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Italie

Une victoire comme un défi

par Béatrice Leveillé

Article publié le 15/04/2008 Dernière mise à jour le 16/04/2008 à 10:45 TU

Silvio Berlusconi.(Photo : AFP)

Silvio Berlusconi.
(Photo : AFP)

Silvio Berlusconi a obtenu, lundi, un troisième mandat de président du Conseil avec une majorité plus forte que prévu. Un gage de stabilité politique mais les perspectives économiques sont plutôt sombres et le futur président du Conseil italien a aussitôt annoncé que les Italiens devaient s'attendre à des « mois difficiles ».
Avec 47 % des voix, Silvio Berlusconi devance son adversaire de neuf points. Il pourrait fanfaronner, comme à son habitude, mais il sait déjà qu’il va devoir affronter une crise économique sévère et qu’il aura un opposant solide et coriace. Walter Veltroni, en remportant 38% des voix, a conforté sa place de leader de la gauche. Il s’était lancé seul et mal préparé dans la bataille électorale, ne pouvant s’appuyer sur une coalition de gauche qui avait explosé, entraînant la chute de la maison Prodi après l’avoir miné de l’intérieur.

Silvio Berlusconi veut lancer des réformes structurelles pour repousser la menace d’une récession. Pendant la campagne, il enchaînait plutôt les promesses électorales, s'engageant à réduire la dette publique, à diminuer les impôts et à libéraliser le secteur des services.

Il va devoir se retrousser les manches et même se boucher le nez car sur la table l’attendent deux dossiers délicats : la vente d'Alitalia et la crise des ordures à Naples. Des dizaines de milliers de tonnes d'ordures s'amoncellent encore dans la région napolitaine.

Coup de balai au Parlement

Le Peuple de la liberté, la nouvelle coalition de Silvio Berlusconi a 340 élus sur 630 à la Chambre des députés, avec ses alliés de la Ligue du Nord, de l’Alliance nationale et de l’Autonomie sud et alternative sociale. Le Parti démocrate de Walter Veltroni et le mouvement Italie des valeurs de l'ancien magistrat anti-corruption Antonio di Pietro : 239 députés. Au Sénat, la coalition de Berlusconi obtient 21 sièges de plus que celle de Veltroni. Le Parlement n’a jamais été aussi clairement coupé en deux. Il comptera six partis, contre vingt précédemment. Les petits partis du centre ont été balayés ainsi que la coalition arc-en-ciel, ancienne alliée écolo-communiste de Romano Prodi qui n’a remporté aucun siège au Parlement. Les Italiens ont voté utile. Ils se retrouvent, au lendemain de ces législatives, avec un paysage politique bien dégagé.

La victoire de Berlusconi vue par la presse italienne

« Les quotidiens italiens sont unanimes, Sylvio Berlusconi ne pouvait espérer meilleur résultat. Les journaux rappellent également qu'il doit son score élevé à son allié la Ligue du Nord. »

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15/04/2008 par François Cardona

Un allié encombrant

Berlusconi a gagné une nouvelle fois grâce à la Ligue du Nord d’Umberto Bossi qui a renforcé sa position avec 8% des voix contre 4,6% aux législatives de 2006. Umberto Bossi va monnayer sa collaboration et Silvio Berlusconi lui a déjà promis deux postes de ministre. Ce parti nationaliste et protectionniste risque d’être bien encombrant pour mener des réformes. Au cours de l’un de ses derniers meetings de campagne, Umberto Bossi avait appelé ses militants « à prendre les fusils et à marcher contre la canaille romaine ». Premier gage à la Ligue du Nord, Silvio Berlusconi a promis, mardi, de fermer la frontière à l'immigration clandestine et de lancer une campagne contre l'insécurité et contre ce qu’il appelle « l'armée du mal ».

Le nouveau Parlement se réunira le 29 avril. Silvio Berlusconi devra attendre, début mai, pour prendre ses fonctions de président du conseil italien.