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Politique économique

Les Français désenchantés

par Myriam Berber

Article publié le 22/02/2008 Dernière mise à jour le 22/02/2008 à 17:02 TU

Près de six Français sur dix jugent «mauvaise» la politique économique menée par le gouvernement. Un sondage BVA pour le journal économique Les Echos révèle une nouvelle chute de la confiance des Français qui retombe à un niveau de pessimisme encore plus bas que celui, jusqu'alors record, des ères Raffarin et Villepin.

Après un médiocre mois de décembre et un mauvais mois de janvier, février s’avère encore plus sombre pour Nicolas Sarkozy.(Photo : Reuters)

Après un médiocre mois de décembre et un mauvais mois de janvier, février s’avère encore plus sombre pour Nicolas Sarkozy.
(Photo : Reuters)

A l’évidence, à quelques jours du premier tour des élections municipales, les sondages ne sont pas bons pour Nicolas Sarkozy. Son impopularité ne tient pas qu'à la médiatisation de sa vie privée. Le baromètre mensuel BVA - BFM - Les Echos - The Phone House, publié vendredi 22 février 2008, constate une profonde détérioration du jugement des Français sur l’action économique et sociale du gouvernement. En février 2008, 58% des personnes interrogées la jugent « mauvaise », tandis que 36% la trouvent « bonne ». Ils étaient respectivement 56% et 39% en janvier. Un recul de trois points en un mois.  

Les ouvriers et les classes moyennes ont été les premiers à l’automne dernier à se montrer déçus de la politique économique gouvernementale. Fin décembre, ce fut au tour des professions intermédiaires, comme les instituteurs et les comptables. Depuis janvier, l’impopularité est majoritaire dans toutes les catégories de la population. L’exécutif a perdu le soutien des plus âgés, des plus jeunes, des cadres, des travailleurs indépendants, des hauts revenus et des sympathisants de droite autres que UMP.

Des décisions « électoralistes »

Pour l’économiste Philippe Waechter du cabinet Natixis Asset Management, les Français dans leur ensemble sont déçus mais par pour les mêmes raisons : « la stagnation du pouvoir d’achat combinée à la hausse des prix alimentaires et de l’essence explique la déception des catégories les plus modestes. A l’inverse, les hauts revenus sont déçus parce que l’action du gouvernement n’a pas véritablement opéré la rupture qu’il attendait ».  

S’agissant des dernières décisions, la non-dérèglementation des taxis et la hausse du minimum vieillesse sont « perçues comme de l'indécision et de l'électoralisme », indique le sondage BVA. 69% des personnes interrogées jugent que ces décisions montrent que le gouvernement « ne sait pas où il va et qu'il ne fait que réagir aux prochaines élections municipales ». Désormais défiants à l’égard des toutes les décisions gouvernementales, près de 67% des Français trouvent également « justifié » le mouvement des salariés de l’audiovisuel public contre la suppression de la publicité sur leurs antennes.

Le moral des Français s’effondre

La crise financière mondiale, la faible croissance et la mauvaise gestion du dossier du pouvoir d’achat ont eu raison également du moral des Français. « Le moral des Français qui avait atteint des sommets après l’élection de Nicolas Sarkozy se situe à un niveau de pessimisme encore plus profond que celui, jusqu'alors record, des ères Raffarin et Villepin », souligne le sondage BVA. Par ailleurs, 72% des sondés contre 20% se déclarent « moins confiants » sur la situation économique de la France. 65% contre 27% moins confiants sur l’avenir de l’emploi. Les Français sont également très pessimistes sur leur avenir personnel : 57% contre 31% qui se déclarent optimistes. « Renverser cette tendance sera sans doute difficile et long, et passera bien davantage par des meilleurs résultats économiques, notamment sur le front du pouvoir d’achat, que par une moindre ostentation de la vie privée du chef de l’Etat », relève le sondage.

Morosité oblige, la consommation des ménages français a de nouveau décroché en janvier, reculant de 1,2% malgré les soldes d’hiver. Selon les données publiées, vendredi 22 février 2008, par l’Institut national de la statistique, la consommation en produits manufacturés qui constitue un bon indicateur de la tendance globale, a cédé du terrain dans tous les secteurs à l’exception de l’habillement. « La chute est particulièrement nette dans les biens durables (-3,9%) qui enregistrent leur plus forte baisse depuis plus de onze ans, en raison du plongeon des achats d’automobiles », explique l’Insee. A l’origine du problème : les faibles évolutions de salaires mais aussi et surtout le retour de l’inflation qui a atteint les 2,8%.