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Des mesures pour calmer la colère des pêcheurs

Les pêcheurs bretons sont mobilisés contre la hausse du coût du gazole. Les dépenses de carburant peuvent représenter jusqu'à 40% de leurs coûts.  

		(Photo : Reuters)
Les pêcheurs bretons sont mobilisés contre la hausse du coût du gazole. Les dépenses de carburant peuvent représenter jusqu'à 40% de leurs coûts.
(Photo : Reuters)
Le président Nicolas Sarkozy a annoncé, mardi 6 novembre 2007, des mesures pour venir en aide à la profession des marins-pêcheurs étranglés par la hausse du pétrole. Pour calmer la colère des pêcheurs, le gouvernement mise notamment sur des propositions comme l’exonération totale des cotisations patronales pour une durée de six mois renouvelable.

Après sa visite éclair au Tchad et avant de s’envoler vers les Etats-Unis, Nicolas Sarkozy s’est rendu, mardi 6 novembre 2007, dans le Finistère (nord-ouest de la France) pour tenter de désamorcer la grogne des pêcheurs bretons mobilisés contre la hausse du coût du gazole. Dès son arrivée au Guilvinec, Nicolas Sarkozy accompagné de Michel Barnier, ministre de l’Agriculture et de la pêche, a été pris à partie par la foule des pêcheurs. «Du concret ! Du concret ! », ont-ils crié, alors qu’une partie de l’assistance sifflait le président : « 15 jours de mer et 300 euros, c’est pas normal », ont scandé les manifestants.

En réponse, le chef de l’Etat a annoncé trois mesures pour les aider à surmonter la crise. En premier lieu, il a proposé « la mise en œuvre immédiate d'exonérations de cotisations patronales et salariales» sur une durée de six mois, un dispositif renouvelable. Le coût de cette mesure est évalué à 21 millions d’euros par trimestre. Il a ensuite demandé aux professionnels d'établir avec Michel Barnier, un plan de sauvetage et de restructuration « pour moderniser les moteurs des navires français avec l'objectif de réduire significativement la consommation de pétrole ». Enfin, Nicolas Sarkozy a demandé à Michel Barnier d'élaborer dans les trois mois « un mécanisme durable qui réintègre le coût du gazole dans le prix du poisson vendu à l'étal ». Michel Barnier doit réunir mercredi matin à son ministère l'ensemble des représentants de la pêche française pour travailler sur ces propositions.

Le gazole à 52 centimes d’euros

Le conflit parti vendredi du port breton du Guilvinec s’est étendu à la plupart des ports de la façade atlantique et la Manche. Des artisans pêcheurs aux gros armements, tous les bateaux sont désormais à quai. En effet, la hausse continue du prix du carburant ne leur permet plus de payer leur équipage. Depuis vendredi, les marins pêcheurs manifestent et bloquent des dépôts de carburant à Brest et Douarnenez dans le Finistère et Lorient dans le Morbihan. Près de Nantes, ils étaient, lundi, environ 300 à bloquer le dépôt de Total de Donges pour réclamer une intervention de l’Etat.

Particulièrement touchés par la hausse des prix du gazole, les patrons de chalutiers estiment que la situation ne peut plus durer. Même si les pêcheurs professionnels ne payent pas les taxes sur le gazole, ils avaient tablé sur un gazole à 31 centimes d’euros le litre cette année. Il est aujourd’hui à 52 centimes d’euros. Les dépenses de carburant peuvent représenter jusqu'à 40% de leurs charges. Un manque à gagner qui touche autant les patrons que les salariés. En effet, un mécanisme de paiement « à la part » prévoit un intéressement aux produits de la pêche mais aussi la participation des salariés à certains frais comme le carburant.

Bientôt, un baril à 100 dollars

Et la situation pourrait s'empirer, le cours du pétrole est en hausse continue depuis plusieurs semaines. Depuis le début de l’année, la progression est d’environ trente dollars, soit près de 50%. Désormais, les experts pensent qu’à la moindre alerte, le baril pourrait aisément franchir le cap des 100 dollars. La faiblesse des stocks de carburant est en partie à l’origine de la flambée des cours.

Le ministre français de l’Economie et des Finances, Christine Lagarde, a annoncé qu’elle allait rencontrer dans une dizaine de jours les représentants des compagnies pétrolières et de la grande distribution pour évoquer «la manière dont ils répercutent les hausses », dont « ils envisagent de les lisser » en évitant le « gonflement des marges ». Christine Lagarde a toutefois rejeté l'idée d'un retour à la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers) flottante en vigueur sous le gouvernement Jospin, permettant de diminuer la taxe à mesure qu’augmentait le prix du pétrole. Une mesure qui priverait le budget de l’Etat lourdement déficitaire d’une partie des recettes de la TIPP.



par Myriam  Berber

Article publié le 06/11/2007 Dernière mise à jour le 23/05/2008 à 16:07 TU