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Entreprises

Les syndicats rejettent la fusion GDF-Suez

par Myriam Berber

Article publié le 26/05/2008 Dernière mise à jour le 26/05/2008 à 17:25 TU

A gauche, le PDG de Suez, Gérard Mestrallet et Jean-François Cirelli, son homologue de GDF, à droite. (Photos: AFP)

A gauche, le PDG de Suez, Gérard Mestrallet et Jean-François Cirelli, son homologue de GDF, à droite.
(Photos: AFP)

Les syndicats réunis en Comité central d’entreprise (CCE) ont dit non au projet de fusion de Gaz de France avec Suez. Cet avis du CCE n’est que consultatif, mais il était une étape obligée avant la poursuite du processus de fusion qui a longtemps été retardé. Dans la foulée, les deux entreprises devraient convoquer leurs conseils d’administration, mercredi, pour entériner l’opération, avant le vote des assemblées générales extraordinaires 40 jours plus tard.

L’avis-consultation du CCE, qui a eu lieu ce lundi, était initialement prévu le 30 avril puis le 15 mai. Il a été reporté à plusieurs reprises, notamment en raison d’une mésentente syndicale sur les délais nécessaires pour obtenir un rapport d’expertise juridique. Jusqu’au bout, les syndicats de GDF ont joué la montre. Le dernier recours déposé par le secrétaire CGT du CCE a été rejeté, vendredi, par le juge des référés du tribunal de grande instance (TGI) de Paris. Eric Dulon demandait la suspension du CCE programmé ce lundi, estimant que Gaz de France n’avait mis pas en œuvre une précédente décision du TGI qui, le 22 janvier 2008, avait sommé la direction de fournir aux élus du CCE des informations complémentaires sur le processus de fusion.

L’avis -non contraignant- des syndicats marque la fin du processus de consultation des salariés du groupe gazier. Sauf rebondissement, Suez et GDF vont pouvoir enfin fusionner. Dans la foulée du CCE, les deux entreprises vont chacune convoquer un conseil d’administration pour entériner le rapprochement et ses modalités. Ensuite, le projet sera transmis à l’Autorité des marchés financiers (AMF). Un délai incompressible de quarante jours devra ensuite s’écouler avant que les deux entreprises puissent réunir leurs assemblées générales extraordinaires des actionnaires. Le 7 juillet prochain, l’opération pourrait enfin être finalisée.

Cessions de Distrigaz et de SPE

Entre temps, la cession de la participation de Suez dans Distrigaz, le principal distributeur de gaz en Belgique et celle de GDF dans le deuxième électricien belge SPE, seront entrées en phase finale. Deux cessions imposées par Bruxelles pour des questions de concurrence. Suez devrait bientôt céder Distrigaz à l’italien ENI et GDF discute avec le français EDF pour lui céder ses parts dans SPE.

Le rapprochement va être mis en œuvre en deux temps. D’abord, Suez va introduire en Bourse 65% de son pôle environnement (eau et assainissement). Cette solution, qui permet de faire maigrir Suez, devrait régler la délicate question des parités. Suez affiche actuellement une valorisation boursière de 58 milliards d’euros contre 40 milliards pour GDF. Le nouvel ensemble GDF-Suez conservera toutefois 35% de cette branche environnement et les grands actionnaires de Suez (au premier rang desquels le belge Albert Frère, mais aussi la Caisse des dépôts et consignations, le Crédit agricole et Areva) environ 12% dans le cadre d’un pacte d’actionnaires pour sécuriser durant trois ans le tour de table de cette filiale.

Un géant de plus de 70 milliards d’euros

Une fois les 65% de la branche environnement mis en bourse, la fusion va pouvoir se faire sur la base d’une parité d’1 action Suez pour 0,9545 action GDF, soit 22 actions Suez pour 21 GDF. Le capital de la nouvelle structure appartiendra à 55% aux actionnaires de Suez et à 45% à ceux de GDF. L’Etat français, aujourd'hui actionnaire à 80% de GDF, sera le premier actionnaire du nouvel ensemble avec 35,6% du capital, lui donnant une minorité de blocage.

Le mariage entre les deux groupes va créer un géant énergétique européen, dont la valeur cumulée pèsera plus de 70 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Le PDG de Suez Gérard Mestrallet devrait présider le nouvel ensemble et le patron de GDF, Jean-François Cirelli, deviendra le numéro deux, avec le titre de vice-président-directeur général délégué. La nouvelle structure gazière et électrique devrait se classer au quatrième rang mondial derrière le russe Gazprom, l’allemand E.ON et le français EDF.

Premier acheteur et fournisseur de gaz en Europe, GDF-Suez va devenir l’un des acheteurs les plus importants du monde, ce qui lui donnera du poids face aux grands pays producteurs comme l’Algérie ou la Russie. De son côté, Suez  -cinquième électricien européen- va apporter à GDF des moyens de production nucléaire qui vont permettre à GDF de se doter d’une véritable compétence électrique. De quoi concurrencer sérieusement son rival EDF.