Irak
Un vice-ministre arrêté
(Photo : AFP)
Le ministère de la Santé irakien a été envahi brutalement jeudi matin par des soldats irakiens et américains qui se sont emparés du vice-ministre, Hakem al-Zameli. Les militaires ont pénétré de force dans le bâtiment, situé dans le centre-nord de Bagdad. Ils ont neutralisé les gardes et les ont forcés à s’allonger par terre pendant qu’ils envahissaient les bureaux en défonçant les portes. «Les employés ont été terrorisés, a relaté à l’AFP le porte-parole du ministère, Kassem al-Allaoui, la plupart d’entre eux se sont enfuis dans la rue. On ignore les raisons de cette interpellation qui ne s’est pas faite selon les procédures légales a-t-il regretté, et on ne sait pas où le vice-ministre a été emmené».
De lourdes accusations
L’incertitude a été rapidement levée par l’armée américaine qui a annoncé «qu’une unité spéciale de l’armée irakienne avait arrêté un haut fonctionnaire du ministère de la Santé, accusé de corruption et d’avoir infiltré le ministère pour le compte de l’Armée du Mahdi». Les Américains ont également accusé Hakem al-Zameli d’être «impliqué dans l’assassinat de plusieurs fonctionnaires du ministère, dont son directeur général pour la province de Diyala», au nord-est de Bagdad.
Hakem al-Zameli est un membre influent du groupe politique de l’imam radical chiite Moktada Sadr. Ce courant détient six ministères dans le gouvernement de Nouri al-Maliki, parmi lesquels la Santé et les Transports. Le vice-ministre de la Santé avait échappé en novembre dernier à un attentat à Bagdad dans lequel deux de ses gardes du corps avaient été tués. Un autre vice-ministre de la Santé a lui aussi été enlevé en novembre 2006 lors d’une attaque spectaculaire, et on est, depuis, sans nouvelles de lui.
Il faudra être patient
La veille de l’arrestation du vice-ministre Hakem al-Zameli, l’armée américaine avait annoncé le démarrage du plan de sécurité irako-américain, destiné à pacifier Bagdad. Ce plan, attendu depuis plusieurs semaines, prévoit notamment le déploiement de 85 000 hommes, 50 000 soldats et policiers et 35 000 GI’s, dans les rues de la capitale. Le président George W. Bush avait promis, en janvier dernier, dans le cadre de la mise en œuvre du plan, le renfort de 17 500 militaires. Ceux-ci arrivent au compte-goutte et les derniers soldats ne devraient pas être à Bagdad avant avril. Le plan de pacification a pour objectif de mettre fin aux violences à caractère confessionnel qui ont fait 17 000 morts dans la capitale en 2006, selon les Nations unies. Son commandement a été confié au général irakien Abboud Kanbar, mais précisent les Américains, l’armée américaine ne recevra pas d’ordre de sa part.
Les premiers signes de lancement du plan étaient déjà visibles mercredi à Bagdad. Des soldats ont opéré des fouilles, maison par maison, saisi d’importants stocks d’armes et procédé à de nombreuses arrestations. Le raid mené au ministère de la Santé, ce jeudi, fait partie du plan mis en route mercredi. Par ailleurs, plusieurs centaines de fidèles de Sadr ont été arrêtés ces dernières semaines à Bagdad et dans le sud de l'Irak, dans le cadre d'une offensive contre les milices, que Washington accuse d’exactions dans la lutte opposant chiites et sunnites.
Le général William Caldwell, porte-parole du corps expéditionnaire américain, a averti que la montée en puissance du plan de pacification allait prendre du temps. «Il est important de reconnaître que cela ne bouleversera pas la situation d’un jour à l’autre en matière de sécurité. Il faudra un certain temps pour que les renforts irakiens et américains soient déployés. Les gens doivent être patients», a-t-il averti. Selon les forces de sécurité, la violence à Bagdad était mercredi, largement en dessous de la moyenne. Elles attribuent cette baisse au déploiement du plan de sécurité. «Cela est encourageant, a concédé un porte-parole de l’armée américaine en appelant toutefois à la prudence». Les violences semblent s’être déplacées dans les régions chiites du sud. Une voiture piégée a explosé sur le marché d’al-Aziziyah, une localité chiite jusque-là épargnée, tuant 17 personnes et en blessant 27 autres.par Claire Arsenault
Article publié le 08/02/2007 Dernière mise à jour le 08/02/2007 à 15:12 TU