Présidentielle 2007
Des programmes à coût élevé ?
(Photo : AFP)
Proposer d’accord, financer comment ? Au Parti socialiste, on n’a pas du tout apprécié les critiques venues de toutes parts, et notamment de l’UMP (Union pour un mouvement populaire), sur l’absence de chiffrage du projet présenté le 11 février par Ségolène Royal et son coût vraisemblablement très important. Le ministre de l’Economie Thierry Breton a, en effet, jugé les propositions de la candidate socialiste «peu réalistes». Un peu facile que de polémiquer sur ce thème, à en croire Julien Dray, le porte-parole du PS : «Nous n’avons pas de compte à rendre à la droite, ni de leçons à recevoir de ces gens-là». Et de demander ensuite, histoire de recadrer le débat : «Comment Nicolas Sarkozy finance 68 milliards de baisse des prélèvements obligatoires ?» Un montant qui correspond à la proposition du candidat UMP de réduire de 4 points de PIB (produit intérieur brut), en dix ans, le taux des prélèvements obligatoires.
Tout l’art du candidat expérimenté est là : trouver comment déshabiller Paul pour habiller Pierre. Car les recettes ne sont pas extensibles à l’infini, surtout lorsque la dette publique représente un fardeau budgétaire énorme. Le remboursement des intérêts coûte à lui seul 100 millions d’euros par jour, ce qui représente la deuxième dépense du budget national. Nicolas Sarkozy a donné quelques pistes sur la manière dont il entendait financer ses propositions. Il propose, par exemple, de dégager les ressources nécessaires à l’augmentation des petites retraites en supprimant les régimes spéciaux dont bénéficient certaines catégories de salariés du public, dont le coût est élevé. Il a aussi annoncé sa volonté de réduire les dépenses de l’Etat en diminuant le nombre de fonctionnaires. Il envisage ainsi de ne pas remplacer un agent qui part en retraite sur deux. Il préconise encore le redéploiement de certains budgets, par exemple celui dédié à la formation professionnelle (23 milliards d’euros), vers d’autres mesures.
Redéployer, dépenser
Le redéploiement est aussi prôné comme méthode par Ségolène Royal. Selon Eric Besson, le secrétaire national du Parti socialiste chargé des questions économiques, les budgets de l’apprentissage et de la formation professionnelle pourraient être ainsi réaffectés, par exemple, pour permettre de financer les 5% de hausse des petites retraites que la candidate désire mettre en œuvre dès 2007. Le projet socialiste prévoyait, par ailleurs, de revenir sur les baisses d’impôts consenties par la droite. Ce qui permettrait de dégager des recettes nouvelles (une cagnotte de l’ordre de 60 milliards d’euros). Là où le bât blesse, c’est que Ségolène Royal a aussi promis de réaliser son programme sans augmenter les prélèvements obligatoires, donc sans prélever plus d’impôts et de taxes. Difficile de savoir alors comment elle financera de nombreuses mesures très gourmandes : Smic à 1 500 euros, création de 500 000 emplois tremplins pour les jeunes, doublement de l’allocation de rentrée scolaire…
Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy partent aussi tous les deux d’un postulat : une croissance forte (2,5%) qui permettrait de dégager des recettes supplémentaires (TVA, CSG par exemple). Ce qui forcément incite à se demander ce qu’il adviendrait dans le cas où ladite croissance ne tiendrait pas ses promesses. Le pari de Ségolène Royal est d’obtenir la relance de la consommation, donc de la croissance, grâce à une augmentation du niveau de vie des ménages par le biais de l’augmentation du Smic ou des retraites. Des mesures, cependant, qui nécessiteront un financement préalable de l’Etat. Dans le cas de Nicolas Sarkozy, la démarche est un peu différente. Il part du principe que la croissance sera dynamisée par l’augmentation du temps de travail. C’est pour cela qu’il veut mettre en place des mesures fiscales incitatives sur les heures supplémentaires. S’il ne s’agit pas là de dépenser plus, il faudra tout de même que l’Etat perde d’un côté en espérant gagner de l’autre.
De l’avis des analystes, les programmes des deux principaux candidats coûteront à peu près la même chose, au moins aux alentours de 35 milliards d’euros. Certains parlent même de 50 milliards. Une chose paraît donc certaine, comme l’affirme la Bank of America qui a réalisé des analyses sur ce thème : ces programmes ne pourront pas être mis en œuvre avec des budgets équilibrés.
par Valérie Gas
Article publié le 13/02/2007 Dernière mise à jour le 13/02/2007 à 14:26 TU