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Présidentielle 2007

Impôts : qui dit mieux ?

Les impôts, l'un des sujets forts de la campagne présidentielle française. 

		(Photo : AFP)
Les impôts, l'un des sujets forts de la campagne présidentielle française.
(Photo : AFP)
La fiscalité fait partie des sujets incontournables d’une campagne pour la présidentielle. Et les candidats jouent sur cette question leur crédibilité et leur pouvoir de séduction. Nicolas Sarkozy a donc, dès son discours d’investiture, donné le ton en prônant des mesures destinées à moins taxer les revenus du travail. Ségolène Royal a plus de mal à se positionner pour le moment sur le thème de la fiscalité. Elle a d’ailleurs mis le holà aux propositions de François Hollande, le Premier secrétaire du Parti socialiste, qui préconisait d’augmenter les prélèvements d’une partie des contribuables.

Le candidat Sarkozy est entré en campagne en mettant sur la table ses propositions en matière fiscale. Toute sa philosophie, largement développée dans le discours prononcé au congrès de l’UMP le 14 janvier, est de revaloriser le travail pour en faire le moteur de la croissance. La première proposition de Nicolas Sarkozy est de mettre en place un bouclier fiscal à 50% pour que l’Etat «soit contraint de laisser à chacun au moins la moitié de ce qu’il a gagné». Il a aussi avancé l’idée d’exonérer d’impôts et de charges sociales les heures supplémentaires. Un moyen de donner l’opportunité à ceux qui travaillent plus de gagner plus. Nicolas Sarkozy a encore prévu de permettre de déduire des revenus imposables les intérêts d’un emprunt immobilier. Il s’agit de cette manière de faciliter l’accès de ceux qui ont peu de moyens à la propriété. Nicolas Sarkozy affirme, en effet, que la possession de son logement représente une garantie contre les «accidents de la vie». Le candidat de l’UMP veut aussi rassurer les Français sur l’avenir de leurs enfants en mettant en place «une franchise d’impôts» sur les successions.

Le message de Sarkozy est clair : il ne faut pas décourager ceux qui veulent travailler, il faut leur permettre de gagner de l’argent et d’en profiter. Une vision à l’opposé de celle de François Hollande. Le Premier secrétaire du Parti socialiste joue, quant à lui, à fond la logique de la redistribution. Il a, en effet, pris l’initiative il y a quelques jours de proposer une hausse des impôts pour les catégories supérieures qu’il a décrites, dans un premier temps, comme celles qui ont un revenu mensuel dépassant les 4 000 euros nets. Une suggestion qu’il a agrémentée d’un deuxième volet : mettre en place pour les retraites «une contribution de solidarité, calculée sur l’ensemble de la richesse produite et pas seulement sur le travail». Une sorte de CSG retraites (contribution sociale généralisée). Ce qui reviendrait à créer une taxe supplémentaire.

Hollande désavoué

Le moins que l’on puisse dire, c’est que François Hollande n’a pas fait un tabac. Il a évidemment été critiqué par la droite qui a ressorti l’argument traditionnel : Parti socialiste égal parti des impôts. Jean-François Copé, le ministre délégué au Budget, a attaqué la volonté d’augmenter les impôts pour «les classes moyennes» et a estimé qu’à 4 000 euros par mois, environ 1,2 million de personnes seraient concernées et non pas 200 000 comme l’avait affirmé François Hollande. François Bayrou, le candidat du parti centriste (UDF), s’en est mêlé lui aussi en déclarant que «4 000 euros mensuels, c’est deux salaires moyens».

Mais c’est surtout dans son camp que le Premier secrétaire a jeté un froid. Il est visiblement allé un peu vite en besogne. En tout cas, plus vite que ne l’aurait souhaité sa compagne et candidate, Ségolène Royal. Celle-ci a dû recadrer le débat sur la question des prélèvements obligatoires en déclarant qu’il n’y aurait pas «de fiscalité nouvelle qui décourage le travail». La candidate, qui n’a pas encore finalisé son programme, a d’ailleurs pris la décision de mandater Dominique Strauss-Kahn pour diriger une équipe de spécialistes chargée de réfléchir sur «l’utilisation des fonds publics et la réforme de la fiscalité». Un désaveu pour son compagnon ? A entendre Ségolène Royal, celui-ci a comme «tous les responsables politiques… la légitimité pour faire des propositions». Mais la décision, à n’en pas douter, c’est elle qui la prendra.

«A titre personnel»

François Hollande l’a bien compris puisqu’il a senti la nécessité de donner un nouvel éclairage de ses propos en présentant ses vœux à la presse, le 15 janvier. Il a expliqué que le seuil des 4 000 euros mensuels correspondait aux revenus d’un célibataire. Pour un couple sans enfant, ce serait donc 8 000 euros et un couple avec enfant, 12 000 euros. Et de préciser que cela concernerait 2% des contribuables. Mais François Hollande a surtout affirmé qu’il ne s’était exprimé qu’à «titre personnel» et que dans tous les cas, il reviendrait à Ségolène Royal «d’arbitrer».

Au détour de cet épisode, on peut se demander ce qu’il reste à François Hollande dans cette campagne menée par sa compagne ? Peut-être la mission de taper sur Nicolas Sarkozy puisque, pour le moment, Ségolène Royal s’y refuse. C’est d’ailleurs ce qu’il a fait après le discours d’investiture du candidat de l’UMP. Il a ironisé sur la nouvelle image que celui-ci tente de se donner et sur l’affirmation selon laquelle il a «changé». Le Premier secrétaire n’y croit pas et le dit. Pour lui, Nicolas Sarkozy reste un «candidat dangereux».

par Valérie  Gas

Article publié le 16/01/2007 Dernière mise à jour le 16/01/2007 à 17:08 TU