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Présidentielle 2007

Royal-Sarkozy : projet contre projet

Les deux principaux concurrents en lice pour l’élection présidentielle, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. 

		(Photos : AFP)
Les deux principaux concurrents en lice pour l’élection présidentielle, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.
(Photos : AFP)
A un mois d’intervalle, les deux principaux concurrents en lice pour l’élection présidentielle, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, ont présenté leur projet pour la France. Ils peuvent désormais débattre à armes égales. On retrouve dans ces deux programmes des thèmes communs comme la valeur du travail, le droit au logement, la revalorisation des retraites, que chacun décline à sa façon.

La France

Il n’y a pas de doute, les candidats ont senti que les Français voulaient qu’on leur parle de la France, qu’on leur redonne espoir dans une Nation où la précarité, le chômage, les discriminations se sont développés. Nicolas Sarkozy a développé le thème de la fierté d’être Français et de la «République réelle qui fait plus pour celui qui veut s’en sortir et moins pour celui qui ne veut rien faire». Il propose une France capable de remettre en marche «l’ascenseur social».

Ségolène Royal défend une France généreuse, assimilatrice. Elle veut une «République nouvelle», plus sociale, plus participative, plus juste. La candidate socialiste prend le problème à rebrousse-poils par rapport à Nicolas Sarkozy puisque son objectif est de «stopper le descenseur social». Là où l’un veut encourager la promotion des plus audacieux, l’autre veut empêcher le déclassement des plus faibles.

Le travail et l’emploi

Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy ont fait de la «valeur travail», un socle de leur programme. Mais ils ne défendent pas pour autant la problématique de la même manière. Nicolas Sarkozy veut, selon l’expression consacrée, «remettre la France au travail» en trouvant des moyens de sortir du «carcan» des 35 heures mises en place par les socialistes, qui, selon lui, coûtent cher à la France et aux Français. Il propose de donner la possibilité aux salariés qui le souhaitent de travailler plus pour réintroduire ainsi de la flexibilité dans l’entreprise, relancer la croissance et l’emploi. Pour y parvenir, il souhaite exonérer de charges sociales et d’impôts sur le revenu les heures supplémentaires. Le candidat de l’UMP veut aussi rendre les licenciements plus faciles et créer un contrat unique à durée indéterminé. Il entend lier l’indemnisation chômage à l’obligation de ne pas refuser plus de deux offres d’emploi successives.

Ségolène Royal propose, quant à elle, d’offrir plus de sécurité aux travailleurs et de prendre des mesures pour laisser le moins de monde possible à l’écart de l’emploi. Elle entend moduler les aides publiques à l’embauche en fonction du type de contrats de travail donnés aux salariés et les faire rembourser par les entreprises bénéficiaires qui décident de délocaliser. Elle envisage la mise en place d’une sécurité sociale professionnelle qui permettrait à un salarié licencié d’avoir accès à une formation qualifiante et de toucher, pendant un an, 90% de son dernier salaire perçu, de manière à être en situation de retrouver plus vite un emploi. Sur les 35 heures, à propos desquelles elle avait émis des doutes, elle suggère l’ouverture d’une négociation dans le but de «réduire les effets négatifs» de leur application.

Les salaires

Ségolène Royal a repris, dans son pacte présidentiel, la proposition inscrite dans le projet socialiste de faire passer le Smic (salaire minimum) à 1 500 euros «le plus tôt possible». Elle propose aussi la réunion d’une conférence sur les salaires dès juin 2007. Nicolas Sarkozy ne s’est pas engagé précisément sur l’augmentation du Smic. Pour le candidat de l’UMP, il est nécessaire de donner les moyens aux Français de gagner plus en travaillant plus, par exemple en rémunérant davantage les heures supplémentaires. Il est favorable à une revalorisation globale des salaires, pas seulement à celle du salaire minimum.

