Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Kenya

L’impasse politique engendre des protestations

par  RFI

Article publié le 08/04/2008 Dernière mise à jour le 08/04/2008 à 23:58 TU

La police kényane a dispersé mardi une manifestation de l’opposition contre les blocages qui retardent la formation d’un gouvernement de coalition entre le Parti de l’unité nationale (PNU) du président Mwai Kibaki et le Mouvement démocratique orange (ODM) dirigé par Raila Odinga qui devrait prendre le poste de Premier ministre. Les deux parties se rejettent la responsabilité du blocage des pourparlers en vue de la formation de ce cabinet d’union, issu de l’accord de partage du pouvoir conclu en février dernier.

 Un homme guide un écolier à travers les émeutes et le feu à Nairobi.(Photo: Reuters)

Un homme guide un écolier à travers les émeutes et le feu à Nairobi.
(Photo: Reuters)

Selon les témoins, des centaines de manifestants de l’opposition ont brûlé des pneus et bloqué des routes dans la banlieue de Nairobi, notamment à Kibera, le plus grand bidonville du Kenya, qui est un fief de l’opposition. Des habitants racontent que les manifestants ont également pillé des magasins et arraché des rails de la ligne de chemin de fer qui relie Nairobi au port de Mombassa et à l’Ouganda. La police anti-émeute a tiré en l’air et usé des gaz lacrymogènes contre les manifestants qui lançaient des pierres en direction des forces de sécurité. Les manifestants exigeaient la formation immédiate du nouveau gouvernement et certains comparaient le président kényan au chef d’Etat du Zimbabwe Robert Mugabe. Des incidents se sont également produits dans la ville de Kisumu, bastion de l’opposition dans l’ouest du pays.

Kenya, émeutes à Kibera

« L'opposition a déclaré la suspension des négociations pour la formation du gouvernement de coalition.»

écouter 01 min 22 sec

08/04/2008 par Stéphanie Braquehais

Il s’agit des plus violentes manifestations depuis la conclusion de l’accord de principe, le 28 février, sous la médiation de l’ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, qui devrait permettre un partage du pouvoir et régler ainsi la crise politique qui s’abat sur le Kenya depuis l’élection présidentielle du 27 décembre 2007, entachée, selon l’opposition, de graves irrégularités. Aux termes de cet accord, entériné à l’unanimité par le Parlement, le 18 mars dernier, le président Kibaki et le leader de d’opposition Raila Odinga sont convenus de former un gouvernement de 40 membres qui devait être annoncé dimanche dernier. Mais des divergences persistent toujours au sujet de l’attribution de certains ministères clefs, dont les Affaires étrangères, l’Energie, la Défense, la Sécurité interne et la Justice, ainsi que la nomination des hauts fonctionnaires et des diplomates.

Le Mouvement démocratique orange (ODM) a ainsi déclaré, mardi, avoir suspendu ses négociations avec le camp présidentiel « jusqu’à ce que le PNU reconnaisse le principe de partage à 50% du pouvoir ». L’ODM a également réclamé la dissolution du gouvernement nommé par le président Kibaki début janvier. Le président a accusé lundi l’opposition de vouloir imposer « des conditions préalables et des ultimatums » et a invité Raila Odinga à adopter une « attitude constructive permettant la formation d’un nouveau cabinet ».

La presse de Nairobi est particulièrement critique envers les politiciens kényans. Ainsi le Daily Nation a dénoncé le « manque d’honnêteté et de bonne foi des deux parties », tout en soulignant que la formation du nouveau gouvernement ne doit pas se limiter à l’attribution de postes aux dirigeants des partis politiques mais, plutôt, « à faire sortir le Kenya de la menace du chaos et de l’anarchie ». La présente crise politique et ethnique a fait près de 1 500 morts et 300 000 déplacés, depuis les élections présidentielle et législatives de décembre dernier.