Guinée
La grève générale se poursuit
(Photo : AFP)
Le gouvernement de Conakry promet d'enquêter sur la répression exercée lundi sur les manifestants. Le bilan de cette journée est très lourd. On parle à présent de plus de 40 morts, pour la plupart tués par les forces de l’ordre qui ont tiré à balles réelles sur les manifestants. Le mouvement de grève générale en Guinée en est a son 14e jour. Les syndicalistes et les opposants réclament la démission du président Lansana Conté et la formation d’un nouveau gouvernement dirigé par un Premier ministre de consensus. Les dirigeants syndicaux se sont néanmoins déclarés prêts à dialoguer.
Ibrahima Fofana
Secrétaire général de l''Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG)
«Nous sommes pour le dialogue, mais nous sommes pour la vérité aussi.»
Selon des responsables de l’hôpital Donka, un des plus grands de la capitale, 25 personnes ont été tuées lundi et plusieurs dizaines blessées par balles dans plusieurs quartiers de la banlieue, notamment à Hamdalaye, Lambany, Enco et Matam. Cinq autres personnes ont été abattues en province. Selon des sources syndicales, plusieurs manifestants ont été tués lundi par les forces de l’ordre dans la région de Kankan, chef lieu de la Haute-Guinée à 500 kilomètres à l’est de Conakry. Le gouvernement guinéen, par la voix de son ministre de l'Intérieur, a présenté ses condoléances aux familles de victimes. Moussa Solano promet des enquêtes sérieuses sur les événements de lundi, journée la plus sanglante depuis le début de la grève.
La situation était calme mardi à Conakry. Le dispositif de sécurité était plus léger en banlieue, mais demeurait très important dans le centre de la capitale. Dans l’intérieur du pays, plusieurs milliers de personnes, dont beaucoup de femmes, ont manifesté contre le pouvoir à Dabola (centre) et à Kundara (nord-ouest), près de la frontière avec la Guinée-Bissau. Mais les forces de l’ordre ne sont pas intervenues.
Réactions internationales
Le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Alpha Oumar Konaré, a condamné mardi «la répression des manifestations» en Guinée. Le communiqué de l’UA souligne que le président de la Commission «demande aux autorités guinéennes et à toutes les parties prenantes de faire preuve de retenue. Il exhorte les autorités guinéennes à ouvrir sans délai une enquête indépendante pour situer les responsabilités et sanctionner les auteurs des violences que connaît la Guinée depuis plusieurs jours».
El Ghassine Wane
Chef de la division de la gestion des conflits de l'Union Africaine
«L'Union africaine condamne la répression des manifestations en Guinée.»
La Commission européenne a condamné «les violentes interventions des forces de l'ordre» en Guinée et a appelé à la modération. La Commission pourrait envisager le gel de fonds européens destinés aux programmes de développement de cet Etat africain.
Amadeu Altafaj Tardio
Porte-parole du commissaire européen au Développement, Louis Michel
«La Commission européenne est très inquiète par rapport à l'évolution de la situation politique et sociale en Guinée ces dernières semaines.»
Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, s’est déclaré «gravement préoccupé par l’usage excessif de la force qui a résulté en des pertes de vies humaines» et a appelé fermement le gouvernement guinéen à faire une enquête sur ces morts «dans le but de traduire en justice leurs responsables, même s’il s’agit de membres des forces de sécurité». La France s’associe à la demande d’enquête exprimée par le secrétaire général des Nations unies. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi, a souligné mardi que «la France condamne l’usage de la violence par les forces de l’ordre face à une population pacifique et regrette l’arrestation des responsables syndicaux, même si ceux-ci ont été depuis libérés».
par Rédaction Internet (avec AFP)
Article publié le 23/01/2007 Dernière mise à jour le 23/01/2007 à 19:36 TU