Concernant les minima sociaux, Ségolène Royal propose la création d’un revenu de solidarité active (RSA) qui devrait permettre d’augmenter d’un tiers les revenus des bénéficiaires de cette allocation qui reprennent le travail. Son adversaire de l’UMP évoque aussi un système compensatoire incitatif au retour à l’emploi pour les personnes bénéficiant de ce type d’allocation. Il estime, en revanche, qu’aucun minima social ne doit être accordé sans «la contre-partie d’une activité d’intérêt général».

Le logement

Les deux candidats ont fait de l’accès à la propriété un moyen de lutter contre la précarité des ménages assujettis à la forte charge des loyers. Nicolas Sarkozy veut favoriser l’accession à la propriété en créant un crédit hypothécaire pour l’achat d’un logement et en faisant en sorte que l’Etat apporte sa caution à ceux qui n’en ont pas. Ségolène Royal propose de mettre en place des prêts gratuits sous condition de ressources et de donner, aux locataires de logements sociaux ayant payé régulièrement leur loyer pendant quinze ans, les moyens d’acheter leur logement. Elle suggère aussi la création d’un service public de la caution pour assurer les impayés de loyer.

Pour remédier à la crise du logement social, Ségolène Royal s’engage à faire construire 120 000 habitations par an et à faire en sorte que l’Etat engage des programmes de construction dans les communes réfractaires. Elle préconise aussi d’autoriser «la mise en location des logements vacants spéculatifs», comme de donner la possibilité aux communes de procéder à des «acquisitions-réquisitions» sur les logements inoccupés depuis deux ans. Nicolas Sarkozy refuse, quant à lui, toute idée de réquisition des logements vacants. Il défend, en revanche, le droit opposable au logement, censé permettre d’imposer aux communes, par une procédure judiciaire, de fournir un logement à chacun.

Les retraites

La revalorisation des petites retraites est une priorité des deux candidats. Ségolène Royal propose de les revaloriser dès 2007 de 5%, mais aussi de verser mensuellement le minimum vieillesse et de payer les retraites de la sécurité sociale chaque 1er du mois pour «éviter les découverts». Nicolas Sarkozy veut aussi augmenter le minimum vieillesse et envisage de financer cette mesure par la suppression des régimes spéciaux dont bénéficient certaines catégories de salariés du public (SNCF, par exemple).

Le fonctionnement de l’Etat

Ségolène Royal propose de réformer l’Etat. D’abord en modifiant sa gestion pour faire des économies. Elle n’annonce pas de réductions des effectifs des fonctionnaires mais la limitation du nombre de ministères, de l’inflation réglementaire et la délégation aux régions d’un certain nombre de missions. Nicolas Sarkozy, lui, va droit au but sur ce terrain et affirme que l’efficacité passe par un nombre de fonctionnaires plus restreint mais mieux payés.

Ségolène Royal propose aussi de démocratiser les institutions en supprimant, par exemple, l’article 49-3 de la Constitution qui permet de faire passer un texte de loi sans le vote du Parlement. Elle désire aussi introduire plus de démocratie participative dans les collectivités publiques grâce, notamment, à la mise en place des jurys citoyens chargés de leur évaluation. Sur le plan institutionnel, Nicolas Sarkozy ne préconise pas de changement fondamental mais plaide en faveur d’une modification des comportements vers «davantage d’impartialité, d’équité, d’honnêteté, de responsabilité, de transparence». Il est partisan d’une limitation à deux mandats pour le président de la République.

Les jeunes

Ils représentent sans conteste une des cibles électorales privilégiées de Ségolène Royal. La candidate socialiste leur a concocté un certain nombre de mesures spécifiques : création d’une carte santé pour les 16/25 ans leur permettant de bénéficier d’une consultation gratuite par semestre, la gratuité de la contraception pour les jeunes femmes de moins de 25 ans, la création de 500 000 emplois tremplins et d’un droit au premier emploi pour que les jeunes ne restent pas au chômage plus de 6 mois ; l'instauration d’un prêt à taux zéro de 10 000 euros pour que chaque jeune de 18 ans puisse construire son premier projet.

