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Présidentielle 2007

Royal attaque

A l’occasion de son premier grand meeting parisien, Ségolène Royal a vivement critiqué Nicolas Sarkozy. 

		(Photo : AFP)
A l’occasion de son premier grand meeting parisien, Ségolène Royal a vivement critiqué Nicolas Sarkozy.
(Photo : AFP)
A l’occasion de son premier grand meeting parisien, Ségolène Royal a essayé de reprendre l’initiative dans la campagne présidentielle. Face à une salle comble et enthousiaste, la candidate socialiste a critiqué sans ménagement Nicolas Sarkozy, le candidat de la droite «des privilèges». Elle a repris à son compte la défense de l’héritage et des valeurs de gauche. A quelques jours de l’annonce de son programme, on sent que la phase d’écoute initiale de sa campagne est proche du terme et qu’elle a décidé de débuter l’étape du combat. Un virage que de nombreux dirigeants socialistes souhaitaient et qu’ils sont venus soutenir.

Elle avait commencé à Grenoble devant les jeunes, elle a continué à Paris devant tout le monde. Ségolène Royal a tapé sur Nicolas Sarkozy. Et cela semble réjouir l’ensemble des socialistes. Les militants d’abord. Ils étaient plus de 5 000 à la Halle Carpentier dans le XIIIe arrondissement de Paris, et ils ont beaucoup applaudi leur candidate. Les «éléphants» ensuite. Plusieurs d’entre eux étaient venus écouter Ségolène Royal. Il y avait d’abord Dominique Strauss-Kahn, ex-concurrent à l’investiture socialiste, dont la présence participait à montrer que le temps des rivalités internes était terminé. L’absence de Laurent Fabius ne signifiait pas pour autant que des rancunes persistaient avec l’autre candidat à la candidature malheureux. Celui-ci avait rencontré dans la matinée Ségolène Royal et engagement avait été pris entre eux de faire meeting commun en Seine-maritime, le 24 février prochain. Lionel Jospin n’était pas là non plus. Mais il avait envoyé l’un de ses fidèles, l’ancien ministre de l’Intérieur, Daniel Vaillant. Et puis, il y avait Jean-Marc Ayrault, Jean-Pierre Bel, Elisabeth Guigou, Bernard Kouchner, Christiane Taubira… et Bertrand Delanoë.

C’est d’ailleurs le maire de Paris qui, en tant qu’hôte de la réunion, a ouvert le bal. Il a donné le ton très rapidement. Bertrand Delanoë s’en est pris à Nicolas Sarkozy et lui a notamment demandé de «rendre des comptes» sur son action au gouvernement. Ségolène Royal a embrayé et a eu des mots très durs pour critiquer son adversaire de l’UMP, sans toutefois citer son nom. Elle a comparé son discours avec celui de «la droite américaine du temps de la guerre du Vietnam et de la dictature brésilienne». Elle l’a accusé de défendre «les intérêts d’un tout petit monde qui ne pense qu’à lui», de représenter «une droite dure, agressive… arrogante». Elle a ironisé sur les «mises en scène berlusconiennes» des meetings de Nicolas Sarkozy, faisant référence à l’organisation du congrès d’investiture du candidat de l’UMP, le 14 janvier dernier. Elle a, par ailleurs, dénoncé «la calomnie et les coups bas» de la droite.

«Je suis toujours là»

Ségolène Royal a, sans complexe, essayé de réactiver le clivage droite-gauche, l’opposition entre «le peuple» et «les possédants», pour mieux dénier à Nicolas Sarkozy le droit de faire référence à des personnalités historiques, comme Jeanne d’Arc et Guy Môquet, dont elle juge qu’elles ont mené des combats bien loin de ceux du candidat de l’UMP. Ségolène Royal s’est réapproprié un héritage dont Nicolas Sarkozy avait tenté de s’emparer au fil de ses discours de ces dernières semaines.

La candidate socialiste a aussi répondu à ceux qui analysent sa chute récente dans les sondages comme le signe de son déclin annoncé. Elle a lancé à la salle conquise : «Ceux d’en face, à droite et dans leurs relais dociles dans les médias, m’avaient déjà congédié». Et elle a ajouté sur le ton du défi : «Je suis toujours là et bien là».

Ségolène Royal n’a pas changé son calendrier. Elle n’a pas cédé à la pression de ceux qui, dans son camp, la poussaient à abréger la phase des débats participatifs. Elle continue à revendiquer la pertinence de sa méthode et à affirmer qu’elle finira pas porter ses fruits. La date du 11 février, à laquelle elle doit faire le bilan des propositions recueillies dans les débats avec les citoyens et donner les grandes lignes de son programme, est présentée par son équipe comme le véritable tournant de sa campagne. Mais elle semble tout de même avoir entendu les appels à engager sans attendre une phase plus musclée, plus politique.

Contrer Sarkozy

Même si Ségolène Royal a pris soin d’affirmer qu’elle n’accordait pas plus d’importance que cela aux résultats des sondages, il semble probable qu’ils ont participé à la convaincre d’infléchir son discours, à défaut de sa stratégie globale. Après avoir été, durant des mois, libre de mener sa campagne comme bon lui semblait, obligeant souvent ses adversaires à se positionner par rapport à elle, la candidate socialiste est contrainte aujourd’hui de suivre l’impulsion donnée par Nicolas Sarkozy. Son rival de l’UMP fait feu de tous bois depuis son entrée officielle en campagne mi-janvier. Et cela lui réussit plutôt bien puisque les enquêtes d’opinion ont indiqué une progression des intentions de vote en sa faveur. Ségolène Royal doit aussi prendre garde à ne pas laisser trop de champ à François Bayrou car le candidat du parti centriste mène une campagne efficace et fait figure de rival potentiel. A Paris, elle a au moins montré qu’elle n’avait pas l’intention de céder du terrain sans résister.



par Valérie  Gas

Article publié le 07/02/2007 Dernière mise à jour le 07/02/2007 à 15:57 TU