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Guinée

Kouyaté fait expulser Chantal Cole

par  RFI

Article publié le 20/03/2008 Dernière mise à jour le 21/03/2008 à 00:43 TU

Le gouvernement du Premier ministre Lansana Kouyaté a expulsé la Franco-Guinéenne Chantal Cole accusée de diffamation.(Photo : AFP)

Le gouvernement du Premier ministre Lansana Kouyaté a expulsé la Franco-Guinéenne Chantal Cole accusée de diffamation.
(Photo : AFP)

Chantal Cole est arrivée jeudi matin à Paris après son expulsion de Guinée pour diffamation envers le gouvernement et atteinte à l'honneur et la dignité du Premier ministre. La femme d'affaire franco-guinéenne avait été arrêtée mardi sur ordre du ministre de l'Intérieur après avoir dénoncé, au cours d'une conférence de presse, la « dilapidation » des fonds publics par le Premier ministre Lansana Kouyaté. Cette expulsion semble être un nouvel épisode de la lutte de pouvoir entre les proches du Premier ministre, nommé sous la pression populaire et internationale en mars 2007, et le « clan » du président Lansana Conté, 73 ans, au pouvoir depuis 1984.

À l’origine de cette expulsion, une conférence de presse que Chantal Cole a animé en début de semaine à Conakry, au cours de laquelle elle a notamment déclaré qu’entre février 2007 et février 2008, « il y a eu des dépenses dans ce pays, qui n’honorent pas ceux qui prétendaient venir réduire les dépenses ». Elle a aussi déclaré que les trois prédécesseurs de l’actuel Premier ministre « n’ont pas utilisé, en dix ans, autant d’avions privés pour leurs déplacements, que Lansana Kouyaté. En plus ils partaient en mission sans femme, sans enfants et sans cuisinier ». En passant, elle a également dénoncé ce qu’elle a appelé de « valse des marchés de gré-à-gré ».  

Persona non grata

Chantal Cole a ainsi été accusée de tenir des propos « diffamatoires et déshonorants » envers Lansana Kouyaté et son gouvernement et expulsée, mercredi soir, vers Paris. Mais, avant cette expulsion, la Franco-Guinéenne avait été retenue pendant 30 heures, dans les locaux de la police judiciaire à Conakry, pour y être longuement interrogée. Après sa libération elle a seulement eu le temps de faire ses valises et partir.

L’arrêté signé par le ministre de l’Intérieur Mamadou Bo Keita fait état de « l’expulsion définitive de Mme Chantal Cole, de nationalité française ». « Je suis expulsée sur ordre du Premier ministre », a-t-elle déclaré peu avant son départ de Conakry. Chantal Cole disposait d’un passeport diplomatique guinéen qui lui a été confisqué par la police judiciaire. Elle est née en Guinée et résidente dans ce pays depuis de nombreuses années, où elle dirigeait la société Alo-Guinée, propriétaire du réseau de téléphonie mobile Areeba, leader national du secteur avec près d’un million d’abonnés.

Lutte de clans

Les observateurs soulignent que Chantal Cole est très proche du Président Lansana Conté et des principaux membres de son clan, aussi sa prise de parole et son expulsion traduisent le malaise grandissant entre le Premier ministre Kouyaté et le clan présidentiel. On se demande en Guinée, si l'expulsion de Chantal Cole n’est pas le prélude à une nouvelle crise politique. La question mérite d'être posée lorsque l'on connait l'influence que celle-ci possède au sein du clan présidentiel. Il y a un mois, Chantal Cole recevait à son domicile le chef de l'Etat et son bras droit Fodé Bangoura, qui a été ministre à plusieurs reprises, Au cours de cette rencontre il a été question de la nomination de Fodé Bangoura au poste de ministre chargé des Affaires présidentielles.

Depuis l'arrivée de Lansana Kouyaté à la primature, il y a un an, le clan Conté cherche à restaurer son influence perdue. Récemment, le Président a longuement reçu successivement trois leaders politiques : Cellou Dalein Diallo, président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Sidia Touré, de l’Union des forces républicaines (UFR), et Jean-Marie Doré de l’Union pour le progrès de la Guinée (UPG). L'objectif étant manifestement de préparer la succession du Premier ministre.

Dans l'entourage de Lansana Kouyaté on observe d'un œil inquiet ces manœuvres. Aussi lorsque Chantal Cole évoque publiquement le train de vie du Premier ministre et la dilapidation des fonds publiques, cet entourage y voit une tentative de saboter l'image de Lansana Kouyaté. D'où cette expulsion dont le président, actuellement reclus au village, n'aurait pas été informé. L'ambiance est d'autant plus délétère que le gouvernement prépare une série de mesures impopulaires comme la hausse du prix des carburants, alors que celui du riz est déjà remonté en flèche.