Nicolas Sarkozy propose aussi de donner plus d’autonomie financière aux jeunes en leur accordant une allocation de 300 euros par mois, mais en soumettant ce versement à l’assiduité à la formation en cours. Il promet aux jeunes l’accès à un prêt gratuit garanti par l’Etat, remboursable après l’obtention du premier emploi.

Les deux candidats envisagent un service civique obligatoire.

En matière de répression de la délinquance des mineurs, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy prônent la fermeté. Le candidat de l’UMP est favorable à la suppression de l’ordonnance de 1945 sur la justice des mineurs et pour l’instauration de peines plancher pour les mineurs récidivistes. Ségolène Royal propose, quant à elle, le développement de centres éducatifs renforcés pour les mineurs délinquants, si nécessaire avec un encadrement militaire.

L’éducation

Ségolène Royal est favorable au redécoupage de la carte scolaire pour «favoriser la mixité sociale». Elle souhaite également le renforcement de la présence des adultes dans les établissements difficiles, la limitation du nombre d’élèves par classe dans les zones d’éducation prioritaires, la création d’emplois-parents dans les quartiers sensibles, le doublement de l’allocation de rentrée scolaire pour assurer vraiment la gratuité de l’école. Elle veut rendre la scolarité obligatoire dès l’âge de 3 ans. Elle préconise aussi de mettre en place le soutien scolaire gratuit et des mini-internats urbains pour les élèves qui ont «décroché de l’école».

Nicolas Sarkozy désire, quant à lui, que tous les enfants dont les parents travaillent puissent bénéficier d’études surveillées à l’école pour faire leurs devoirs. Il préconise la création d’internats d’excellence pour les enfants défavorisés qui n’ont pas l’environnement familial ou social leur permettant de poursuivre sereinement leurs études.

L’immigration

Nicolas Sarkozy prône le contrôle des flux migratoires et «l’immigration choisie», c’est-à-dire sélective. Il fait du respect des valeurs et des lois françaises, de la maîtrise de la langue, des conditions incontournables pour vivre en France. Il veut mettre en place une politique très ferme de lutte contre l’immigration illégale et organiser le renvoi systématique des sans-papiers dans leur pays d’origine.

Ségolène Royal a un discours basé sur la valeur ajoutée que représente le métissage. Elle propose de rétablir la règle des 10 ans de présence en France comme critère de régularisation des sans-papiers et de mettre en place un visa permettant des allers-retours multiples sur plusieurs années. Elle présente le co-développement comme la meilleure manière de lutter contre l’immigration illégale.

La politique internationale

Sur l’Europe, Ségolène Royal veut à la fois rester fidèle à ses convictions et donner des garanties aux électeurs de gauche qui ont refusé la Constitution européenne. Elle s’engage donc à plaider pour une Europe qui protège les citoyens, par exemple grâce à la négociation d’un protocole social. Nicolas Sarkozy est favorable à l’adoption par le Parlement d’un traité simplifié pour permettre à l’Europe à 27 de fonctionner.

Ségolène Royal accorde beaucoup d’importance aux relations avec la Méditerranée et l’Afrique. Elle insiste sur le rôle particulier de la France dans les relations internationales, celui d’être la voix de la paix, de la justice et du développement pour tous.

Nicolas Sarkozy veut, lui, renouer les liens avec les pays de la Méditerranée. Il désire parler à l’Amérique «comme une amie… qui sait lui dire quand elle a tort». Lui aussi entend défendre «le rôle éminent» de la France «sur la scène du monde» en protégeant son indépendance et ses valeurs.



par Valérie  Gas

Article publié le 12/02/2007 Dernière mise à jour le 12/02/2007 à 16:30 TU