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Algérie/Tunisie

Deux touristes autrichiens enlevés par al-Qaïda

par  RFI

Article publié le 11/03/2008 Dernière mise à jour le 12/03/2008 à 00:09 TU

Les forces de sécurité algériennes tentent actuellement de localiser, près de la frontière avec la Tunisie, les ravisseurs des deux touristes autrichiens qui avaient disparu il y a un mois dans le sud tunisien. On parlait jusqu'ici de disparition, maintenant il est possible de parler d'enlèvement. Car, dans un enregistrement diffusé, lundi, par la chaîne de télévision satellitaire du Qatar Al-Jazira, un porte-parole d’al-Qaïda au Maghreb a indiqué que son groupe avait « kidnappé le 22 février en Tunisie un couple autrichien ». Selon lui, Wolfgang Ebner, un consultant de 51 ans, et Andrea Kloiber, une infirmière de 44 ans, « sont en bonne santé et bien traités ». Arrivés le 10 février en Tunisie, ils faisaient une excursion dans le désert, au sud du pays, lorsqu'ils ont cessé de donner des nouvelles. Le site internet du journal algérien Annahar affirme mardi que les ravisseurs sont passés au Mali.

Les deux touristes autrichiens étaient passés par Gafsa et Kebili.(Carte : RFI)

Les deux touristes autrichiens étaient passés par Gafsa et Kebili.
(Carte : RFI)

Selon le porte-parole d’al-Qaïda, son groupe détiendrait le couple de touristes depuis le 22 février. Les deux Autrichiens avaient donné pour la dernière fois de leurs nouvelles à la mi-février. A ce moment-là, ils étaient dans le Sud de la Tunisie, et se déplaçaient en 4x4.

Dans la vidéo diffusée lundi, le porte-parole d’al-Qaïda traite aussi la Tunisie « d’Etat apostat », et ordonne aux touristes occidentaux de ne pas se rendre là bas. Il dit en fait qu’al-Qaïda peut les atteindre où qu'ils soient. La Tunisie, de son côté, affirme qu'elle a fait d'intenses recherches, mais refuse d'admettre que l'enlèvement ait eu lieu sur son sol. Pour elle, les touristes sont allés trop loin dans le désert, et ont été enlevés côté algérien, où sont d'ailleurs les bases d' al-Qaïda au Maghreb.

Actuellement, il semblerait justement que les touristes et leurs kidnappeurs soient passés en Algérie. C'est en tout cas ce qu'affirme le journal arabophone algérien Annahar. Selon lui, les autorités algériennes seraient à la poursuite du groupe. Une thèse suggérée par la vidéo diffusée lundi dans laquelle al-Qaïda avertit l'Algérie de ne pas tenter d'intervention militaire.

Protéger la vie des otages

Le site Internet du quotidien Annahar affirme, mardi, qu’après plusieurs jours de traversée, le groupe de ravisseurs et les deux touristes seraient passés par l'Algérie et la Lybie, avant de finalement rejoindre une base arrière dans le nord du Mali. Auparavant, le groupe avait été signalé près des localités algériennes de Tébessa et Oued Souf, tout près de la frontière avec la Tunisie, une zone où l'armée algérienne tentait de les localiser. Un responsable du même journal ajoute que les forces algériennes ont effectué une manœuvre pour repousser les ravisseurs et leurs otages vers le Nord Mali, une zone où les négociations pourraient plus facilement être engagées, ce qui éviterait aussi à l'Algérie de dialoguer avec les terroristes sur son territoire.

Les ravisseurs, dont le nombre n'est pas connu, relèveraient du commandement sud d'al-Qaïda, placé sous la responsabilité de l’«émir » (chef) Yahyia Abou Ammar, selon le quotidien. Le groupe d'Abou Ammar est l'instigateur présumé de l'assassinat de quatre touristes français, tués en Mauritanie le 24 décembre 2007.

Ces informations n’avaient pu être confirmées de sources officielles à Alger, Bamako ou Vienne. Le ministre autrichien de l’Intérieur, Günther Platter, a déclaré mardi que l’Autriche « n’a pas encore reçu de revendication » des ravisseurs. Le gouvernement de Vienne avait demandé à l’Algérie et à la Tunisie de ne pas intervenir militairement pour protéger la vie des otages.

En mai 2003, l'armée algérienne était intervenue pour libérer des otages occidentaux enlevés par le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), rallié en septembre 2006 à al-Qaïda. Dix-sept de ces 32 touristes suisses, allemands et néerlandais avaient été libérés au nord de Tamanrasset (extrême-sud algérien) par l'armée algérienne.

Quatorze autres avaient été libérés le 18 août suivant à Kidal (Mali), après le versement par Berlin d'une rançon de près de 5 millions d'euros, selon des informations jamais confirmées officiellement. Une otage allemande avait trouvé la mort dans le désert fin juin des suites d'une insolation. Le principal instigateur de cette prise d'otages spectaculaire était l'islamiste algérien Amari Saïfi, dit Abderrazak "El Para", arrêté au Tchad en 2004 et remis à l'Algérie. Il est depuis en détention dans l'attente d'un procès annoncé et remis à plusieurs reprises.

Anne Giudicelli

Responsable du cabinet Terrorisc

« Pour l'instant on a effectivement une revendication. [..] On est typiquement dans la même marque de fabrique en terme communiqué, de rhétorique, de signature et d'arguments. »

écouter 7 min 07 sec

11/03/2008 par Frédérique Genot