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Tchad/Soudan

Le Tchad et le Soudan à deux doigts de la guerre

par  RFI

Article publié le 07/01/2008 Dernière mise à jour le 29/01/2008 à 11:00 TU

L'aviation tchadienne a bombardé tôt lundi matin des objectifs au sud-ouest d’el-Geneina, une localité du Soudan toute proche de la frontière, censée abriter des rebelles tchadiens. Deux hélicoptères et un avion léger étaient impliqués dans l'opération. On ignore si les bombardements concernent une ou plusieurs bases de rebelles. Le président Idriss Deby Itno avait promis dimanche de les pourchasser  à l'intérieur du Soudan et Khartoum s'était dit prêt à faire face à toute agression armée. Les organisations humanitaires se déclarent inquiètes quant aux risques d’un conflit ouvert entre les deux Etats qui aurait des effets particulièrement négatifs sur les populations déplacées. Cette tension pourrait retarder encore un peu plus le déploiement de l'Eufor, la force de l'Union européenne dans l'est du Tchad.

L’aviation tchadienne a bombardé, lundi 7 janvier 2008, des bases rebelles installées au sud-ouest de la localité soudanaise d’el-Geneina, au Darfour.(Carte : L. Mouaoued / RFI)

L’aviation tchadienne a bombardé, lundi 7 janvier 2008, des bases rebelles installées au sud-ouest de la localité soudanaise d’el-Geneina, au Darfour.
(Carte : L. Mouaoued / RFI)

Des sources militaires tchadiennes ont indiqué que ce bombardement a été effectué vers 3H00 (Temps universel) par deux hélicoptères MI 17 et MI 24, ainsi que par un avion léger de type Pilatus. Le raid de lundi matin serait le deuxième bombardement de l'aviation militaire tchadienne dans l'ouest du Soudan. Selon certaines sources, les frappes de ce lundi matin sur les localités de Gokar et Ouadi Radi, à 35 km au sud-ouest d'el-Geneina ont fait 6 morts et 4 blessés. Les autorités tchadiennes reconnaissent ce bombardement mais n'en confirment pas le bilan. Un bilan que conteste l’alliance des trois principaux groupes rebelles de l’Est (l’UFDD de Mahamat Nouri, le RFC de Timane Erdimi et l’UFDD Fondamentale d’Acheik Ibn Oumar et Abdelwahit About)  dont les bases arrière situées au Darfour sont visées. Un responsable de cette rébellion admet qu'il y a eu seulement quelques blessés.

Ndjamena annonce que cette chasse aérienne aux rebelles de l'est tchadien, jusque dans leur retraite au Darfour va se poursuivre. Le président Idriss Deby avait promis ce week-end de « détruire les rebelles dans leur nid à l’intérieur du Soudan », invoquant un droit de poursuite. L'armée soudanaise s'était dite prête à faire face à toute attaque à partir du territoire tchadien. Mais depuis les bombardements de lundi matin, Khartoum ne s'est pas encore manifesté. Les autorités soudanaises ont juste annoncé le bombardement de dimanche, donnant un bilan de 3 morts et 4 blessés parmi les civils. Un raid aérien confirmé lundi par des sources militaire et sécuritaire tchadiennes.

Khartoum nie aider les rebelles tchadiens

Déjà tendues ces quatre dernières années, les relations entre Khartoum et Ndjamena se sont dégradées après les combats de fin novembre 2007 dans l'est du Tchad. Malgré sa victoire, l'armée tchadienne a perdu  beaucoup d'hommes dans la bataille, dont des proches du président Deby. Ce week-end, le président tchadien a promis de faire mordre la poussière aux rebelles et de les détruire à l'intérieur du Soudan. Réaction immédiate des Soudanais : un porte-parole des forces armées a déclaré dimanche à l'agence de presse gouvernementale que les bases militaires dans l'ouest du Soudan sont prêtes à faire face à toute attaque à partir du territoire tchadien. Samedi, Idriss Deby avait dénoncé un plan ourdi selon lui par Khartoum pour le déstabiliser.

Le Soudan a démenti abriter l'opposition tchadienne, le gouvernement el-Béchir n'ayant aucun intérêt à le faire, selon le porte-parole de l'armée soudanaise. Ndjamena avait envoyé la première salve de cette guerre des communiqués il y a plus d'une semaine, en accusant Khartoum de préparer une nouvelle agression, pour empêcher le déploiement dans l'est tchadien de l'Eufor, la force de l'Union européenne, et l’installation de la force hybride de l'Union africaine (UA) et de l'ONU au Darfour. Le Soudan avait ensuite affirmé que l'armée tchadienne a bombardé fin décembre des zones du Darfour.

Dans une première réaction, Rodolphe Adada, le nouveau chef de la mission afro-onusienne au Darfour (Minuad), s’est inquiété lundi de cette tension tchado-soudanaise qui risque d’affecter, selon lui, les déplacés et le bon déploiement de la force de maintien de la paix. Il a appelé, dans un communiqué diffusé depuis Khartoum, les gouvernements du Soudan et du Tchad « à la retenue, au dialogue et au respect de leurs obligations », notamment des rapports de bon voisinage, conformément aux accords conclus entre les deux Etats.