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Tchad

Déby reprend le contrôle

par  RFI

Article publié le 06/02/2008 Dernière mise à jour le 07/02/2008 à 10:29 TU

« Nous avons le contrôle total non seulement de la capitale mais du pays », a déclaré le président Idriss Déby Itno, mercredi à Ndjamena, lors de sa première conférence de presse depuis les combats qui ont eu lieu, le week-end dernier, entre les forces gouvernementales tchadiennes et les rebelles. S’adressant aux journalistes, habillé en treillis militaire de combat, le chef d’Etat tchadien a précisé que les rebelles ont fui et que certains « sont encore à Ndjamena déguisés en civil », tandis que d’autres « tentent de rejoindre la frontière. Nous les talonnons, nous les rattraperons, avant qu’ils ne rentrent au Soudan  ». La Croix-Rouge a par ailleurs indiqué que 160 personnes ont été tuées dans les affrontements du week-end dernier dans la capitale. Ce jeudi matin, les rebelles ont diffusé un communiqué accusant Paris d'ingérence.

Idriss Déby et le ministre français de la Défense Hervé Morin, le 6 février 2008 à Ndjamena.(Photo : Reuters)

Idriss Déby et le ministre français de la Défense Hervé Morin, le 6 février 2008 à Ndjamena.
(Photo : Reuters)

Idriss Déby, qui avait reçu dans la matinée le ministre français de la Défense, Hervé Morin, a également déclaré que « les rapports entre la France et le Tchad ont toujours été au beau fixe. La France n’a pas failli à ses engagements. La France a tenu ses engagements fortement par rapport à l’agression ». Le président tchadien a souligné que « l’appui de la France a été pour nous un élément d’appoint important », tout en précisant que « nous devons la victoire éclatante aux vaillantes forces nationales tchadiennes ».

Idriss Déby : situation militaire

« Les forces de défense et de sécurité ont repoussé les agresseurs (...). La situation est très bonne. Nous avons le contrôle total, pas uniquement de la capitale, mais du pays ».

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06/02/2008 par Cyril Bensimon

Idriss Déby n’a pas exclu d’accorder une grâce aux six Français de L’Arche de Zoé condamnés à huit ans de prison pour « tentative d’enlèvement d’enfants ». Il a admis examiner cette question, si la France le demande, « à partir du moment où la Constitution tchadienne me donne le droit d’élargir qui que ce soit, tchadien ou étranger ». En octobre 2007, cette association française avait tenté d’exfiltrer 103 enfants présentés comme des orphelins du Darfour, ce qui a conduit à la condamnation de six responsables qui ont été transférés en France le 28 décembre pour y purger leur peine, à l’abri d’un accord judiciaire bilatéral.

Message de soutien de la France

Les déclarations du chef de l’Etat du Tchad ont donc été prononcées à la suite de l’entretien qu’il a accordé, mercredi matin, au ministre français de la Défense. Hervé Morin s’est rendu à Ndjamena pour apporter un message de soutien de la France au président Déby  et pour affirmer que « le Tchad doit conserver son intégrité ». Lors de cette visite surprise, Hervé Morin a souligné que « la France fera ce qu’elle a déjà fait, dans les limites du droit international et des règles que le président de la République française a imposées aux forces pour cette opération ». Le ministre français a confirmé qu’une colonne de soutien de rebelles était en route vers la capitale tchadienne, mais qu’elle se déplaçait lentement, « ce qui nous laisse une marge de manœuvre ». Il a également révélé que parmi les militaires morts il y a « beaucoup d’enfants soldats ».  

Hervé Morin

Ministre français de la Défense

« C'est bien sûr un message de soutien au président Déby. Il y a eu une tentative de coup de force, c'est bien de cela dont il s'agit. Donc il me semble assez naturel que la France puisse apporter son soutien à un gouvernement légitime au Tchad. »

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06/02/2008

La France a lancé mercredi matin un nouvel avertissement aux rebelles, soulignant qu’elle pourrait agir de « façon plus décisive » en cas de nouvelle attaque. La France est liée au Tchad par des accords de coopération militaire qui prévoient une aide logistique, médicale et dans le renseignement, mais pas d’intervention directe. Outre les moyens aériens, les effectifs militaires français au Tchad sont évalués actuellement à 1 450 hommes. Le président Nicolas Sarkozy a déclaré mardi que la France était prête à « faire son devoir » au Tchad, après l’adoption d’une déclaration du Conseil de sécurité ouvrant la voie à une éventuelle intervention militaire directe française.

