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Présidentielle 2007

L’Allemagne intéressée mais critique

L'intérêt pour l’élection présidentielle française est important en Allemagne. 

		(Photo: Reuters)
L'intérêt pour l’élection présidentielle française est important en Allemagne.
(Photo: Reuters)
Comme en France, l’intérêt pour l’élection présidentielle en France a été important en Allemagne. Mais les grands candidats suscitent le scepticisme. Leurs programmes n’en convainquent pas. La France est vue comme un pays sclérosé et irréformable.

De notre correspondant à Berlin

Ce samedi encore, à la veille du scrutin, de nombreux journaux consacrent une place importante à l’événement. Le grand quotidien de centre gauche de Munich, Süddeutsche Zeitung, place à la une deux photos, l’une de Ségolène Royal sur un marché une fraise à la main et l’autre de Nicolas Sarkozy à cheval en Camargue. En pages intérieures, le journal publie sur une page un reportage sur la France. Le Berliner Zeitung comme le Frankfurter Rundschau dressent le portrait des principaux prétendants: «Monsieur propre» et «le décideur», pour le candidat UMP; «Jeanne d’Arc» et «la femme zigzag» pour Royal; «le conducteur de tracteur» et «l’homme de la troisième voie» pour Bayrou.

«Nous avons consacré plus de place à cette campagne qu’en 2002», explique Günther Nonnenmacher, un des patrons du quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung.  «Cela s’explique par la présence de nouveaux candidats encore peu connus en Allemagne».  Pour son collègue du Tagesspiegel de Berlin, Albrecht Meier, «c’est la présence d’une femme, Ségolène Royal, ayant des chances d’être élue qui explique pour une bonne part notre couverture plus importante».

Grand intérêt pour les favoris

Les deux favoris ont sans conteste suscité le plus grand intérêt, les portraits du centriste François Bayrou n’apparaissant que sur le tard. Nicolas Sarkozy a de loin été l’objet de la plus grande attention de la presse allemande. Depuis plusieurs années, sa présence à la tête du ministère de l’Intérieur et ses ambitions politiques suscitent l’intérêt. Il a été très médiatisé lors des incidents des banlieues de l’automne 2005. Mais Nicolas Sarkozy a été aussi ministre de l’Economie, une fonction dans laquelle il s’est attiré des commentaires peu amènes en Allemagne, où il a été accusé de mener une politique industrielle protectionniste au détriment des intérêts germaniques, comme dans la reprise de la société franco-allemande pharmaceutique Aventis par le Français Sanofi. La politique économique du candidat suscite en raison de ces antécédents des jugements partagés: l’interventionniste Sarkozy est peu apprécié; le libéral qui veut diminuer le rôle de l’Etat est mieux perçu en Allemagne.

Le candidat à la présidentielle a suscité beaucoup de commentaires négatifs, l’hebdomadaire Stern n’hésitant pas à qualifier Nicolas Sarkozy de «Rambo de la droite, aussi grand que Napoléon». Le magazine Der Spiegel le comparait à un «mafieux». Mais Nicolas Sarkozy a aussi ses partisans, comme le quotidien conservateur Die Welt qui parlait en janvier «du candidat le plus talentueux de sa génération, capable de sortir la France de l’ornière où l’a placé Jacques Chirac».

Ségolène Royal a suscité dans les premiers mois une bulle médiatique autour de sa personnalité. Une biographie flatteuse a même été publiée par un correspondant allemand à Paris, alors qu’aucun ouvrage n’est disponible sur Sarkozy. Mais si la personnalité de la candidate socialiste a provoqué des commentaires positifs et a été perçue comme un renouvellement dans un pays -la France- jugé conservateur, ses propositions, en revanche, ont laissé dubitatifs. La politique économique marquée à gauche de la candidate dans un pays où l’interventionnisme public est perçu négativement a été critiquée. «Royal mise sur la même croyance dans l’Etat qui avaient conduit les socialistes français à l’échec dans les années 80», commente par exemple le quotidien économique Financial Times Deutschland.

Programmes économiques peu convaincants

Globalement, les programmes économiques et sociaux des candidats ne convainquent pas. Le quotidien Süddeutsche Zeitung comme d’autres estime que «les vérités ne permettant pas de gagner des élections, la démagogie l’emporte». Le journal juge que la France a besoin de réformes profondes, d’une culture du sacrifice comparable à l’agenda 2010 par lequel l’ex-chancelier Schröder s’est attelé à la réforme de l’Etat social.

Plus globalement, la presse allemande dresse le portrait d’un pays replié sur lui-même, sclérosé et incapable de se réformer. L’hebdomadaire Stern titrait récemment un long article «Qui va gouverner les ingouvernables ?». La presse allemande a regretté que cette France repliée sur elle-même ne parle quasiment pas de politique étrangère. Berlin qui préside actuellement l’Union européenne veut  proposer d’ici fin juin une feuille de route pour surmonter l’impasse provoquée par le rejet de la Constitution européenne par la France et les Pays-Bas. Or, le couple franco-allemand ne pourra fonctionner qu’après les élections. La chancelière Merkel qui a reçu Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal s’est imposée la plus stricte neutralité. Ses partenaires sociaux-démocrates se sont fait discrets lors des meetings de Ségolène Royal. Les négociateurs allemands ont des contacts avec les grands candidats pour préparer l’après présidentielle, quel que soit le gagnant. Le quotidien Financial Times Deutschland , de vendredi, estimait que François Bayrou aurait les faveurs du gouvernement allemand. Nicolas Sarkozy est jugé à Berlin moins européen et moins sûr. Ses propositions d’un mini traité européen ne satisfont pas les ambitions allemandes de sauver une plus large partie de la Constitution. Quant à Ségolène Royal, ses propositions sur ces dossiers sont jugées trop floues.



par Pascal  Thibaut

Article publié le 22/04/2007 Dernière mise à jour le 22/04/2007 à 10:45 TU

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Pascale Lavergne

Journaliste à RFI

«Cinq cent cinquante bureaux de vote sont en place dans le monde entier.»

[22/04/2007]

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