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Présidentielle 2007

Bayrou : ça plane pour lui

François Bayrou, candidat à l'élection présidentielle de 2007. 

		(Photo: AFP)
François Bayrou, candidat à l'élection présidentielle de 2007.
(Photo: AFP)
François Bayrou continue à monter dans les sondages. Le dernier baromètre TNS-Sofres pour Le Figaro Magazine et i-Télé montre que sa cote de popularité a connu une progression record de 19 points en un mois. Les différentes enquêtes sur les intentions de vote des Français confirment que la campagne du candidat centriste est actuellement dans une phase ascendante. Elles indiquent qu’il se situe entre 17 et 19%. Autrement dit, François Bayrou fait de plus en plus figure d’outsider dangereux. A tel point que ses deux principaux adversaires, la socialiste Ségolène Royal et l’UMP Nicolas Sarkozy, ont commencé à contre-attaquer.

Il grimpe, il grimpe dans les sondages. En quelques semaines, François Bayrou a renforcé sa position de troisième homme de la présidentielle. Et selon une enquête BVA-Orange réalisée à la fin du mois de février, le candidat centriste pourrait, s’il accédait au second tour, être en position de battre aussi bien Ségolène Royal que Nicolas Sarkozy. Bien sûr, pour le moment, les sondages ne le placent pas devant ses adversaires au premier tour. Mais il se rapproche tout de même dangereusement, au moins de la socialiste. Là où Ségolène Royal recueille dans cette même enquête 25% des intentions de vote et chute d’un point, François Bayrou obtient 17% et réduit l’écart de trois points.

Du coup, le candidat centriste qui a toujours affirmé croire en  ses chances, affiche maintenant sa sérénité : «Cette confiance-là, elle va aller jusqu’au bout, c’est un signe précurseur de ce mouvement de confiance qui va aller jusqu’au 22 avril et au 6 mai» [les dates du premier et du second tour de la présidentielle]. C’est vraisemblablement la raison pour laquelle François Bayrou prend les attaques, dont il est l’objet depuis quelques jours de la part des états-majors du Parti socialiste et de l’UMP, avec un flegme teinté de condescendance : «Tout ça est un peu pathétique, mais qu’est-ce que vous voulez qu’ils fassent d’autre, les pauvres… Tout d’un coup, ils découvrent que ce qu’ils n’attendaient pas est en train de se produire et que les Français ont décidé de changer le paysage politique français».

Royal et Sarkozy contre Bayrou

Cette petite phrase s’adresse directement à Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy qui ont chacun à leur tour essayé de pointer les faiblesses de l’argumentation de François Bayrou concernant la formation d’un gouvernement d’union nationale dans lequel pourraient figurer des responsables de gauche comme de droite. Pour Nicolas Sarkozy, «ce que propose François Bayrou (…) on l’a parfaitement connu en France, c’est la IVe République. On met un peu de gauche, un peu de droite. Cela conduit à quoi : à l’impuissance». Le candidat de l’UMP a aussi insisté sur la difficulté pour François Bayrou d’obtenir, s’il était élu au soir du 6 mai, une majorité aux législatives qui suivront la présidentielle. Dans d’autres termes, Nicolas Sarkozy estime que la capacité du candidat UDF à gouverner est quasi-nulle. Ce qui l’incite à mettre en garde les électeurs : «Si ce gouvernement échoue, on laisse la place à qui ? A Le Pen ou à Laguiller 

Ségolène Royal a estimé qu’il était dangereux de duper les Français en leur faisant croire que l’élection présidentielle n’était pas l’occasion de réaliser un choix entre «deux modèles de société, deux visions politiques qui s’opposent». La percée de François Bayrou n’est certainement pas étrangère à la réactivation du clivage droite-gauche dans la campagne de la candidate socialiste. Elle a d’ailleurs été aidée à avancer sur ce thème par la plupart des responsables socialistes, qui ont senti que François Bayrou essayait d’aller chercher des voix dans leur électorat, du côté des «royalo-sceptiques». Le Premier secrétaire, François Hollande, a affirmé qu’en proclamant qu’entre la gauche et la droite «il n’y avait rien», François Bayrou préparait la «politique du pire». Il a même ajouté : «C’est pourquoi il faut qu’il y ait une majorité et une opposition, une gauche et une droite. Aux Français de choisir ce qu’ils veulent». Même Laurent Fabius, qui avait lui aussi brigué l’investiture socialiste, a pris position sur ce thème en déclarant qu’il fallait éviter le «confusionnisme».

Créer un grand «parti démocrate»

Pour le moment, il semble tout de même que le message lancé par François Bayrou en faveur de l’ouverture politique touche sa cible. Un sondage Opinion Way pour Métro a montré que 52% des personnes interrogées qui ont l’intention de voter pour le candidat centriste expliquent cette décision par sa proposition «de vouloir faire travailler ensemble la droite et la gauche». Ces résultats confortent certainement François Bayrou sur l’efficacité de sa stratégie de mise en cause des logiques partisanes. Mais il semble néanmoins qu’il a aussi senti qu’il lui fallait trouver un moyen de résister aux attaques de ses adversaires qui dénoncent ses velléités d’institutionnaliser le principe de la cohabitation politique. Dans une interview au quotidien Le Monde, François Bayrou a concédé que, s’il était élu, il lui faudrait créer «un grand parti démocrate pour la France».

Est-ce à dire qu’il envisage de faire au centre, ce que Jacques Chirac avait fait à droite, lorsqu’il avait créé l’Union pour un mouvement populaire (UMP), une formation destinée à remplacer le parti strictement chiraquien (RPR) et à rassembler plus largement autour du chef de l’Etat ? Une recette que François Bayrou avait critiquée tant et plus en 2002.



par Valérie  Gas

Article publié le 02/03/2007 Dernière mise à jour le 02/03/2007 à 15:18 TU