Dans une première réaction, les rebelles tchadiens ont affirmé que le soutien de la France au président Déby ne les « empêchera pas de repasser à l'offensive. Nous sommes déterminés à réaliser nos objectifs, quelle que soit la force étrangère qui intervient au Tchad, de France ou d’ailleurs ».

Au moins 160 personnes ont été tuées le week-end dernier au cours de la bataille pour la prise de la capitale. C'est ce qu'indique le Comité international de la Croix-Rouge. On savait déjà qu'au moins mille personnes ont été blessées lors des combats qui ont eu lieu à Ndjamena le week-end dernier. La capitale a retrouvé son calme ou presque. Les gens commencent timidement à sortir de chez eux, mais tous les magasins sont fermés et la première urgence, c'est trouver à se nourrir.

Les difficultés de vie à Ndjamena

« Peu à peu la population commence à ressortir. […] Mais la plupart des habitants de Ndjamena n’ont qu’une idée en tête : manger. »

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06/02/2008

Si dans la capitale les gens ont toutes les peines du monde à trouver à manger le sort des refugiés n'est guère plus enviable.

3 000 d'entre eux ont afflué au Nigeria et au moins 15 000 (peut-être même 20 000) sont aujourd'hui côté camerounais, à Kousséri, juste en face de Ndjamena. Les autorités tchadiennes ont beau leur dire de rentrer chez eux, la plupart d'entre eux s'y refusent.

Une nouvelle journée de survie pour les réfugiés tchadiens

« L'aide d'urgence se fait toujours attendre et faute de moyen tout devient difficile. »

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06/02/2008 par Emmanuel D'Abzac

Les menaces de la rébellion tchadienne

Dans un communiqué reçu jeudi matin, les rebelles tchadiens estiment que la France a pris « a pris une lourde responsabilité en prenant fait et cause pour le régime dictatorial, répressif, corrompu, mafieux et illégal, en manipulant de bout en bout le Conseil de sécurité (des Nations unies) pour justifier son intervention armée au Tchad »,

« L'opposition armée est désormais convaincue que la présence française au Tchad est un handicap majeur pour la paix et à l'avènement d'un régime véritablement démocratique (...) », ajoute le communiqué. La rébellion « mettra tout en oeuvre, de concert avec toutes les forces vives du pays, pour mettre fin à la Françafrique et bâtir un Tchad nouveau ».

                                                                                      Avec AFP

A écouter

Mahamat Nouri

Chef tchadien du parti d'opposition l'Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD)

« Déby dit qu'il contrôle Ndjaména, je suis parfaitement d'accord. Il contrôle Ndjaména grâce à l'aide massive de l'armée française. Mais dans l'Est, le Centre et dans le Nord, Déby n'a aucun contrôle (...) La France a pris fait et cause officiellement pour Déby, la France est partie prenante de la guerre (...) Nous sommes en train de voir la nouvelle donne ».

07/02/2008 par Ghislaine Dupont

Gérard Fuchs

Ancien député socialiste, directeur du département international de la fondation Jean-Jaurès

« Le minimum que devraient obtenir les autorités françaises, c'est de savoir où se trouvent ces opposants, d'avoir le droit de leur rendre visite, de connaitre les motifs de leur arrestation si tant est qu'ils existent (...) J'ai l'intime conviction qu'ils n'ont été mêlés en rien aux opérations militaires ».

07/02/2008 par Olivier Rogez

Tchad : Premiers bilans des combats

« Selon le Comité international de la Croix Rouge (CICR) à Ndjamena,  la bataille pour le contrôle de Ndjamena a tué au moins 160 civils, et en a blessé un millier le week-end dernier. Le bilan des tués du côté des militaires n'est toujours pas fait ».

07/02/2008 par Sonia Rolley