par RFI
Article publié le 23/04/2008 Dernière mise à jour le 24/04/2008 à 08:48 TU
L'ancien président mozambicain Joaquim Chissano (g) s'adresse à la presse après avoir rencontré le chef de l'opposition du Zimbabwe Morgan Tsvangirai, du Mouvement pour le changement démocratique (d), à Maputo, le 23 avril 2008.
(Photo : Reuters)
Le ministre zimbabwéen de la Justice, Patrick Chinamasa, a réagi en affirmant que cette proposition ne faisait pas partie de la politique de son gouvernement : « Notre position est très claire. Nous avons été approchés au sujet d’un gouvernement d’unité nationale et nous l’avons refusé ». Le candidat de l’opposition, Morgan Tsvangirai, avait déjà avancé l’idée d’un gouvernement d’unité nationale, mais que lui-même le dirigerait et non Robert Mugabe.
Le Herald souligne également que l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front populaire (ZANU-PF) du président Robert Mugabe, 84 ans, au pouvoir depuis 1980, a conservé finalement son siège à Gromonzi Ouest, près de Harare, après un nouveau comptage des suffrages. La Commission électorale du Zimbabwe avait fait état d’irrégularités et a décidé d’ordonner un nouveau comptage dans 23 des 210 circonscriptions du pays. Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition) avait gagné dans 21 d’entre elles et le ZANU-PF dans les deux autres. Le MDC qui a officiellement remporté les législatives avec 210 sièges contre 97 à la ZANU, considère que ce recomptage des votes est une manœuvre du parti de Mugabe pour reprendre le contrôle du Parlement. L’opposition estime également que le régime veut gagner du temps en retardant la publication des résultats de la présidentielle.
Le secrétaire général des Nations unies a jugé « inacceptable » que ces résultats n’aient pas encore été rendus publics. Cette prise de position, mardi, au terme de la visite de Ban Ki-moon au Libéria, intervient trois semaines après le scrutin, alors que les appels à une intervention internationale au Zimbabwe se font de plus en plus nombreux. Les responsables religieux zimbabwéens ont tiré la sonnette d'alarme et ont fait appel à la communauté internationale pour désamorcer la crise postélectorale. Selon ces responsables des églises qui ont publié un communiqué commun mardi, il existe aujourd'hui un « risque de génocide » au Zimbabwe.
Secrétaire général de la conférence épiscopale du Zimbabwe
« La situation actuelle au Zimbabwe est très incertaine. Cela est principalement dû à l'échec de la commission électorale qui n'a toujours pas publié les résultats du vote du 29 mars. Mais ce qui préocupe aujourd'hui les églises, ce sont les violences organisées contre des individus, des familles et des communautés accusées d'avoir voté ou fait campagne pour le mauvais parti politique ».
Le feuilleton du « Cargo de la Honte »
Jacob Zuma, président du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir en Afrique du Sud, a affirmé mercredi à Londres que la crise postélectorale au Zimbabwe n’était « pas acceptable », après des entretiens avec le Premier ministre britannique Gordon Brown. Le chef de l’ANC s’est montré toutefois plus réservé sur la proposition du Premier ministre britannique, qui veut imposer un embargo total sur les armes à destination du Zimbabwe. Cette déclaration intervient alors que les Etats-Unis viennent de demander à la Chine de rappeler un bateau chargé d’armes destinées au Zimbabwe.
Selon les observateurs en Afrique du Sud, Washington a pris le relais des syndicats des dockers en exhortant Pékin de cesser de vendre du matériel militaire au gouvernement de Harare. Dans le même temps, le gouvernement américain avait menacé l’Angola et la Namibie de représailles diplomatiques si ces deux Etats accueillaient le cargo chinois transportant plus de 70 tonnes de matériel militaire. La Chine a laissé entendre mardi que le navire était sur le point de rentrer. Mais selon la compagnie londonienne de surveillance maritime Lloyds MIU le An Yue Jiang a mis le cap vers l’Afrique occidentale, mardi soir. Donc, le feuilleton de « Cargo de la Honte », comme il a été rebaptisé en Afrique du Sud, n’est peut-être pas clos. Le navire se dirigerait vers l’Angola, où l’opposition semble prête à monter au créneau.
Professeur d'économie à l'Université de Luanda
« On ne peut pas accepter un bateau qui a des armes qui peuvent être utilisées contre le peuple zimbabwéen et dégrader un peu plus la situation au Zimbabwe. »
Les Etats-Unis n’entendent pas relâcher les pressions. La vice-secrétaire d’Etat américaine chargée de l’Afrique, Jendayi Frazer, s’est redue en Afrique du Sud, première étape d’une tournée dans la sous-région qui la conduira également en Angola et en Zambie. Le Zimbabwe sera au menu des discussions.
Le leader du MDC, Morgan Tsvangirai, poursuit ses contacts avec les dirigeants africains. Il s’est rendu mercredi à Maputo pour des entretiens avec le président mozambicain Armando Guebuza. Le chef de l’opposition zimbabwéenne s’est déclaré favorable à la mise en place d’un gouvernement de « large représentation » car, selon lui, son pays est en « transition ». Toutefois il a considéré que l’hypothèse d’un gouvernement d’unité nationale, soulevée par le journal The Herald, « ne se pose pas à ce stade ».
Morgan Tsvangirai a également rencontré Afonso Dhlakama, chef de la Resistance nationale du Mozambique (Renamo), ancien mouvement rebelle qui est devenu le principal parti d’opposition. Il a aussi été reçu par l’ancien président mozambicain Joaquim Chissano, lequel s’est déclaré prêt à contribuer pour aider à résoudre la crise au Zimbabwe, si tel était le souhait des dirigeants des pays de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC). Cela fait 15 jours que Tsvangirai n’a pas mis les pieds au Zimbabwe. Il risque d’être inculpé de « trahison » à son retour. Le candidat de l’opposition zimbabwéenne avait déclaré mardi au Ghana : « je rentrerai au moment opportun ».
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