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Comores

Bacar attend de pied ferme l'intervention militaire de l'UA

Article publié le 15/03/2008 Dernière mise à jour le 15/03/2008 à 14:45 TU

Mohamed Bacar devant des journalistes, le 15 février 2008, à Anjouan. Le colonel anjouanais cherche à médiatiser ses arguments.( Photo AFP )

Mohamed Bacar devant des journalistes, le 15 février 2008, à Anjouan. Le colonel anjouanais cherche à médiatiser ses arguments.
( Photo AFP )

Les troupes de l'Union africaine venant de Tanzanie, du Sénégal, du Soudan et de Libye, qui vont participer à l'opération militaire contre les dirigeants de l'île autonome d'Anjouan, arriveront dans l'archipel d'ici demain dimanche. « Nous allons reprendre le contrôle de l'île d'Anjouan. Mohamed Bacar, s'il résiste ou essaye de répondre, ne nous échappera pas. Si on met la main sur lui, il sera jugé comme criminel de guerre », affirme José Francisco Madeira, l'envoyé spécial de l'Union africaine aux Comores. Notre envoyé spécial à Anjouan Nicolas Champeaux a rencontré Mohamed Bacar, qui s'en prend violemment à l'UA.

Avec notre envoyé spécial, Nicolas Champeaux

Mohamed Bacar prend un malin plaisir à tourner en dérision le quatuor de pays membres de l’Union africaine prêts à participer à un débarquement militaire sur Anjouan. « Nous n’avons aucune leçon de démocratie à recevoir de la Libye et du Soudan », déclare t-il, avant de suggérer : « si le Soudan envoie des troupes ici, c’est aussi peut-être parce qu’il souhaite que l’on parle moins du Darfour. »

Bacar remet aussi en question l’unité de l’UA sur le dossier comorien. Il est vrai que la Tanzanie, qui assure la présidence en exercice de l’Union, est passée outre les réserves du poids lourd, Pretoria, quant à une intervention militaire. Le président sud africain Thabo Mbeki a déclaré cette semaine que « les voies diplomatiques n’avaient pas été épuisées » mais le président de l’archipel comorien, Ahmed Sambi a convaincu un noyau solide de pays qu’il n’était pas convenable de négocier avec un président illégitime.

Selon Bacar, c’est le décret de Sambi appelant à repousser les élections de juin sur l’île qui est illégal. Bref, pour Bacar le procédurier, l’Union africaine aurait été mieux inspirée de dépêcher des constitutionnalistes et non des soldats sur son île.

« Ce n’est pas avec des bottes et  des kalachnikovs que l’on va aider les Comores » déclare encore Mohamed Bacar, se posant comme  partisan du dialogue.  « Un vrai dialogue », précise Bacar, qui fulmine de ne pas avoir été convié à la table des négociations du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Le président contesté d’Anjouan est prêt à organiser des élections sur son île dès demain, si et seulement si, des élections sont organisées aussi sur  les deux autres iles de l’Union, les Grande Comores et Moeli.  

Il appelle aussi de ses voeux une table ronde sur les institutions de l’archipel, mais le président de l’Union, Ahmed Sambi, lui a déjà opposé une fin de non-recevoir sur ces deux questions.

Mais il est peu probable que ces deux avancées parviennent à convaincre les pays de l’UA de faire marche arrière et de rappeler leurs troupes. Bacar dit ne pas être effrayé par l’éventualité d’un débarquement : «  Je suis prêt à mourir pour l’intérêt des Anjouanais et des Comoriens »    assène-t-il avec un ton aussi déterminé que dramatique, avant d’ajouter :« Les troupes qui débarquent à Anjouan seront considérées comme des envahisseurs et seront traitées comme tels. »         

A écouter

Ahmed Ben Saïd Jaffar

Ministre comorien des Relations extérieures et de la Coopération

« Toutes les voies du dialogue ont été explorées (...) Bacar est allé trop loin. C'est lui qui sera tenu responsable des conséquences humaines et matérielles d'une intervention militaire ».

15/03/2008 par Christophe Champin