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Présidentielle 2007

Sarkozy : la métamorphose ?

Dans son discours au congrès de l’UMP dimanche 14 janvier Nicolas Sarkozy a affirmé qu’il avait «<i>changé</i>». 

		(Photo : AFP)
Dans son discours au congrès de l’UMP dimanche 14 janvier Nicolas Sarkozy a affirmé qu’il avait «changé».
(Photo : AFP)
En obtenant l’investiture de l’Union pour un mouvement populaire, Nicolas Sarkozy a franchi la dernière étape de sa candidature. Assuré du soutien de sa famille rassemblée, il entre maintenant dans la campagne pour l’élection présidentielle avec un objectif : réunir une majorité de Français derrière lui. Et pour y parvenir, il a choisi de jouer deux cartes : celle du programme, bien sûr, mais aussi celle de l’humain. C’est un homme nouveau qui part à présent à la conquête de l’Elysée, plus sobre, plus calme, plus humble. Mais où est donc passé Nicolas Sarkozy ?

La mission ferait-elle l’homme ? C’est un peu le message que Nicolas Sarkozy a tenté de faire passer dans son discours d’intronisation comme candidat à la présidentielle, dimanche 14 janvier, et dès le lendemain lors de sa première visite de terrain débutée par le Mont-Saint-Michel. Au congrès de l’UMP, il a commencé son allocution par de l’émotion. En rendant une série d’hommages aux anciens de son camp : de Jacques Chaban-Delmas à Alain Juppé en passant par Achille Peretti, Edouard Balladur et Jacques Chirac, il s’est délibérément placé dans une lignée. L’homme qui a fait de la «rupture» son thème de campagne, ne renie pas ses aînés. Il les cite. Une manière de reconnaître leur héritage.

Mais Nicolas Sarkozy ne s’en est pas tenu là. Il a voulu dépasser les frontières partisanes et les étiquettes politiques en évoquant aussi les grands hommes qui, selon lui, ont le mieux représenté la France. Car au-delà de la droite et de la gauche, il y a «la République». La référence à la résistance et aux résistants n’est pas nouvelle chez Nicolas Sarkozy. Mais en se lançant dans la bataille pour la présidence, il a voulu expliquer à quel point cette période représente un événement fondateur de sa prise de conscience politique. Georges Mandel, Guy Moquet, Jean Moulin, le général de Gaulle, ces hommes sont des exemples. Ils ont incarné le combat, l’honneur, la justice. Autant de valeurs que Nicolas Sarkozy revendique. Comme il revendique la fierté d’être Français. Lui, le «fils d’immigré» comme il s’est décrit, aime à rendre hommage aux grandes figures dont la France peut être fière : Felix Eboué, Zola, Victor Hugo, Clemenceau, Simone Veil, Georges Pompidou et même Jaurès ou Blum.

Retour sur l’histoire

Ce n’est pas un hasard si Nicolas Sarkozy a choisi d’attaquer son discours programme par un retour sur l’histoire. Il veut y entrer lui aussi et espère y parvenir en montrant aux Français qu’il peut être le digne successeur de ces hommes et de ces femmes qui ont fait de la France ce qu’elle est aujourd’hui. Pas d’arrogance donc dans les propos du candidat Sarkozy. Au contraire, un désir d’afficher son humilité. Quand il assène, à plusieurs reprises : «J’ai changé», c’est peut-être ça qu’il veut montrer. L’époque de Sarkozy l’arrogant, qui maniait l’ironie avec maestria, est révolue. Le temps de l’ambitieux individualiste n’est plus. En tout cas, il n’est pas réapparu au long de l’heure et demi qu’a duré son discours.

Le candidat a affiché, au contraire, les traits de la maturité. Il n’a pas hésité à briser la carapace, à évoquer les «échecs professionnels» et les «déchirures personnelles», à insister sur les événements de la vie qui façonnent un homme, qui lui donnent un supplément d’humanité. Nicolas Sarkozy a voulu montrer que, lui aussi, avait des «émotions». Mais surtout, qu’il avait appris que l’on peut les montrer sans perdre sa dignité.

L’image de la machine à gagner, du bulldozer sans états d’âme ne correspond décidément pas à son nouveau combat. Quand on brigue la présidence, on se doit d’être sûr de soi mais pas imbu de soi-même. Nicolas Sarkozy a affiné sa stratégie. Si son discours et ses idées restent identiques, sa manière de les exprimer est différente, volontaire mais pas agressive. Est-ce parce qu’il sait qu’il devra affronter une femme que Nicolas Sarkozy a fait autant d’effort pour prendre l’allure d’un homme posé ? Face à Ségolène Royal, tous les coups ne seront pas permis. La forme comptera beaucoup et c’est là, certainement, qu’il court le plus de risques. D’autant que la candidate socialiste a fait du fair-play une règle de vie en politique. Jamais de critiques personnelles, jamais de dénigrement gratuit, jamais un mot plus haut que l’autre. Pour Nicolas Sarkozy, garder sa sérénité au long cours, mettre la colère de côté, rassurer, est un véritable défi. Mais c’est aussi une nécessité, s’il ne veut pas se disqualifier par rapport à Ségolène Royal.

Séduire les classes populaires

Alors il a fait de son discours une épreuve de courtoisie. Pas un mot sur sa principale adversaire, juste des interrogations générales : où est la gauche de Jaurès et Blum ? La gauche des «travailleurs», qui semble avoir l’estime de Nicolas Sarkozy et qu’il oppose à la «gauche immobile qui ne respecte plus le travail», sous-entendu celle que représente la candidate socialiste. Nicolas Sarkozy veut être celui qui rassemblera tous les Français et n’hésite donc pas à s’emparer aussi de l’héritage des hommes de gauche qui sont passés au patrimoine national. Son objectif est clair : il veut montrer aux classes populaires qu’il est capable de prendre leurs préoccupations en compte. La balle est dans le camp de Ségolène Royal.



par Valérie  Gas

Article publié le 15/01/2007 Dernière mise à jour le 15/01/2007 à 15:54 TU

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[15/01/2007]

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