par RFI
Article publié le 21/04/2008 Dernière mise à jour le 22/04/2008 à 00:36 TU
Le navire chinois An Yue Jiang transporte trois millions de cartouches pour des fusils AK-47 (Kalachnikov), ainsi que 1 500 lanceurs de grenades (RPG) et plus de trois mille obus de mortier. La justice sud-africaine a interdit la semaine dernière que cette cargaison de 77 tonnes soit débarquée dans le port de Durban, pour être acheminée ensuite par voie terrestre vers Harare. Une polémique s’est produite en Afrique du Sud sur l’opportunité de livrer l’armement au Zimbabwe, où les résultats de l’élection présidentielle du 29 mars n’ont toujours pas été publiés. Le navire a quitté le port de Durban vendredi soir et il se dirigerait actuellement vers la Namibie ou vers un port angolais.
Spécialiste des affaires de sécurité à Harare
«Le transpondeur du bateau a été coupé, il est donc perdu en haute mer et personne ne sait où il se trouve actuellement.»
La Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF), fédération de plus de 650 syndicats représentant 4,5 millions d’employés du secteur des transports dans 148 pays du monde, a indiqué lundi vouloir mobiliser les dockers africains pour qu’ils refusent de décharger ce navire transportant des armes vers le Zimbabwe. Sprite Zungu, porte-parole de l’ITF à Durban a déclaré lundi qu’il faut « empêcher ce navire de décharger ces armes dangereuses, qui pourraient servir à tuer des Zimbabwéens ». Il s’est dit être prêt à se rendre dans le pays vers lequel le navire An Yue Jiang est censé se diriger pour convaincre les dockers de ne pas décharger les armes. « Nous avons entendu que le bateau pourrait être en route pour le Mozambique ou l’Angola. Nous enquêtons à ce sujet jusqu’au Nigeria », a ajouté le porte-parole de l’ITF. Le gouvernement mozambicain a affirmé que le navire chinois ne serait pas autorisé à pénétrer dans ses eaux territoriales, sans avoir fait une demande dans ce sens, ce qui n’a pas été le cas. La chaîne américaine de télévision CNN a ainsi affirmé que le navire se dirigerait vers l’Angola.
Dans une première réaction, les autorités angolaises ont affirmé ne pas être au courant de la destination du navire. Mario Feliz, directeur de la division Afrique et Proche-Orient du ministère angolais des Relations extérieures (MIREX) a déclaré lundi à l’agence Lusa qu’il ne disposait pas de la « moindre information » au sujet de cette question. Les milieux proches de l’opposition angolaise considèrent que le déchargement de ces armes dans un port de l’Angola aurait un « impact négatif » pour le président Dos Santos qui assume actuellement la présidence de l’organe de défense et sécurité de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC). Il faut noter que les élections législatives en Angola auront lieu le 5 et 6 septembre prochains. La non publication des résultats électoraux au Zimbabwe a été dénoncée, à plusieurs reprises, par les opposants et par une partie de la presse angolaise qui en a profité pour critiquer l’« alignement du MPLA », au pouvoir, sur le régime de Robert Mugabe, ce qui peut devenir très risqué, en cas d’explosion de violence au Zimbabwe.
Le déchargement de cet armement dans un port angolais, notamment Luanda, obligerait les six containers à traverser tout le territoire angolais, près de 2 000 kilomètres, avant d’atteindre la Zambie et arriver ensuite au Zimbabwe. Un acheminement par voie aérienne à partir du port d’arrivée ne serait donc pas à exclure. L’agence officielle chinoise a souligné, lundi, que la vente d’armes chinoises au Zimbabwe est « légale » et que « la presse occidentale est tout simplement en train d’utiliser cette affaire pour exercer des pressions sur la Chine ».