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Tchad

Le poids des rivalités personnelles

par Laurent Correau

Article publié le 07/12/2007 Dernière mise à jour le 07/12/2007 à 09:09 TU

Abdelwahid Aboud (UFDD-Fondamentale), Timane Erdimi (RFC) et Mahamat Nouri (UFDD) dans le salon d’un hôtel de Syrte avant la signature de l’accord du 25 octobre.(Photo : L.Correau/RFI)

Abdelwahid Aboud (UFDD-Fondamentale), Timane Erdimi (RFC) et Mahamat Nouri (UFDD) dans le salon d’un hôtel de Syrte avant la signature de l’accord du 25 octobre.
(Photo : L.Correau/RFI)

Au Tchad, un quatrième groupe rebelle a fait parler de lui ce jeudi : l'alliance de deux mouvements moins importants militairement, le FSR (Front pour le Salut de la République) et le FPRN (Front Populaire pour la Renaissance Nationale) s'en est prise violemment à l'armée à Tissi, dans la région des trois frontières Tchad-Soudan-Centrafrique. Les combats ont fait des dizaines de blessés. Quatre groupes qui agissent séparément en deux semaines : c’est la preuve que les rebelles sont plus que jamais divisés et c'est un atout pour le pouvoir de Ndjamena.

Timane Erdimi, Abdelwahid Aboud et Mahamat Nouri refaisant le Tchad, enfoncés dans les divans d'un hôtel de Syrte. L'image date du 25 octobre dernier, avant la signature de l'accord avec le gouvernement.
Elle masquait mal tous les non-dits qui existent entre ces trois chefs rebelles : Erdimi, le Zaghawa Bideyat, ancien pilier du régime. Nouri, l'homme sur lequel les Soudanais ont misé pour faire tomber Idriss Déby. Aboud, l'ancien compagnon d'arme de l'UFDD (Union des Forces pour la Démocratie et le Développement), responsable avec d'autres d'une scission arabe au sein du mouvement.
Ces trois chefs sont rivaux pour la conquête du pouvoir, sur fond de compétition entre communautés régionales : Zaghawas, Goranes et Arabes.

Les appétits personnels sont le point faible de la rébellion. Et un problème auquel les parrains soudanais ont sans cesse cherché à remédier ces dernières années.
C’est déjà ce qui les avait poussés, fin 2005, à tenter de faire entrer les différents groupes de l’Est du Tchad dans une seule organisation : le FUC (Front Uni pour le Changement Démocratique). Objectif : remettre, entre les mains d’un seul, les armes, les véhicules et la logistique qui permettent de faire vivre un mouvement, pour forcer les autres à se soumettre à son autorité.
La personnalité du chef alors choisi par les Soudanais, Mahamat Nour, la force des logiques régionales et les ambitions de certains lieutenants ont conduit le FUC à l’éclatement.

Les rivalités fragmentent la capacité militaire des rebelles. Interrogé il y a quelques jours sur les raisons pour lesquelles l'UFDD de Nouri et le RFC (Rassemblement des Forces pour le Changement) de Timane avaient combattu séparément l'armée gouvernementale, un responsable du RFC avait alors avoué que « l'UFDD avait voulu bouger sans en avertir les autres ».

Les appétits personnels permettent par ailleurs au pouvoir de négocier des ralliements séparés pour faire revenir à Ndjamena certains cadres des mouvements concernés. Des anciens du SCUD, du FUC, de l’UFDD et d’autres mouvements ont d’ores et déjà rejoint la capitale pour une retraite dorée.