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Somalie

Violence à Mogadiscio, soldats ougandais à Baïdoa

Des soldats ougandais vont arriver à Mogadiscio, la semaine prochaine, dans le cadre de la force de paix de l'Union africaine (Amisom) 

		(Photo : AFP)
Des soldats ougandais vont arriver à Mogadiscio, la semaine prochaine, dans le cadre de la force de paix de l'Union africaine (Amisom)
(Photo : AFP)
Des attaques au mortier ont frappé, vendredi matin, le port de la capitale somalienne ainsi que des maisons situées dans un quartier voisin, provoquant au moins sept blessés. La semaine dernière, des affrontements violents avaient opposé à Mogadiscio les forces gouvernementales, appuyées par les Ethiopiens, à des milices fortement armées, probablement des islamistes. Les premiers éléments de la force de maintien de la paix de l’Union africaine en Somalie (Amisom) sont arrivés jeudi à Baïdoa, où est installé le gouvernement provisoire. Cette force devrait totaliser 8 000 hommes et remplacer les militaires éthiopiens qui ont mis en déroute les Tribunaux islamiques fin 2006. Des difficultés ont surgi quant au financement de cette mission.

Les «casques blancs» de l’Union africaine (UA) auront une mission délicate à accomplir : garantir la sécurité et permettre la stabilisation d’un pays qui est en guerre civile depuis plus de 15 ans. Les 35 premiers soldats ougandais de cette force interafricaine, pour la plupart des officiers logisticiens, sont arrivés jeudi à Baïdoa, pour préparer l’arrivée du restant des effectifs qui seront acheminés par voie aérienne vers Mogadiscio, la semaine prochaine, tandis que les véhicules blindés seront transportés par voie maritime à partir du port kenyan de Mombassa. Des mesures de sécurité strictes ont été appliquées par les troupes éthiopiennes qui se trouvent à Baïdoa, à cause des menaces des islamistes, qui veulent se venger après avoir été chassés du pouvoir début janvier. Les Tribunaux islamiques contrôlaient effectivement la capitale et une bonne partie des régions centre et sud du pays.

Les effectifs de l’Amison devraient totaliser 8 000 hommes, selon la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies adoptée le 20 février. Le Burundi, le Nigeria, le Ghana et le Malawi vont également participer à cette mission de maintien la paix en Somalie. Mais, pour le moment, les effectifs mobilisés n’atteignent que 4 000 militaires, ce qui suscite des craintes parmi les délégués des organisations internationales qui se trouvent sur le terrain. Ainsi, Eric Laroche, chargé de la coordination humanitaire de l’Onu a déclaré, jeudi à New York, que le processus de retrait des soldats éthiopiens ne pourra être conclu, sans une présence suffisante de troupes de maintien de la paix : «4 000 soldats ce n’est pas suffisant. Je pense que 8 000 est probablement le nombre minimum de militaires nécessaires. Cela soulève aussi la question de la volonté politique». Eric Laroche pense que la Somalie a atteint un tournant. «Est-ce que nous voulons vraiment changer les choses et financer ces troupes ?», a-t-il demandé pour souligner, ensuite, que les Somalis sont fatigués de «toutes ces années de guerre» et qu’il faudra éviter que le chaos ne revienne, encore pour 15 ans. Pour cela, selon Laroche, il faudra «faire confiance aux nouvelles institutions».

Situation géographique de la Somalie. 

		(Carte : Silvio M. Segala/ RFI)
Situation géographique de la Somalie.
(Carte : Silvio M. Segala/ RFI)

Situation très instable

Pour le moment, le gouvernement de transition reste à Baïdoa, même si les islamistes ne peuvent plus imposer leur loi à Mogadiscio. De violents incidents armés se sont multipliés dans la capitale, provoquant des dizaines de victimes depuis le début de l’année. Cette situation risque de devenir incontrôlable étant donné que les milices (et pas seulement les islamistes) n’ont pas été désarmées et il est peu probable qu’elles puissent être vraiment neutralisées à brève échéance. D’autant plus que le président ougandais Yoweri Museweni, jeudi, lors de sa visite à Jinja pour passer en revue les troupes de son pays qui vont être envoyés en Somalie, a souligné que le mandat de ces forces «n’est pas de désarmer les milices somaliennes. C’est le travail des Somaliens».

C’est en 1991 que les chefs de guerre ont renversé le dictateur Siad Barre. La guerre civile qui s’ensuivit aura provoqué au mois 300 000 victimes. Une tentative de rétablissement de l’ordre, par les Nations unies en 1995, s’est traduite par un échec complet, avec la mort de plus de 150 casques bleus. 18 soldats américains ont également été tués, en 1993, lors d’une opération contre le chef de guerre Aïdid. Le pays est devenu incontrôlable, depuis cette date.

Plus que le déploiement d’une force paix internationale, africaine dans le cas présent, la réconciliation entre les différentes parties surgit comme une étape incontournable. C’est ainsi que l’Union européenne a convaincu le président intérimaire Abdulahi Yusuf Ahmed de réaliser une «conférence de réconciliation» qui devra débuter le 16 avril à Mogadiscio et devra se prolonger pour deux mois. Le président somalien a affirmé que 3 000 personnes vont y participer, mais il n’a pas garanti la présence des islamistes.



par Antonio  Garcia

Article publié le 02/03/2007 Dernière mise à jour le 02/03/2007 à 18:25 TU