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Entreprises

Vivendi, éditeur n°1 mondial des jeux vidéo

par Myriam Berber

Article publié le 03/12/2007 Dernière mise à jour le 03/12/2007 à 17:14 TU

Le groupe de médias et de télécoms Vivendi a annoncé, dimanche 2 décembre 2007, le rachat de l’éditeur américain de jeux vidéo Activision. La transaction évaluée à environ de 19 milliards de dollars fait de la nouvelle entité « Activision Blizzard » le plus important éditeur indépendant de jeux vidéo dans le monde. Une revanche pour Vivendi Games, la division jeux vidéo du groupe français, longtemps très déficitaire qui doit sa résurrection au succès du jeu en ligne « World of Warcraft ».

 

C’est un coup de maître que vient de réaliser le groupe français de médias et de télécoms Vivendi. Sa division jeux Vivendi Games a annoncé qu’elle allait fusionner avec l’américain Activision. L’opération qui devrait être finalisée au premier semestre 2008, donnera naissance à une nouvelle entité baptisée «Activision Blizzard»  valorisée à 19,8 milliards de dollars, soit près de 13 milliards d’euros.

Les experts saluent la logique d’un tel rapprochement qui est un retournement historique puisque au pire moment de l’histoire du groupe, Vivendi avait cherché à se séparer de cette activité. Grâce à l’américain Activision, le groupe français met la main sur le marché nord-américain et sur des jeux parmi les mieux vendus au monde, notamment « Guitar Hero », « Spiderman » ou « Call of Duty ».  Vivendi Games va également acquérir une présence sur le segment porteur des jeux sur consoles, dont il était quasi-absent jusqu'ici et qui draine plus de 50% du chiffre d’affaires de l’industrie.

De son côté, le groupe français est très puissant en Europe et en Asie. Très longtemps déficitaire, Vivendi Games vit depuis trois ans une résurrection avec le succès du jeu en ligne « World of Warcraft » qui revendique 9,3 millions d’abonnés depuis son lancement en 2004. Le patron d’Activision, Robert Kotick, devrait présider la nouvelle société résultant de ce mariage. René Pénisson, l’actuel président de Vivendi Games, devrait prendre la présidence du conseil d’administration.

Un chiffre d’affaires de 3,8 milliards de dollars

Concrètement, l’opération devrait se dérouler en deux étapes. Dans un premier temps, Vivendi apportera sa filiale de jeux valorisée 8,1 milliards de dollars et règlera 1,7 milliard de dollars en numéraire à Activision Blizzard, dont le groupe français détiendra 52% du capital. Dans la seconde étape, Activision Blizzard lancera une offre publique d’achat partielle sur ses propres actions d’un montant maximum de 4 milliards de dollars en numéraire. Au terme de cette opération, Vivendi devrait détenir 68% du capital d’Activision Blizzard.

« En réunissant les leaders des jeux grand public et des jeux en ligne par abonnement, Activision Blizzard sera le seul éditeur à occuper des positions de premier plan dans l’ensemble des secteurs du divertissement interactif », s’est réjoui Robert Kotick, président d’Activision. Avant d’ajouter : « Nous renforcerons également notre présence sur les marchés asiatiques à forte croissance, notamment la Chine et la Corée, tout en conservant une position de leader en Amérique du Nord et en Europe ».  Cette nouvelle société cotée à la bourse électronique Nasdaq, pèsera un chiffre d’affaires de 3,8 milliards de dollars. Elle se placera devant l’actuel leader mondial du secteur, l'américain Electronics Arts qui attend un chiffre d’affaires compris entre 3,35 et 3,65 milliards de dollars pour son exercice clos en mars 2008.

Un marché très concurrentiel

Face à la concurrence acharnée de pays comme la Chine, l’Inde ou la Russie, où la main d’œuvre permet de dégager des marges bénéficiaires plus substantielles, une restructuration du secteur semble inévitable. Pour rentabiliser les investissements qui ne cessent de croître pour atteindre plusieurs dizaines de millions d’euros par jeu vidéo, il faut être implanté sur un maximum de continents, être présent toute l’année sur les rayons et sur toutes les plates-formes (PC, téléphone mobile, consoles portables, consoles de jeu).

Face à la fusion de Vivendi Games et d’Activision, l’américain Electronics Art pourrait tenter de réagir. Lundi matin, des spéculations faisaient état d’un possible rapprochement avec le studio français Ubisoft, dont il détient déjà 15% du capital et 25% des droits de vote. En décembre 2004, Electronic Arts était entré par surprise au capital d'Ubisoft, provoquant de nombreuses interrogations sur une tentative de prise de contrôle, mais s'était ensuite heurté à l'hostilité de son président Yves Guillemot, désireux de garder son indépendance. Pour l’heure, ces informations démenties ont fait bondir l’action d’Ubisoft à la Bourse de Paris, où le titre a grimpé de près de 7%. Le britannique SCI Entertainment, éditeur de la célèbre série « Lara Croft », pourrait aussi faire l'objet d'un rachat. L'américain Time Warner, déjà actionnaire de SCI à hauteur de 10%, serait intéressé.  Le marché des jeux vidéo est en pleine expansion et génère des revenus colossaux qui devraient représenter cette année 33,7 milliards d'euros.