Article publié le 18/03/2008 Dernière mise à jour le 18/03/2008 à 11:13 TU
Avec notre correspondant à Moscou, Thierry Parisot
Si l'on peut lire l'avenir des relations entre Moscou et Washington sur le visage de Condoleeza Rice, il s'annonce plutôt souriant. Face au président élu, mais pas encore en fonction, Dmitri Medvedev, la secrétaire d'Etat américaine fait assaut d'amabilités : sourires, hochements de tête approbateurs...
Il faut dire que l'homme qui va diriger la Russie à partir du 7 mai prochain ne lui dit rien de désagréable : nous voulons avancer, déclare-t-il, notamment sur le bouclier anti-missiles que les Américains veulent déployer en Pologne et en République tchèque pour contrer une éventuelle menace iranienne, mais que les Russes considèrent comme une menace à leur propre sécurité.
Le programme est substantiel, promet Dmitri Medvedev, et c'est vrai qu'on peut y ajouter les désaccords sur le Kosovo, sur le traité Start de réduction du nombre des armes stratégiques, sur le nucléaire iranien et maintenant sur la situation au Tibet : Moscou soutient la Chine « contre les actions illégales au Tibet », alors que Washington appelle au dialogue avec le Dalaï-Lama.
Le programme est substantiel, donc, mais si l'on en croit le président sortant, rien est impossible. Vladimir Poutine a annoncé sans plus de précisions le réglement de plusieurs problèmes. Et, tout aussi énigmatique, il promet la reprise d'un dialogue fructueux.
L'élargissement de l'OTAN, toujours problématique
L'occasion de vérifier cette bonne volonté russe pourra être testée dès ce mardi par Condoleeza Rice et Dick Cheney, qui rencontrent leurs homologues russes pour toute une série de sujets qui fâchent, à commencer par l'élargissement de l'OTAN.
La Russie ne veut pas que l'Ukraine et la Géorgie entrent dans l'Alliance atlantique. Elle joue sur tous les registres pour empêcher cet élargissement. Ainsi, Vladimir Poutine manie à la perfection l'art de la menace.
A l'attention des Ukrainiens, il affirme que des missiles russes seraient pointés sur Kiev, si l'Ukraine menait à bien son projet « aventureux » d'adhérer à l'Alliance atlantique. Il n'a même pas besoin de parler des prix du gaz, qui pèsent toujours plus lourd sur le budget ukrainien. Aux Géorgiens, il déclare que les républiques séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du sud, soutenues par Moscou, feraient immédiatement sécession et que leur indépendance serait reconnue par la Russie.
Vladimir Poutine et son administration savent jouer aussi de l'encouragement. Et de citer, pour l'occasion, l'exemple de la Moldavie, avec à sa tête un président qui promet de ne « jamais » entrer dans l'Otan et de toujours rester neutre. Il devrait en être récompensé, prochainement : sa propre république séparatiste de Transdniestrie commence à être nettement moins soutenue par Moscou, le Kremlin travaille désormais à un accord qui verrait ce territoire rebelle rentrer dans le rang.
Un dernier mot, à l'attention de l'Otan : la Russie propose ses services pour aider en Afghanistan... au minimum avec une autorisation de survol pour ouvrir une nouvelle voie d'approvisionnement.
Tout est mis sur la table avant le prochain sommet de l'Otan, le 2 avril.
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