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Présidentielle 2007

Ségolène Royal : née un 11 février

A l'occasion d'un rassemblement socialiste, dimanche, au Parc des expositions de Villepinte, Ségolène Royal a dévoilé aux Français son programme tant attendu. 

		(Photo : AFP)
A l'occasion d'un rassemblement socialiste, dimanche, au Parc des expositions de Villepinte, Ségolène Royal a dévoilé aux Français son programme tant attendu.
(Photo : AFP)
Un programme, non, un pacte : c’est ce que Ségolène Royal a présenté devant des milliers de militants réunis au Parc des expositions de Villepinte, en Seine-Saint-Denis. C’est de cette manière que la candidate socialiste a voulu affirmer sa détermination à tenir les engagements pris ce 11 février, une date présentée comme un nouveau départ dans sa campagne. Ségolène Royal s’est exprimée pendant deux heures. Elle a décliné des propositions censées prendre en compte et répondre aux attentes des citoyens qui ont participé aux quelque 6 000 débats participatifs organisés dans les régions. Elle a illustré son nouveau slogan : «Plus juste, la France sera plus forte».

Elle est arrivée par la gauche… de la salle. Ségolène Royal a traversé la foule au milieu d’une allée qui lui avait été aménagée, calmement, posément. Elle a gravi les quelques marches qui la séparait de la tribune où était installé un pupitre transparent -décidément très tendance en ce moment. Elle a pris place face à la foule, avec un léger sourire sur ses lèvres rouges. Le rouge était d’ailleurs la couleur du jour. Veste rouge, jupe plissée rouge à poids blancs, elle avait abandonné cette fois-ci les vestes blanches qui semblaient être devenues sa marque de fabrique. Comme pour montrer que ce dimanche 11 février était bien un nouveau jour dans sa campagne présidentielle.

Elle a débuté son discours par un remerciement en forme de clin d’œil aux militants présents : «Vous voilà si nombreux rassemblés. Vous avez dû comprendre qu’il se passait quelque chose d’important aujourd’hui». Vraisemblablement, car à en croire le speaker chargé de chauffer la salle, 20 000 personnes étaient présentes. Et d’autres étaient à l’extérieur. Enthousiasme ou réalité ? Une chose est sûre : il y avait du monde, et certainement plus que prévu il y a quelques jours. Le hall du Parc des expositions était rempli, des bannières ornées d’une photo de Ségolène Royal «présidente» flottaient un peu partout. L’ambiance était chaude. D’autant que pendant une demi-heure, la salle avait résonné au son de musiques très «dancefloor» avec quelques escapades vers le «coupé-décalé». On sentait bien que tout était fait pour gonfler à bloc les jeunes socialistes venus nombreux applaudir Ségolène Royal. La musique mais aussi les images sur les écrans où se succédaient les éléphants et les people. A chaque nouveau visage présenté à la foule, les applaudissements redoublaient. Lambert Wilson -très enthousiaste-, Charles Berling, Sylivie Testud, Philippe Torreton,  Pierre Bergé étaient parmi les artistes venus apporter leur soutien à la candidate socialiste.

«La famille de la gauche» était là

Mais surtout, la «famille de la gauche» était aussi là au grand complet. Ségolène Royal en a d’ailleurs remercié les membres au début de son allocution. François Hollande, le Premier secrétaire du Parti socialiste, qui avait lui aussi prononcé un discours très incisif et très politique le matin, une sorte d’introduction à celui de Ségolène Royal, était bien sûr dans la salle. Il y avait à ses côtés tous les principaux responsables socialistes, exception faite de Lionel Jospin. Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius, Jean-Marc Ayrault, Martine Aubry, Elisabeth Guigou, Pierre Mauroy, Jack Lang, Henri Emmanuelli, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon… auxquels étaient venus se joindre, notamment, Christiane Taubira ou Jean-Pierre Chevènement.

Ségolène Royal était attendue au tournant et elle le savait. Elle a visiblement bien préparé son intervention. Son discours était long et dense. Il était émaillé d’un certain nombre des 100 propositions de son « pacte présidentiel». Mais surtout, il faisait sans cesse référence aux paroles des citoyens recueillies dans les débats participatifs. Qu’il s’agisse d’une femme battue, d’une mère réduite à la misère, d’un chômeur traumatisé, des enseignants découragés… elle a choisi de faire vivre ses propos et de justifier sa méthode en restituant une part des interventions des Français qui ont «pris la parole» dans ces rencontres préparatoires. Elle a expliqué qu’elles lui avaient permis notamment d’établir l’ordre de ses priorités si elle était élue.

Ségolène Royal a ainsi annoncé sa volonté sans faille de mettre en place un «ordre juste» en ne laissant personne sur le côté. Pour y parvenir, elle propose de valoriser les petites et moyennes entreprises (PME) pourvoyeuses d’emplois et dont elle croit qu’elles pourront aider la France à lutter contre les délocalisations. Elle veut relancer la recherche, développer l’innovation. Elle espère «recréer le dialogue social» et «réconcilier les Français avec l’entreprise», une manière de faire vivre ces «cercles vertueux» grâce auxquels Ségolène Royal envisage de mettre en œuvre une véritable «politique d’alternance», nécessaire pour faire «une France neuve».

Elle entend aussi réformer l’Etat pour faire des économies. Ce qui ne veut pas dire réduire le nombre de fonctionnaires, auxquels elle a rendu hommage, mais faire la chasse au «gaspillage» pour dégager des marges de manœuvre budgétaire. Elle préconise de déléguer certaines missions aux régions pour «en finir avec les lourdeurs de l’Etat central».

«Le descenseur social»

Fidèle à sa «bravitude», ce dimanche elle a préféré parler de courage à plusieurs reprises, du sien et de celui des militants qui la soutiennent, elle a encore inventé un mot le «descenseur social». Un mal contre lequel elle veut lutter pour répondre «au cri de colère» des citoyens, précarisés, privés d’emploi. Elle a répondu sur ce point à son principal adversaire, Nicolas Sarkozy qui fait du thème du travail l’un de ses fonds de commerce, en évoquant sa volonté d’être «la présidente du travail pour tous et d’un métier pour chacun». 

Mais surtout, Ségolène Royal n’a eu de cesse de s’adresser aux jeunes. Comme une mère, qu’elle est, elle l’a redit, vibrante : elle voudrait pour tous ce qu’elle a voulu pour ses propres enfants. Elle voudrait «une France qui rassemble et qui se ressemble», «riche d’histoires diverses, colorée, métissée». Elle a donc tenté de rassurer les jeunes sur la place qu’ils occupent dans la nation. Elle leur a promis un avenir moins sombre que celui qu’ils craignent. Elle leur a demandé leur soutien. Et eux, très présents dans la salle, lui ont répondu par des ovations et des applaudissements enthousiastes. Ils l’ont encouragé en lui répétant leur déclaration à tout bout de champ : «On va gagner» !



par Valérie  Gas

Article publié le 11/02/2007 Dernière mise à jour le 11/02/2007 à 16:18 TU