par RFI
Article publié le 11/02/2008 Dernière mise à jour le 11/02/2008 à 20:26 TU
Le Tchad ne veut plus des réfugiés en provenance du Darfour. Le Premier ministre tchadien Kassiré Coumakoye a estimé lundi que ces réfugiés créent « des problèmes ». Plus de 12 000 Soudanais ont fui ces derniers jours le Darfour, où les populations ont été attaquées par l'armée soudanais et les milices janjawid. 12 000 personnes ont donc traversé la frontière pour rejoindre les 240 000 Soudanais du Darfour qui sont déjà réfugiés au Tchad. Pour le Premier ministre tchadien « c'en est trop ».
Premier ministre tchadien
« Nous lançons un appel à la communauté internationale, de réorienter les 40 000 Soudanais qui viennent sur notre territoire ; pour les anciens, nous demandons purement et simplement la délocalisation. »
Le Haut Commissariat aux réfugiés de Nations unies a affirmé lundi soir ne pas être au courant d'une éventuelle demande de transfert de ces nouveaux réfugiés. Mais l'aide internationale dont dépendent les camps de réfugiés est, elle même, menacée par les mouvements de troupes dans la région. C'est l'organisation Action contre la faim, qui tire la sonnette d'alarme. Les combats de ces derniers jours au Tchad ont désorganisé la distribution de l'aide et le corridor humanitaire – mis en place depuis plusieurs années par les Nations unies et les ONG dans l'est du pays – est interrompu. Ainsi depuis dix jours, le fret, notamment le carburant et la nourriture, n'arrive plus à Abéché.
C'est dans ce contexte que les mouvements rebelles tchadiens dénoncent le prochain déploiement de la force européenne à l'est du Tchad, une force qui doit protéger les réfugiés soudanais. Ils exhortent les pays membres de l'Union européenne à ne pas participer à la mission de l'Eufor, dont ils contestent la neutralité car elle est dominée par la France. L’opération Eufor vise à déployer près de 3 700 militaires de 14 pays européens, dont 2 100 Français, dans l’est du Tchad et en Centrafrique, pour protéger 450 000 refugiés du Darfour, ainsi que les déplacés tchadiens et centrafricains.
Paris s'inquiète des combats au Darfour. La France souligne les risques de déstabilisation régionale et marque son « extrême inquiétude » devant les conséquences humanitaires des attaques à l'encontre des populations civiles. Pour le gouvernement français, cette situation rend encore plus urgent le déploiement de la force de l'ONU et de l'Union africaine, et le déploiement de l'Eufor. La France appelle ainsi « à la cessation immédiate des opérations militaires dans cette région et souligne à nouveau la nécessité de prendre des mesures pour protéger les populations civiles », demandant aux autorités soudanaises « d'assurer sans délai le libre accès des travailleurs humanitaires ».
La France demande également que les opposants tchadiens arrêtés puissent recevoir des visites. On est sans nouvelles depuis samedi, d'au moins trois hommes politiques tchadiens : Lol Mahamat Choua, Ibni Oumar Mahamat Saleh, et Ngarlejy Yorongar.
Porte-parole du ministère français des Affaires étrangères et européennes
« Nous avons bon espoir que ce droit de visite soit éxercé ; le ministre tchadien de l'Intérieur a indiqué très clairement que ces personnes seraient remises à la justice. »
Le ministre tchadien de l'Intérieur, Ahmat Mahamat Bashir, a récemment déclaré que « si ces hommes dont il est question se trouvent dans le lot des prisonniers, ils seront simplement remis à la justice ».
L'association Reporters sans frontières dénonce également « une chasse à l'homme » depuis l'attaque rebelle des 2 et 3 février, qui aurait poussé plusieurs journalistes tchadiens à fuir leur pays.
Quant aux rebelles, ils continuent à faire route vers le sud-est du pays. 200 à 300 véhicules filent vers la zone des frontières du Soudan et de la Centrafrique. Ils auraient atteint dimanche soir la localité d'Am Timan.