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Etats-Unis/Iran

Bush de plus en plus menaçant

C'est la première fois depuis l'invasion américaine de l'Irak, en 2003, que les Etats-Unis alignent deux porte-avions dans le golfe Persique. 

		(Photo : AFP)
C'est la première fois depuis l'invasion américaine de l'Irak, en 2003, que les Etats-Unis alignent deux porte-avions dans le golfe Persique.
(Photo : AFP)
George W. Bush a décidé de faire monter d’un cran la pression qu’il exerce sur l’Iran. Alors que depuis le Forum économique de Davos, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Mohamed el-Baradei, proposait d’observer une «pause» dans la crise nucléaire avec l’Iran, Washington, suivi par les Occidentaux, s’en tenait au maintien des sanctions, faute de signes tangibles de la volonté de Téhéran de suspendre ses activités nucléaires.

La tentative de Mohamed el-Baradei aura fait long feu. Le patron de l’AIEA a bien essayé, en vain, de freiner la surenchère entre le président George W. Bush et son homologue iranien, Mahmoud Ahmadinejad. A l’occasion du Forum économique de Davos, Mohamed el-Baradei avait jugé insensé de poursuivre l’escalade dans la crise opposant l’Iran aux pays occidentaux sur le dossier nucléaire. Le directeur général de l'AIEA avait alors lancé la proposition aux deux camps, de «faire une pause», le temps que puisse se renouer un dialogue. Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, se sont montrés sceptiques à propos de cet appel. Pour le moment, seuls les Russes, alliés et partenaires commerciaux de l’Iran, se sont dits optimistes face à cette initiative. Quant à Téhéran, il s’est borné, pour le moment, à dire qu’il aurait besoin de temps pour étudier la suggestion de Mohamed el-Baradei.

Isolement iranien

Mais du temps, c’est peut-être justement, ce qui risque de manquer le plus aux Iraniens. Soumis aux sanctions économiques, suite au vote par le Conseil de sécurité de l’Onu, de la résolution 1737, le 23 décembre dernier, Téhéran en subit déjà les effets. Les sanctions visant à isoler commercialement l’Iran ne sont pas encore totalement appliquées au grand dam des Américains qui reprochent notamment aux Européens de tarder à les mettre en œuvre. Mais malgré ces retards, certains responsables iraniens reconnaissent que les sanctions ont d’ores et déjà un impact sur leur économie.

Mais la résolution 1737 prévoit aussi une suspension, voire une levée des sanctions, si jamais l’Iran en respecte les termes, à savoir l’arrêt de ses activités nucléaires. La résolution accorde un délai de deux mois, c’est-à-dire jusqu’au 23 février, pour que Téhéran s’y conforme. Normalement, c’est l’AIEA qui est chargée de le vérifier sur place. Mais le refus récent des Iraniens de laisser entrer 38 inspecteurs de l’AIEA n’augure rien de bon, selon un diplomate européen, interrogé par l’AFP.

Le recours à la force, loin d'être écarté

Cela semble aussi l’interprétation des Américains, qui, loin de baisser la garde, attaquent tous azimuts la moindre velléité iranienne. Ainsi, George Bush a averti «que si l’Iran intensifiait son action militaire en Irak, aux dépens de nos soldats ou d’innocents irakiens, nous réagirons fermement». Bien décidé à contrer les agissements des Iraniens en Irak, le président américain a menacé : «Nous ferons ce qu’il faut pour protéger nos soldats» ajoutant toutefois, «qu’il n’avait aucune intention d’aller en Iran». De leur côté, les Iraniens accusent le coup des sanctions prises contre leur pays et se rappellent amèrement les promesses du candidat président Mahmoud Ahmadinejad, qui, au lendemain de son élection en 2005, assurait au peuple iranien un confort et un niveau de vie inégalés depuis la révolution islamique de 1979.

Bien que la voie diplomatique reste officiellement privilégiée, l’ombre d’un éventuel recours à la force est bien présente. Ainsi, les Américains ont-ils dépêché cette fin de semaine, un deuxième porte-avions dans les eaux du golfe arabo-persique. Le message est clair : pour le vice-président Dick Cheney, en faisant ce geste, «les Etats-Unis signifient à la région tout entière, qu’ils ont l’intention de s’y maintenir et de coopérer avec leurs alliés, pour faire face à la menace iranienne». C'est la première fois depuis l'invasion américaine de l'Irak, en 2003, que les Etats-Unis alignent deux porte-avions dans le Golfe.

Décidément, les Etats-Unis, ne laissent rien passer. Les groupes pétroliers anglo-néerlandais, Royal Dutch Shell et espagnol, Repsol, en ont fait les frais, lundi. Sur le point de réaliser un investissement gazier de quelque 10 milliards de dollars dans le sud de l’Iran, ils ont été avertis par les Américains, qu’un tel projet violerait les lois américaines. La législation américaine interdit, en effet, aux sociétés faisant des affaires aux Etats-Unis, qu’elles soient étrangères ou non, tout investissement supérieur à 20 millions de dollars dans le secteur iranien des hydrocarbures…

Encore une fois, le président américain a pointé l’Iran, mais aussi la Syrie et l’organisation chiite Hezbollah. Il les «accuse de déstabiliser le Liban en cherchant à faire tomber le gouvernement libanais, démocratiquement élu. Les responsables du chaos doivent rendre des comptes», a-t-il encore ajouté.

par Claire  Arsenault

Article publié le 30/01/2007 Dernière mise à jour le 30/01/2007 à 16:36 TU