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Liban

Calme précaire à Beyrouth, mais violents combats à Tripoli

par  RFI

Article publié le 11/05/2008 Dernière mise à jour le 11/05/2008 à 05:15 TU

La tension baisse à Beyrouth, où l'opposition a retiré ses hommes en armes, à la demande de l'armée qui a gelé les décisions du gouvernement à l'origine de la crise. Mais le Hezbollah continue sa pression en maintenant son mouvement de désobéissance civile. Les combats ont fait 36 morts depuis mercredi. La Ligue arabe se réunit ce dimanche. Des combats ce dimanche matin à Tripoli (nord) entre des partisans de la majorité et de l'opposition menée par le Hezbollah ont fait au moins 2 morts.
L'armée libanaise reprend le contrôle de rues de Beyrouth, samedi 10 mai.( Photo : Reuters )

L'armée libanaise reprend le contrôle de rues de Beyrouth, samedi 10 mai.
( Photo : Reuters )

Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh

La quatrième journée de combats a été très meurtrière : 25 morts au moins, et des dizaines de blessés. Les combats les plus violents se sont produits à Halba, dans le nord du Liban, entre des partisans sunnites du gouvernement et des combattants d'un parti laïque de l'opposition. Le bilan est lourd : 14 morts. A Beyrouth, 6 partisans du gouvernement ont été tués lorsqu'un membre de l'opposition a ouvert le feu lors de funérailles d'un sympathisant de la famille Hariri. Dans la ville d'Aley, à 30 km au sud-est de Beyrouth, ce sont trois membres du Hezbollah qui ont été enlevés, et deux d'entre eux exécutés par des partisans du chef druze Walid Joumblatt.

Malgré cette violence démentielle, une lueur d'espoir est apparue. L'armée a imaginé une sortie de crise. Elle a confirmé dans ses fonctions le chef du service de sécurité de l'aéroport, limogé lundi par le gouvernement. Elle s'est aussi engagée à étudier le réseau de télécommunications du Hezbollah pour s'assurer qu'il ne lèse pas l'intérêt public tout en préservant la sécurité de la résistance. Elle a demandé au gouvernement d'annuler ses deux décisions, et à l'opposition de retirer ses hommes.

En fin d'après-midi, les combattants de l'opposition commençaient donc à quitter les rues de Beyrouth, mais le mouvement de désobéissance civile est maintenu. Walid Joumblatt a donné des signes positifs, laissant entendre qu'un compromis pourrait être trouvé.

Une porte de sortie se présente, encore faut-il que tous s'y engouffrent.

L'armée fait baisser la tension

L'armée a littéralement gelé les décisions du gouvernement de Fouad Siniora prises à l'encontre du Hezbollah et de ses alliés. En contre-partie, le Hezbollah a décidé de lever les barrages qu'il avait établis dans Beyrouth-ouest et sur la route de l'aéroport.

Au plus fort des combats, l'armée s'était déployée sur les principaux axes de la capitale, mais en prenant grand soin de ne pas intervenir entre les partisans du Hezbollah et leurs adversaires fidèles au gouvernement Siniora. Elle avait à ce titre essuyé d'ailleurs des critiques. Mais ses soldats avaient reçu l'ordre de ne pas intervenir dans les combats.

Bien lui en a pris. D'abord son unité reste entière, c'est même la seule institution du pays à fonctionner correctement. Ensuite, c'est elle, aujourd'hui, qui arrondit les angles et permet de faire baisser la tension.

Premier point, Fouad Siniora exigeait le démantèlement du réseau téléphonique mis au point par le parti de Dieu, ce qui pour le Hezbollah équivalait à une véritable déclaration de guerre : c'est en effet ce système crypté, explique le mouvement chiite, qui a empêché les Israéliens de l'espionner et lui a donc permis de gagner la guerre en 2006 contre l'armée israélienne... La crise dans ce dossier se dénoue grâce à l'armée, qui affirme qu'elle va étudier le dossier de manière à ne porter atteinte ni à l'intéret public, ni à la sécurité du Hezbollah.

Second point qui avait déclenché les foudres du parti de Dieu : le limogeage de Wafik Chkeir, le chef de la sécurité de l'aéroport de Beyrouth, pour avoir autorisé le parti de Dieu à y installer des caméras de surveillance. Là aussi, l'armée libanaise a décidé qu'il resterait à son poste, en attendant les résultats d'une enquête.

A écouter

Joseph Bahout

Professeur de sciences politiques à Paris

«Il ne faut pas oublier que pendant la guerre, deux fois l'armée a implosé, la troupe s'est divisée entre les parties belligérantes et son armement a nourri les milices en présence. Donc je crois qu'il était sage pour l'armée de prendre cette décision

11/05/2008

Diane Galliot

Envoyée spéciale permanente de RFI à Beyrouth

«Les militants du Hezbollah et de Amal réclament la reprise du dialogue national, une participation de l'oppostion au gouvernement avec une minorité de blocage et une nouvelle loi électorale

11/05/2008 par Diane Galliot

Gisèle Khoury

Journaliste, veuve du journaliste Samir Kassir

« C'est un coup d'Etat militaire du Hezbollah... La grosse gaffe c'était de toucher à la presse, même les Israéliens ne l'avaient pas fait... »

11/05/2008 par Diane Galliot