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Conjoncture

La croissance française au ralenti en 2007

par Myriam Berber

Article publié le 14/02/2008 Dernière mise à jour le 14/02/2008 à 15:49 TU

Le ralentissement de la croissance française aux cours des derniers mois de 2007 s’explique essentiellement par celui de la consommation des ménages.(Photo : AFP)

Le ralentissement de la croissance française aux cours des derniers mois de 2007 s’explique essentiellement par celui de la consommation des ménages.
(Photo : AFP)

Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la croissance française en 2007 s’est établie à 1,9%. Un pronostic inférieur donc aux prévisions du gouvernement qui tablait encore sur 2,25 % il y a quelques mois. Dans la zone euro, la croissance européenne atteint 2,7% et dépasse, pour la première fois depuis 2001, celle des Etats-Unis.

Le gouvernement français sauve l’honneur. La croissance française a été de 1,9% sur l'ensemble de l'année 2007, après une progression du produit intérieur brut (PIB) de seulement 0,3% au quatrième trimestre, selon les premiers résultats des comptes nationaux trimestriels publiés, jeudi 14 février 2008, par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Les résultats de 2007 sont en fait dans la continuité des années précédentes (2,2% en 2006, après 1,7% en 2005), et ce malgré un ralentissement marqué au quatrième trimestre.

Un coup de frein en fin d’année qui s’explique par un mouvement de déstockage des entreprises. Avec la baisse des prix des matières premières et de l’énergie, les entreprises ont cherché à déstocker pour passer sans attendre dans leurs comptes les pertes correspondantes, ce qui a pesé sur la production. Le ralentissement de la croissance en fin d’année s’explique également par le ralentissement de  la consommation des ménages : +0,4% après +0,8% au troisième trimestre.

Des prévisions à la baisse

La bonne nouvelle est à trouver du côté des entreprises où l’investissement se maintient à un niveau élevé. Les dépenses d’investissement ont augmenté de 1% après +1,1% au troisième trimestre. Sur l’ensemble de l’année, elles affichent une progression de 4,9%. Les échanges extérieurs n'ont pas manqué de dynamisme non plus. Mais la progression des importations ayant été plus forte que celle des exportations, la contribution du commerce extérieur à la croissance a été négative de 0,3 point.

La plupart des économistes estiment que « ces chiffres laissent peu d’espace pour prétendre atteindre 2% de croissance sur l’ensemble de l’année ». Face à ces analyses, le gouvernement s'arc-boute sur ses propres prévisions. La ministre de l’Economie et des Finances, Christine Lagarde, qui tablait encore sur 2,25 % il y a quelques mois, se dit aujourd’hui «convaincue d’une croissance autour de 2% sur l’ensemble de 2007 tout comme 2008 ». La ministre a confirmé cette priorité du gouvernement, et demeure persuadée, en dépit des doutes émis par les économistes, que « ces résultats attestent que les fondamentaux de l’économie française sont restés bien orientés au quatrième trimestre, en cohérence avec d’autres indicateurs ». Et Christine Lagarde de citer notamment « le record de création d’entreprises et le dynamisme de l’emploi ».

Inquiétudes pour 2008

Bon nombre d’experts interrogés estiment aussi que ces chiffres viennent conforter un scénario d’un ralentissement de l’activité en 2008. Selon eux, sur le plan extérieur, la situation économique des Etats-Unis, toujours menacés de récession, ne manquera pas de peser sur la demande mondiale dans son ensemble. Sur le plan intérieur, ce sont les comportements de consommation qui inquiètent le plus. Pour Mathieu Kaiser, économiste chez BNP Paribas : « la confiance des ménages, et surtout leur intention d’achats s’est effondrée en janvier à un niveau jamais vu. Si on ajoute à cela une inflation élevée, des créations d’emploi moins nombreuses et un resserrement marqué des conditions de crédit, toutes les raisons sont là pour prévoir une croissance proche de 1,3% en 2008 ».

Dans la zone euro, la croissance européenne est, en revanche, plutôt bonne. Elle atteint 2,7% et dépasse, pour la première fois depuis 2001, celle des Etats-Unis qui s’est établie à 2,2% en 2007. Ce chiffre est plutôt une bonne surprise, alors que les principales organisations internationales (BCE, FMI, OCDE) prévoyaient une croissance de 2,6% pour la zone sur l’ensemble de l’année 2007. Reste à voir combien de temps l’Europe pourra reste à l’abri. La croissance européenne s’est réduite, en effet, de moitié au cours des trois derniers mois. D’ores et déjà, le Fonds monétaire international a révisé sa prévision de croissance 2008 à 1,6%.