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Conjoncture

Prix à la hausse et croissance à la baisse

par Myriam Berber

Article publié le 21/02/2008 Dernière mise à jour le 21/02/2008 à 22:38 TU

L’inflation française a atteint 2,8% en janvier 2008, son niveau le plus élevé depuis plus de quinze ans.( Photo : Wikimedia )

L’inflation française a atteint 2,8% en janvier 2008, son niveau le plus élevé depuis plus de quinze ans.
( Photo : Wikimedia )

L’inflation a atteint 2,8% en France en janvier, selon les données publiées par l’Institut national de la statistique (Insee). En cause principalement : la crise financière mondiale, la hausse du prix du pétrole et des matières premières agricoles. Pour la France comme pour l’Europe, cette forte hausse des prix se combine à un ralentissement économique. La Commission européenne a révisé ses prévisions de croissance 2008 pour la zone euro à 1,8% contre 2,2% auparavant.

La valse des étiquettes continue. L’Institut national de la statistique (Insee) a révélé, jeudi 21 février 2008, un record d’inflation depuis mai 1992 : en 2007, les prix à la consommation ont augmenté de 2,8%. Selon l’Insee, cet indice des prix à la consommation résulte de mouvements opposés. Ce sont les postes de dépenses les plus essentiels qui affichent la plus forte progression. Sur ces 2,8%, 0,7% proviennent des augmentations de prix dans l’alimentation et 1% dans l’énergie.  

A l’inverse, les postes des loisirs et des communications ont diminué. Les soldes ont également fait baisser les prix de l’habillement, et dans une moindre mesure les prix des autres produits manufacturés. Début janvier, le président de la Fédération du commerce et de la distribution Jérôme Bédier avait annoncé une augmentation globale des prix de 3% pour 2008.

La Commission européenne plus optimiste que le FMI

Avec un taux d’inflation de 2,8%, la France atteint un niveau élevé mais qui reste dans la moyenne de la zone euro qui est supérieure à 3%. Mais elle se situe bien au-dessus de l’objectif fixé par la Banque centrale européenne (BCE) qui misait sur un taux légèrement inférieur à 2%. Pour l’économiste Nicolas Bouzou du cabinet Asteres, ce retour d’inflation en France ne devrait pas aller au-delà du premier semestre 2008 et ce pour deux raisons : « Premièrement, l’économie française n’est pas du tout installée dans une spirale inflationniste auto-entretenue. Une telle situation exigerait la réunion d’une indexation généralisée des salaires sur les prix et d’une politique monétaire favorable à une expansion débridée du crédit. Des  éléments qui ne sont pas présents à l’heure actuelle. Deuxièmement, la situation sur les marchés des matières premières devrait se détendre, en particulier sur les marchés alimentaires ».

Pour la France comme pour l’Europe, cette hausse des prix se combine à un ralentissement économique. Selon ses dernières prévisions publiées jeudi 21 février 2008, la Commission européenne a fortement abaissé sa prévision de croissance 2008 pour la zone euro à 1,8% contre 2,2% prévus en novembre dernier. La Commission reste cependant un peu plus optimiste que le Fonds monétaire international qui table sur 1,5%. Cette nette décélération de l’activité, amorcée déjà à la fin de l’année 2007, est due, selon le commissaire européen aux Affaires économiques à  « des vents contraires mondiaux ». Et Joaquin Almunia de citer : « La crise financière mondiale, le ralentissement économique aux  Etats-Unis et les  prix élevés des matières premières ».  

Pas de risque de stagflation

La correction des prévisions de croissance est particulièrement marquée dans deux des plus importantes économies de la zone, l’Allemagne à 1,6%  et l’Italie à 0,7%. La Commission a aussi revu en baisse sa prévision de croissance pour la France à 1,7% un chiffre très en-deçà des prévisions du gouvernement français qui table sur une hypothèse autour de 2% pour 2008.  Seul un pays a vu sa croissance relevée : les Pays-Bas dont la hausse du PIB devrait atteindre les 2,9% contre 2,6%.

Le commissaire européen aux Affaires économiques s'est cependant montré rassurant quant aux risques de stagflation, un scénario-catastrophe qui verrait une baisse de l’activité tandis que l’inflation ferait rage. Joaquin Almunia écarte cette hypothèse. «Nous ne sommes pas dans une situation de stagflation. Nous sommes dans un environnement conjuguant croissance plus faible et inflation plus forte, mais il y a toujours de la croissance, et les pressions inflationnistes peuvent être combattues et réduites », a-t-il indiqué. Une des clés de la croissance sera sans doute l’évolution de la situation aux Etats-Unis, toujours menacés de récession. Pour sa part, la Commission estime que les indicateurs permettent d’envisager un rebond de la croissance au second semestre de 2008 si l’économie américaine recommence à croître et si la crise financière se stabilise dans les mois qui viennent.

Eric Heyer

Directeur adjoint du département analyse et prévision de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE)

« Par ailleurs, on peut encore constater que la France est un pays dans la zone euro qui connaît le moins d’inflation, puisque l’inflation dans la zone euro est supérieure à 3 %, il y a même des pays comme l’Espagne qui dépasse les 4 % d’inflation. »

Audio

François Fillon, Premier ministre

(extrait France 2)

« La France a mis en œuvre une politique économique qui lui évite d’avoir une baisse de croissance aussi forte que les autres pays européens. »

21/02/2008