Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Guinée

La grève générale se poursuit

Une longue file de personnes restées sans nouvelles de proches s'est formée mardi devant la morgue de l'hôpital principal de Donka, près du centre de Conakry. 

		(Photo : AFP)
Une longue file de personnes restées sans nouvelles de proches s'est formée mardi devant la morgue de l'hôpital principal de Donka, près du centre de Conakry.
(Photo : AFP)
Le président Lansana Conté reçoit mardi soir les principaux dirigeants syndicaux guinéens, pour essayer de trouver une solution à la grave crise qui persiste depuis 14 jours. Les syndicalistes affirment que le mouvement va se poursuivre. Ils exigent toujours un changement de gouvernement. La situation était assez calme mardi. La répression des manifestations de lundi a provoqué au moins 30 morts et plus de 150 blessés, suscitant des réactions dans la communauté internationale.

Le gouvernement de Conakry  promet d'enquêter sur la répression exercée lundi sur les manifestants. Le bilan de cette journée est très lourd. On parle à présent de plus de 40 morts, pour la plupart tués par les forces de l’ordre qui ont tiré à balles réelles sur les manifestants. Le mouvement de grève générale en Guinée en est a son 14e jour. Les syndicalistes et les opposants réclament la démission du président Lansana Conté et la formation d’un nouveau gouvernement dirigé par un Premier ministre de consensus. Les dirigeants syndicaux se sont néanmoins déclarés prêts à dialoguer.

Ibrahima Fofana

Secrétaire général de l''Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG)

«Nous sommes pour le dialogue, mais nous sommes pour la vérité aussi.»

Le président Lansana Conté rencontre mardi soir une délégation de syndicalistes, qu’il avait déjà reçus la veille, après leur libération. Il a affirmé que l’ordre d’arrestation n’est pas venu de lui et il a même insulté «copieusement» le chef d’état-major des armées, le ministre de la Sécurité et le directeur de la police nationale, pour avoir arrêté les syndicalistes «sans son autorisation». Par ailleurs, les syndicalistes guinéens s’étonnent de la présence hier dans les rues de Conakry de soldats qui ne parlaient ni les langues locales, ni le français. Selon Rabiatou Serah Diallo, secrétaire générale de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG), des hommes parlant l’anglais et le portugais étaient postés dans certains points sensibles de la ville. Les autorités bissau-guinéennes, contactées par le service lusophone de RFI, démentent avoir envoyé des troupes à Conakry.

Selon des responsables de l’hôpital Donka, un des plus grands de la capitale, 25 personnes ont été tuées lundi et plusieurs dizaines blessées par balles dans plusieurs quartiers de la banlieue, notamment à Hamdalaye, Lambany, Enco et Matam. Cinq autres personnes ont été abattues en province. Selon des sources syndicales, plusieurs manifestants ont été tués lundi par les forces de l’ordre dans la région de Kankan, chef lieu de la Haute-Guinée à 500 kilomètres à l’est de Conakry. Le gouvernement guinéen, par la voix de son ministre de l'Intérieur, a présenté ses condoléances aux familles de victimes. Moussa Solano promet des enquêtes sérieuses sur les événements de lundi, journée la plus sanglante depuis le début de la grève.

La situation était calme mardi à Conakry. Le dispositif de sécurité était plus léger en banlieue, mais demeurait très important dans le centre de la capitale. Dans l’intérieur du pays, plusieurs milliers de personnes, dont beaucoup de femmes, ont manifesté contre le pouvoir à Dabola (centre) et à Kundara (nord-ouest), près de la frontière avec la Guinée-Bissau. Mais les forces de l’ordre ne sont pas intervenues.

Réactions internationales

Le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Alpha Oumar Konaré, a condamné mardi «la répression des manifestations» en Guinée. Le communiqué de l’UA souligne que le président de la Commission «demande aux autorités guinéennes et à toutes les parties prenantes de faire preuve de retenue. Il exhorte les autorités guinéennes à ouvrir sans délai une enquête indépendante pour situer les responsabilités et sanctionner les auteurs des violences que connaît la Guinée depuis plusieurs jours».

El Ghassine Wane

Chef de la division de la gestion des conflits de l'Union Africaine

«L'Union africaine condamne la répression des manifestations en Guinée.»

La Commission européenne a condamné «les violentes interventions des forces de l'ordre» en Guinée et a appelé à la modération. La Commission pourrait envisager le gel de fonds européens destinés aux programmes de développement de cet Etat africain.

Amadeu Altafaj Tardio

Porte-parole du commissaire européen au Développement, Louis Michel

«La Commission européenne est très inquiète par rapport à l'évolution de la situation politique et sociale en Guinée ces dernières semaines.»

Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, s’est déclaré «gravement préoccupé par l’usage excessif de la force qui a résulté en des pertes de vies humaines» et a appelé fermement le gouvernement guinéen à faire une enquête sur ces morts «dans le but de traduire en justice leurs responsables, même s’il s’agit de membres des forces de sécurité».  La France s’associe à la demande d’enquête exprimée par le secrétaire général des Nations unies. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi, a souligné mardi que «la France condamne l’usage de la violence par les forces de l’ordre face à une population pacifique et regrette l’arrestation des responsables syndicaux, même si ceux-ci ont été depuis libérés».



par Rédaction Internet  (avec AFP)

Article publié le 23/01/2007 Dernière mise à jour le 23/01/2007 à 19:36 TU