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Présidentielle 2007

Tous écolos !

Nicolas Hulot lors de la réunion avec les principaux candidats à la présidentielle qui ont confirmé leurs engagements écologiques. 

		(Photo : AFP)
Nicolas Hulot lors de la réunion avec les principaux candidats à la présidentielle qui ont confirmé leurs engagements écologiques.
(Photo : AFP)
Dix candidats à l’élection présidentielle ont répondu à l’invitation de Nicolas Hulot et sont venus, au musée du Quai Branly, exposer leur vision de la politique environnementale devant un public de militants avertis, mais aussi devant toute la presse nationale. Ils ont accepté de passer ce grand oral sur le thème du développement durable de bonne grâce, parfois même avec conviction. Et surtout, ils ont signé le document où étaient récapitulées les 5 propositions phares du Pacte écologique. Une manière de s’engager un peu plus à respecter leurs promesses de mettre la problématique environnementale au cœur de la politique gouvernementale, s’ils sont élus.

«Un peu», «passionnément», mais jamais «pas du tout» écolos. Le diagnostic des scientifiques qui alertent sur les dangers du réchauffement climatique et de l’épuisement des ressources naturelles non renouvelables est aujourd’hui incontesté. Les dix candidats signataires du Pacte écologique défendu par Nicolas Hulot l’ont tous repris à leur compte. Il y avait par ordre d’entrée en scène au musée du Quai Branly : Ségolène Royal, Antoine Waechter, France Gamerre, Jean-Marc Governatori, François Bayrou, Corinne Lepage, Marie-George Buffet, Nicolas Dupont-Aignan, Dominique Voynet, Nicolas Sarkozy.

Des gros et des petits de la campagne présidentielle, certains de droite, d’autres de gauche, et tous se disant convaincus qu’il n’est plus question aujourd’hui de «confort» mais de «survie». Car l’augmentation prévue de la température de 5 degrés dans le siècle qui vient, soit autant qu’entre l’ère glaciaire et aujourd’hui, a de quoi inquiéter. Un tel réchauffement climatique aurait des conséquences dans tous les domaines : économique, social, politique. Des terres seraient immergées, des migrations massives auraient lieu, la production alimentaire serait insuffisante… Tout cela sans évoquer la question des pénuries énergétiques qui nous guettent : d’après les chiffres les répandus, les réserves de pétroles seraient épuisées d’ici 30 ans, celles de gaz d’ici 100 ans.

La France en exemple

Bien sûr, chacun des candidats a développé son programme écologique avec sa fibre politique. Ségolène Royal a appliqué sa théorie de «l’ordre juste» à l’écologie en expliquant qu’il s’agissait de se donner les moyens de respecter le développement de la planète. Elle s’est engagée à faire de la France le pays de «l’excellence environnementale». Un point sur lequel elle rejoint son principal adversaire Nicolas Sarkozy qui a estimé : «La France compte même si la réponse est mondiale. La France doit être exemplaire». François Bayrou a pris le problème par l’autre bout en mettant en garde contre un discours convenu qui vendrait aux Français la nécessité de faire des efforts sans leur expliquer que «si la France demeure isolée, elle sera impuissante». Ce qui signifie, selon lui, qu’elle doit mener une campagne de sensibilisation pour convaincre la communauté  internationale d’adopter «un agenda sur le problème climatique».

Pour un certain nombre des candidats présents, la politique de développement durable doit trouver un débouché européen. Par exemple en ce qui concerne la recherche de «l’énergie du futur» qui pourrait devenir, selon Nicolas Sarkozy, «la nouvelle frontière de l’Europe». Le candidat de l’UMP va même plus loin en affirmant que le développement durable est «une éthique qui peut refonder l’engagement européen». Antoine Waechter a lui estimé que pour répondre aux enjeux écologiques, «la construction politique de l’Europe» devait être relancée. Et François Bayrou a invité à bâtir «une action politique européenne».

Mais qui dit Europe, dit politique agricole commune (PAC). Le Pacte écologique demande sur ce point une réorientation des subventions vers une agriculture de qualité et moins polluante. Nicolas Sarkozy n’a pas évoqué ce point dans son allocution. Contrairement à Ségolène Royal. La candidate socialiste a prôné une «réforme anticipée de la PAC». François Bayrou a simplement affirmé qu’il adhérait à l’objectif défini dans le pacte. Corinne Lepage aussi. Nicolas Dupont-Aignan a jugé que continuer une «politique qui avait fait passer les paysans du productivisme à l’assistanat» était une «folie».

On peut citer pêle-mêle quelques propositions des candidats pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, l’épuisement des ressources naturelles et la pollution de l’environnement : réduire la consommation d’énergie, la dépendance au pétrole, préserver la biodiversité, réduire l’usage des pesticides, développer les transports les moins polluants (ferroutage, transport fluvial), limiter la construction des autoroutes, le trafic aérien, éviter l’extension des zones d’habitats… Pour y parvenir, ils semblent globalement tous convaincus du bien-fondé de la mise en place d’une taxe carbone afin de provoquer par l’incitation fiscale une réduction par quatre des émissions. Mais dans l’ensemble les candidats insistent aussi sur la nécessité conjointe d’informer et d’éduquer sur les questions environnementales. Car des mesures telles que celle-ci représentent une charge financière supplémentaire et un sacrifice individuel difficiles à accepter. Dominique Voynet en est consciente : «Le changement sera difficile, douloureux. Il faudra de la ténacité».

Convaincre

Même si il est aujourd’hui admis qu’en matière d’environnement «l’inaction» sera «plus chère que l’action», selon les mots de Nicolas Sarkozy, il faut en convaincre la population. C’est pour que le changement soit efficace mais aussi harmonieux que Nicolas Hulot recommande la création d’un poste de vice-Premier ministre chargé du développement durable. Certains candidats préfèrent l’idée d’un ministre d’Etat, comme Nicolas Sarkozy, Marie-George Buffet, ou France Gamerre. Mais la création d’un super ministère chargé d’une gestion à la fois transversale et à long terme de la politique de développement durable est désormais acceptée.

Alors sincères ou pas, les dix candidats ? C’est Nicolas Hulot qui a répondu à cette question fondamentale. Il a déclaré qu’en renonçant à se présenter, il avait fait le choix «de la confiance». Un brin sentimental, le défenseur de la nature a expliqué qu’il ne pouvait pas imaginer que les candidats renoncent à respecter leurs engagements. Car cela reviendrait «à trahir ses propres enfants », ajoutant : « On ne ment pas à ses enfants». Et comme s’il s’agissait d’une incitation, il a affirmé que l’enjeu environnemental allait permettre «de passer de la société de l’avoir, à la société de l’être».

Ségolène Royal (Parti socialiste), Antoine Waechter (Mouvement écologiste indépendant), France Gamerre (Génération écologie), Jean-Marc Governatori (La France en action), François Bayrou (Union pour la démocratie française), Corinne Lepage (Cap 21), Marie-George Buffet (Parti communiste français), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République !), Dominique Voynet (Les Verts), Nicolas Sarkozy (Union pour un mouvement populaire)

 

Le pacte écologique de Nicolas Hulot



par Valérie  Gas

Article publié le 31/01/2007 Dernière mise à jour le 31/01/2007 à 17:07 TU