par RFI
Article publié le 14/04/2008 Dernière mise à jour le 14/04/2008 à 20:39 TU
Une patrouille de la police antiémeutes, près de la Haute Court de Harare, le 14 avril 2008.
(Photo : Reuters)
Plus de deux semaines après les élections générales, on ignore toujours qui est le gagnant de la présidentielle du 29 mars et il est toujours question de recomptage des bulletins de vote. Le tribunal de Harare a rejeté, lundi, un recours de l’opposition demandant la publication immédiate des résultats de l’élection présidentielle. L’opposition a réagi en réitérant son appel à la grève générale à partir de ce mardi 15 avril et jusqu’à ce que les résultats soient publiés. Les autorités qui ont interdit les rassemblements politiques dans la capitale ont décidé de renforcer le dispositif policier dans tout le pays et menacent de traiter « sévèrement et fermement ceux qui perturbent la paix civile ».
« Le recours est rejeté et les frais de justice restent à charge du requérant », a déclaré le juge Tendai Uchena, une décision qui a été saluée par le parti du président Robert Mugabe, 84 ans, au pouvoir depuis 1980. Il s’agit, selon les observateurs, d’un sérieux revers pour l’opposition zimbabwéenne, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), qui espérait faire reconnaître la victoire de son leader Morgan Tsvangirai, 56 ans, au premier tour du scrutin. L’opposition a immédiatement réitéré son appel à la grève générale à partir de ce mardi et jusqu’à ce que les résultats soient publiés. Nelson Chabissa, porte-parole du MDC, a exprimé sa déception face à la décision de la justice, soulignant que les tribunaux sont manipulés par le régime de Mugabe et de son parti l’Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU-PF).
Porte-parole du MDC
Les juges au Zimbabwe sont nommés par Robert Mugabe et leur verdict témoigne souvent de leur reconnaissance et de leur loyauté envers le régime. Quand ce n’est pas le cas, ils sont limogés. Mugabe ne s’en cache pas. Il a affirmé publiquement par le passé que les juges n’étaient pas mandatés pour se mettre au travers du chemin de son « combat révolutionnaire ». A noter, aussi, que la Haute Cour n’a pas brillé par sa célérité. Elle a mis neuf jours pour rendre son verdict, alors qu’elle était saisie en urgence, et Robert Mugabe ne s’en est pas plaint. Les commentateurs disent que, au contraire, cela a permis de donner « une forme de légitimité » au pourrissement auquel on assiste actuellement au Zimbabwe.
L’opposition n’abandonne pas le terrain judiciaire, pour autant. Elle s’attaque à la décision de la Commission électorale du Zimbabwe (ZEC) de procéder, samedi prochain, à un recomptage partiel des voix. Ce nouveau décompte pourrait permettre à Robert Mugabe de retrouver une majorité au Parlement. Le jugement aura lieu en principe ce mardi, une journée qui s’annonce chargée, car l’opposition appelle aussi à une grève générale pour réclamer la publication des résultats des élections.
Face à cette situation, la police zimbabwéenne a averti qu'elle réprimera « sévèrement » tout fauteur de trouble durant la grève générale de mardi et elle a annoncé le déploiement de forces de sécurité supplémentaires dans tout le pays. A noter qu'un agent électoral de l'opposition a été tué samedi soir par des partisans de Robert Mugabe. La police a confirmé le meurtre mais refuse l'hypothèse d'un meurtre politique.
Sur le même sujet