouvement populaire, le dimanche 14 janvier, n’est pas de savoir si Nicolas Sarkozy sera investi ou pas. Il ne fait aucun doute que le président du parti en sortira en tant que candidat officiel de l'UMP à la présidentielle. Il s’agira plutôt d’observer si les résistants à sa candidature, de moins en moins nombreux et de plus en plus critiqués dans les rangs de la formation, vont pouvoir encore faire valoir leur point de vue après ce qui a toutes les chances d’être un plébiscite. Et si Nicolas Sarkozy va obtenir grâce à ce vote vraisemblablement massif en sa faveur un nouvel atout face à ses adversaires de gauche qui ironisent sur la manière dont a été menée la campagne interne dans le parti majoritaire.

On annonce un score soviétique. Et pour cause, personne ne s’est présenté face à Nicolas Sarkozy pour obtenir l’investiture de l’UMP à l’élection présidentielle. Rien ne pourra donc contrarier le «sacre» du président du parti sauf, peut-être, un pourcentage significatif de votes blancs ou un faible taux de participation. Mais la mobilisation massive des militants pour venir assister au congrès semble indiquer qu’il n’y a pas grand risque à ces niveaux non plus. Ils devraient, en effet, être environ 50 000 à se rendre au parc des expositions, à Paris, pour la proclamation des résultats du vote sur internet des adhérents et la désignation officielle de leur champion.

Ce sera donc sans conteste la journée de Nicolas Sarkozy. Dominique de Villepin le sait et c’est certainement ce qui explique ses hésitations à venir y assister. Il est vrai qu’il a déjà dû, cette semaine, essuyer le feu des parlementaires UMP lors d’une réunion de groupe à l’Assemblée nationale. Ceux-ci lui ont reproché, non pas tellement pas d’annoncer qu’il ne voterait pas en faveur de Nicolas Sarkozy, mais de critiquer l’unité derrière le ministre de l’Intérieur, comme si c’était une source de faiblesse : «C’est comme dans les armées napoléoniennes. Si on est tous derrière les uns les autres, on n’arrive à rien. Il faut une aile droite, une aile gauche, il faut être divers, mobiles, capables de surprises, avec des renforts, des troupes fraîches».

Villepin irrite les députés

Cette leçon de stratégie et de diversité n’a pas plu du tout aux députés qui ont vivement critiqué le Premier ministre. Cela ne l’a pas impressionné car dans une interview publiée trois jours plus tard dans le quotidien Les Echos , il a fait des propositions qui ressemblaient fort à un programme. La position de Dominique de Villepin, qui avait pourtant laissé entendre qu’il avait renoncé à toute ambition présidentielle, est décidément ambiguë. Et c’est bien ce que lui reprochent les parlementaires UMP, de plus en plus nombreux à juger que le rassemblement derrière Nicolas Sarkozy est indispensable dans la perspective des échéances électorales de 2007.

Face à un Villepin en embuscade, ou faisant semblant de l’être, Sarkozy joue la carte de la sérénité. Lors de ses vœux, le 11 janvier, il a déclaré qu’il avait l’intention «d’être unitaire pour tous». Pas question pour lui d’entrer dans la polémique alors qu’il est sur le point d’obtenir ce qu’il attend depuis des années : son ticket pour la présidentielle. Il a adopté la même attitude pour répondre aux questions concernant la position de Jacques Chirac qui continue à faire miroiter l’hypothèse de sa candidature. Il s’est appliqué à minimiser les dissensions avec le chef de l’Etat. Notamment à propos de sa décision de rester au gouvernement une fois investi pour la présidentielle, en affirmant qu’il se conformerait à la demande du président de ne pas négliger sa fonction ministérielle au profit de sa campagne.

Un discours qui doit marquer

Nicolas Sarkozy a d’autant plus de facilité à prôner l’apaisement qu’il a réussi à renforcer sa position en obtenant des ralliements de poids avant le congrès d’investiture. Au-delà des ministres qui sont majoritairement derrière lui (Copé, Breton, Douste-Blazy, Perben…) et des anciens Premiers ministres (Raffarin, Balladur) qui ont choisi son camp, il a reçu des soutiens symboliques de chiraquiens pure souche. Alain Juppé a annoncé qu’il voterait pour lui. De même que Jérôme Monod, l’un des plus proches conseillers du président de la République, qui dispose de la carte numéro un de l’UMP. Tout un symbole. Il semble même que Michèle Alliot-Marie, qui doit annoncer sa décision sur sa candidature le 12 au soir, va elle aussi se ranger finalement derrière Nicolas Sarkozy au nom de l’unité.

Dans ce contexte, Nicolas Sarkozy aura donc pour principale tâche de faire en sorte que la grand-messe du parti soit bel et bien perçue comme le rassemblement de l’union et non la mise en scène d’une caricature de désignation démocratique. Car c’est aussi à ce niveau que l’on attend le presque candidat de l’UMP. La gauche n’a eu de cesse de présenter le processus d’investiture qu’il a mis en place comme une mascarade, où les dés étaient pipés d’avance. Il ne faudrait pas que le congrès lui permette d’enfoncer le clou. Nicolas Sarkozy devra donc trouver le dosage idéal pour entamer sa campagne dans les meilleures conditions. Il compte certainement pour y parvenir sur le discours qu’il doit prononcer à la fin du congrès dont il espère qu’il marque les esprits.  



par Valérie  Gas

Article publié le 12/01/2007 Dernière mise à jour le 12/01/2007 à 17:02 TU

Le congrès de l’UMP en chiffres

Le congrès d’investiture de l’UMP va coûter environ 3,5 millions d’euros, selon le trésorier du parti Eric Woerth. Chaque participant a été sollicité pour apporter une contribution aux frais de transport de l’ordre de 10 euros. Sept trains spéciaux et 520 autocars ont été affrétés pour acheminer les militants jusqu’au Parc des expositions, à Paris. Environ 80% des quelque 50 000 personnes qui devraient participer au congrès viennent de province. Ceux qui n’auront pas encore voté pourront le faire sur place où des ordinateurs seront mis à leur disposition. Le vote sera clos à 10 heures et les résultats annoncés en début d’après-midi. La manifestation sera suivie par plus de 500 journalistes dont 150 de la presse étrangère.