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Présidentielle 2007

Mauvaise passe pour Ségolène Royal

Ségolène Royal martèle son message sur la démocratie participative lors d'un meeting à Toulon. 

		(Photo : AFP)
Ségolène Royal martèle son message sur la démocratie participative lors d'un meeting à Toulon.
(Photo : AFP)
Depuis que Nicolas Sarkozy est devenu officiellement le candidat de l’UMP, rien ne va plus pour Ségolène Royal. Les sondages montrent un fléchissement de sa popularité. Certains cadres du Parti socialiste s’interrogent sur sa manière de mener une campagne «participative». Et la diffusion d’informations sur ses revenus et son assujettissement à l’impôt sur la fortune (ISF) a provoqué une polémique. Face aux critiques, elle a contre-attaqué en affirmant, lors de son premier meeting à Toulon, qu’elle gardait «le cap».

Ségolène Royal va avoir besoin de toute sa «bravitude». Car décidément elle traverse une zone de turbulences. Dernier épisode en date, la langue de l’un de ses porte-parole, Arnaud Montebourg, a fourché. Répondant sur la chaîne de télévision Canal +  à une question sur le principal défaut de la candidate socialiste, celui-ci a déclaré sans se démonter : «son compagnon». A savoir le Premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande.

Arnaud Montebourg a, certes, réussi à déclencher une hilarité immédiate et générale sur le plateau grâce à ces quelques mots pour le moins inattendus. Mais cette pointe d’humour mal placé n’a pas été du goût de tout le monde au PS. D’autant qu’elle est arrivée après le cafouillage entre la candidate et son conjoint à propos de la hausse des impôts proposée par ce dernier sans l’aval de la première. Ce désaccord public avait insinué le doute sur la capacité de Ségolène Royal et François Hollande à travailler de concert, et plus largement sur la collaboration entre l’équipe de campagne et l’état-major du PS. Et comme si cela ne suffisait pas, la candidate a dû faire face à des accusations de fraude fiscale, immédiatement démenties, mais qui l’ont obligée à dévoiler son patrimoine et à dire qu’elle payait l’impôt sur la fortune.

«Suspendu»

Dans un contexte aussi troublé, Arnaud Montebourg a eu beau expliquer que ses propos sur François Hollande relevaient de la boutade et qu’ils avaient mal été interprétés, cela n’a pas suffi. Du coup, le porte-parole a présenté ses excuses au couple Royal-Hollande, et, dans la foulée, a remis sa démission. Ségolène Royal ne l’a, semble-t-il, pas acceptée puisqu’elle a fait savoir qu’Arnaud Montebourg serait simplement «suspendu» de ses fonctions pendant un mois. Une sanction qui laisse perplexe et risque de ne pas atténuer les doutes émis en interne sur la gestion de la campagne.

Depuis quelques jours, en effet, la méthode Royal est mise en cause à l'intérieur du Parti socialiste. La dernière réunion du bureau national, en début de semaine, a donné l’occasion à certains cadres de faire part de leurs interrogations. Cette réunion, censée se tenir à huis clos, a été enregistrée grâce à un participant qui a laissé son téléphone ouvert après avoir appelé la rédaction du quotidien Le Monde. On a donc appris que le député européen, Vincent Peillon, avait le «sentiment d’un trou d’air». Le député-maire d’Evry, Manuel Valls, a quant à lui déclaré «sentir un flottement». La campagne participative de Ségolène Royal laisse certains dirigeants du PS dubitatifs. Et face à l’offensive de Nicolas Sarkozy, qui a décliné ses thématiques et ses propositions à l’occasion de son discours d’investiture, ils sont un certain nombre à penser qu’il est nécessaire d’entrer dans le vif du sujet pour ne pas laisser le champ libre au candidat du l’UMP.

Tenir

Les derniers sondages ont certainement participé à alimenter les critiques. Ils indiquent, en effet, une pause dans la dynamique en faveur de Ségolène Royal. Selon une enquête de l’institut CSA sur les intentions de vote des Français, publiée le 18 janvier par Le Parisien-Aujourd’hui en France, la candidate socialiste est en chute de 3 points et serait devancée par Nicolas Sarkozy au deuxième tour de l’élection présidentielle (48%-52%). Un autre sondage BVA-Orange confirme la tendance et montre que le potentiel de vote en faveur de Ségolène Royal est en chute de dix points par rapport au mois de novembre. Alors que celui de Nicolas Sarkozy résiste mieux puisqu’il ne baisse que de 2 points (56% contre 58%).

Les critiques et les mauvais résultats des sondages n’ont pas convaincu Ségolène Royal de changer sa stratégie ou son calendrier, qui prévoit, avant l’élaboration d’un programme, vers la mi-février 2007, la poursuite de la « phase d’écoute» des citoyens. Elle l’a affirmé sous forme d’incantation, lors du bureau national du PS, en assénant à ses interlocuteurs : «Il faut tenir !» Elle l’a confirmé, lors de son meeting à Toulon, où elle a déclaré devant un millier de militants : «J’entends dire qu’il y aurait un trou d’air dans notre campagne. Je vois ce soir un souffle d’air extraordinaire qui va nous porter vers la victoire». Elle a revendiqué d’avoir mis au point une nouvelle méthode politique qu’elle a qualifié de «révolution démocratique qui rend à chaque citoyen ce qui lui est dû».

«La rupture, c’est la gauche»

Au-delà de son message aux socialistes sceptiques, la candidate a aussi profité de cette occasion pour se positionner face à Nicolas Sarkozy. Ségolène Royal a ainsi tiré la couverture à elle sur le thème de la «rupture», en affirmant : «La rupture, c’est la gauche qui l’incarne, le changement profond, c’est la gauche qui l’incarne». Elle a rangé, sans le nommer, Nicolas Sarkozy dans le camp de la «continuité» et l’a placé face à son bilan de ministre en exercice en déclarant : «On ne promet pas pour demain ce que l’on n’est pas capable de faire aujourd’hui».

Ségolène Royal a aussi développé un argumentaire historique en écho au discours de Nicolas Sarkozy au congrès de l’UMP, le 14 janvier, dans lequel il avait salué des Français illustres, parmi lesquels des hommes de gauche (Jaurès, Blum). Elle a ainsi cité Rimbaud, Gambetta, Mitterrand. Une manière de ne pas laisser le monopole des références au candidat de l’UMP. Mais elle a surtout attaqué son adversaire sur le thème du travail, qui risque d’être l’un des sujets phares de la campagne électorale. Elle a affirmé qu’il fallait «redonner au travail toute sa valeur» et que pour y parvenir, il ne suffisait pas «d’offrir toujours plus d’heures supplémentaires et toujours plus de flexibilité». Après les couacs, la contre-offensive ?

par Valérie  Gas

Article publié le 18/01/2007 Dernière mise à jour le 18/01/2007 à 16:33 TU