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France-Chine

Une candidate à Pékin

Ségolène Royal suite... Aujourd'hui devant la grande muraille de Chine. 

		(Photo : AFP)
Ségolène Royal suite... Aujourd'hui devant la grande muraille de Chine.
(Photo : AFP)
Ségolène Royal a choisi d’effectuer en Chine son deuxième voyage de candidate à la présidentielle. Elle a entamé, le 6 janvier, une visite de quatre jours à Pékin à l’invitation du Parti communiste chinois. Son programme, assez flou jusqu’à son arrivée dans le pays, s’est précisé. Elle devrait rencontrer plusieurs ministres (Environnement, Commerce), le vice-président, Zen Qinghong, mais vraisemblablement pas le président Hu Jintao.

D’abord un peu de tourisme et quelques souvenirs. Ségolène Royal a débuté sa visite en Chine par la Grande Muraille. Sous un soleil radieux, dans le vent et emmitouflée dans une étole blanche, elle a suivi les traces de François Mitterrand il y a 25 ans. L’ancien chef de l’Etat socialiste avait, en effet, lui aussi réalisé le même périple avant l’élection présidentielle de 1981, à l’occasion de laquelle il avait été élu président de la République. Une similitude qui n’a pas échappé à la candidate socialiste. Interrogée sur ce point, elle a en effet répondu : «C’est un signe positif. On verra. Je ne sais pas si l’histoire se répète mais c’est un beau symbole». Durant sa première journée sur place, Ségolène Royal a aussi visité les infrastructures en construction pour les prochains Jeux olympiques. Elle devrait par la suite se rendre dans la Cité interdite, un autre haut lieu touristique chinois.

Après le Proche-Orient, ce n’est pas un hasard si Ségolène Royal a choisi la Chine, un Etat qui pèse de plus en plus lourd sur le plan économique et diplomatique, comme destination pour peaufiner son image de candidate à stature internationale. Elle a expliqué avant son départ dans quelle optique elle appréhendait ce voyage dans un pays à forte croissance, souvent considéré comme un concurrent dangereux, voire déloyal : «Il ne faut pas avoir peur d’une Chine qui se développe, si ses problèmes sont reconnus et maîtrisés. Il faut plus craindre un continent qui ne se développe pas, comme l’Afrique». A entendre Ségolène Royal, il est nécessaire de voir le côté «positif» des choses et essayer d’envisager avant tout les opportunités que la Chine peut offrir aux entreprises françaises. Elle a d’ailleurs invité ces dernières à «faire preuve de pugnacité pour saisir la chance du développement chinois», dès le premier jour de sa visite.

Commerce et environnement

La candidate socialiste a placé les problèmes économiques et commerciaux au cœur de son programme de discussions avec les interlocuteurs chinois. De même que l’environnement. Ces problématiques sont d’ailleurs entièrement liées les unes aux autres car c’est en grande partie la rapidité du développement économique de la Chine qui participe à en faire un pays très pollueur. C’est donc avec satisfaction que l’entourage de Ségolène Royal a annoncé qu’elle rencontrerait au cour de sa visite les deux ministres chinois en charge du commerce et de l’environnement. Bien sûr, elle regrettera certainement que ni le Premier ministre, Wen Jiabao, ni le président, Hu Jintao, ne la reçoivent. D’autant que celui-ci s’était entretenu avec son principal rival pour l’élection présidentielle française, Nicolas Sarkozy, lorsqu’il s’était rendu en Chine en 2004 en tant que ministre de l’Intérieur. Ségolène Royal n’aura droit pour sa part qu’à une entrevue avec le vice-président Zeng Qinghong. Même si elle est bel et bien la première femme en réelle position de remporter la victoire à la présidentielle française, elle n’est ni ministre, ni chef de parti. Et cela limite le champ de ses interlocuteurs potentiels dans un pays très respectueux du protocole et de la hiérarchie.

En se rendant en Chine, Ségolène Royal n’a pas choisi la facilité. Quelques dossiers délicats sont au cœur des relations avec ce pays : délocalisations, concurrence dans le domaine du textile, droits de l’homme. La candidate socialiste en est consciente et sait aussi que la susceptibilité des Chinois est très forte. Elle a donc pris le parti de «l’humilité» pour aborder les entretiens avec ses interlocuteurs. Elle a affirmé qu’elle ne se rendait pas dans ce pays «en donneuse de leçons». A propos des délocalisations vers la Chine qui sont très la mal vécues en France où elles entraînent des suppressions d’emploi, elle a ainsi expliqué leur caractère «douloureux» par un manque de «préparation». Elle a aussi insisté à son arrivée sur les points de convergence entre la France et la Chine qui partagent «la même vision du monde» et ne veulent pas «d’une seule hyperpuissance qui a fait beaucoup de dégâts récemment». Un coup de griffe aux Etats-Unis.

Attention aux faux-pas

Elle sait par ailleurs qu’en France ses actes et ses paroles sont observés à la loupe et que tout faux-pas sera immédiatement pointé par ses adversaires politiques. Il lui faut donc trouver le moyen de nouer le dialogue avec les Chinois, tout en ne donnant pas l’impression de reculer sur des questions sensibles. Notamment celles des droits de l’homme et de la condition féminine. Elle a affirmé qu’elle aborderait ces sujets lors de ses entretiens. Mais il paraît peu probable qu’elle rencontre des dissidents. Après la polémique provoquée par son entrevue avec un député libanais du Hezbollah, lors de sa tournée au Proche-Orient, Ségolène Royal est sous haute surveillance. Accusée d’amateurisme sur les questions internationales par la droite, elle se doit de faire un sans faute diplomatique à Pékin.



par Valérie  Gas

Article publié le 06/01/2007 Dernière mise à jour le 06/01/2007 à 17:24 TU

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