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France / Espagne

Un des principaux dirigeants d'ETA arrêté en France

par Patrick Adam

Article publié le 21/05/2008 Dernière mise à jour le 21/05/2008 à 23:31 TU

Un coup de filet contre des membres présumés de l’organisation terroriste basque a eu lieu mardi soir à Bordeaux dans le sud-ouest de la France. Quatre personnes ont été interpellées parmi lesquelles figure « Thierry », présenté comme le numéro un de l’organisation séparatiste. Le Premier ministre espagnol, José Luis Zapatero, salue « un coup très dur porté à la direction de l’ETA » et voit dans ces arrestations « un pas de plus sur le chemin de la victoire de la démocratie sur la terreur  ». Madrid devrait demander le transfert rapide d’au moins trois des personnes arrêtées.

Javier Lopez Pena, alias « Thierry », le N°1 présumé de l'ETA, escorté par des officiers de police le 21 mai 2008 à Bordeaux.(Photo : AFP)

Javier Lopez Pena, alias « Thierry », le N°1 présumé de l'ETA, escorté par des officiers de police le 21 mai 2008 à Bordeaux.
(Photo : AFP)


23 heures mardi, cours de la Marne à Bordeaux. Un témoin raconte la scène : « une 407 avec quatre hommes en costume s’est garée sur la voie de bus. De l’autre côté, il y avait une vingtaine de voitures banalisées. Des hommes cagoulés et armés de mitraillettes sont sortis. On a entendu trois coups de bélier puis plus rien. Ils sont restés une bonne heure puis ressortis avec trois hommes et une femme cagoulés qui criaient en basque sur le trottoir  ». Un coup de filet en douceur donc qui, selon les autorités de Madrid, frappe ETA à la tête.

Selon la presse espagnole, ces interpellations sont le coup le plus dur porté à l’organisation basque depuis l’arrestation en octobre 2004 de l’ex-numéro un « Antza ». En plus des quatre militants présumés, deux autres personnes ont été interpellées par la suite, dont une liée à la location de l’appartement où se trouvait le commando.

Indice de l’importance de ce coup de filet aux yeux de Madrid, le ministre espagnol de l’Intérieur qui se trouvait à Dakar a décidé d’interrompre sa tournée africaine. Alfredo Perez Rubalcaba estime que le fameux « Thierry », de son vrai nom Javier Lopez Peña est « la personne qui a le plus de poids politique et militaire au sein de l’ETA ». Le ministre affirme que « ce n’est pas une simple opération de plus » mais se garde bien d’annoncer pour autant la fin d’ETA qui, dit-il, « peut faire encore beaucoup de mal ».

Des militants de premier plan

Principale prise opérée par la police française en coopération avec la Guardia civil espagnole : Javier Lopez Peña. Agé de 49 ans il était recherché depuis de longues années. De son nom de guerre « Thierry », il aurait pris le contrôle de l’organisation clandestine depuis 2006. Il aurait personnellement participé à au moins l’une des réunions organisées au cours des négociations ouvertes avec le gouvernement socialiste de José Luis Zapatero, avant de peser pour y mettre un terme, imposant son point de vue contre l’avis défendu par un autre chef historique de l’organisation « Josu Ternera » avec qui il dirigeait collégialement la structure militaire d’ETA.

« Thierry » est également soupçonné d’avoir été le commanditaire de l’attentat à l’aéroport de Madrid en décembre 2006 par lequel l’organisation séparatiste avait de facto mis un terme à sa trêve avant de le faire officiellement quelques mois plus tard. L’attentat de l’aéroport avait tué deux personnes et entraîné la fin des tentatives initiées par José Luis Zapatero pour trouver un règlement politique à la violence au Pays Basque qui a fait plus de huit cents morts en quarante ans.

Autre personnalité interpellée à Bordeaux, Ainhoa Ozaeta. Cette femme de 33 ans est soupçonnée d’avoir lu le communiqué de l’ETA annonçant officiellement la fin de la trêve. Aucune poursuite n’était jusqu’alors engagée contre elle en Espagne. Enfin Igor Suberbiola appartient à un mouvement de jeunesse basque proche de l’ETA, et Jon Salaberria est un ancien député régional de Batasuna, le bras politique interdit de l’organisation.

A proximité de l’appartement dans lequel les activistes ont été arrêtés, la police a découvert deux véhicules volés portant de fausses plaques d’immatriculation. C’est dans la même zone qu’avait été retrouvée le 8 mai une voiture utilisée par les membres de l’ETA qui ont abattu de sang-froid deux gardes civils espagnols en mission de renseignement dans le sud-ouest de la France.

Juste avant les élections législatives espagnoles un commando etarras avait abattu un ancien conseiller municipal basque. Plus récemment, deux attentats ont été attribués à l’ETA, dont l’un a entraîné la mort d’un garde civil.

A écouter

Michèle Alliot-Marie, ministre française de l'Intérieur

« Ces arrestations se sont déroulées sans incident. (...) C'est une grande réussite et nous devons beaucoup de reconnaissance et souligner le professionnalisme de ces équipes. »

21/05/2008 par Olivier Chermann