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Suez : la fièvre monte après les rumeurs d’OPA
(Photo : AFP)
A la Bourse de Paris, l’action Suez a flambé pendant près de 48 heures, à la suite de rumeurs faisant état d’une offre d’achat de Suez par le financier François Pinault, rumeurs prises très au sérieux par les investisseurs. Le titre a ainsi terminé, mardi soir, en hausse de 1,71% à 39,90 euros pour se tasser légèrement mercredi soir à 39,72 euros. Tout est parti d’un article publié vendredi sur le site internet du magazine économique Capital qui évoquait le lancement imminent, par François Pinault, d’une offre publique d’achat (OPA) hostile, estimée entre 60 et 70 milliards d’euros, l’Elysée ayant donné son feu vert. La présidence de la République a aussitôt «démenti catégoriquement cette rumeur fantaisiste».
Ce n’est, en effet, pas la première fois qu' Artémis, la holding de François Pinault, s’intéresse à Suez. L’entrepreneur, qui a des vues sur le pôle Environnement, avait déjà mis sur pied en 2006 un montage avec l’électricien italien Enel intéressé, lui, par le pôle Energie. L’annonce par le gouvernement d’une fusion GDF-Suez avait coupé cout à ce projet commun. Mais depuis la décision du Conseil constitutionnel de repousser cette fusion au-delà du 1er juillet 2007, l’offre du financier pourrait être de nouveau d’actualité. Suez a, en tout cas, aussitôt saisi l’AMF pour demander, comme la loi l’y autorise, des précisions sur les intentions de François Pinault.
L’Etat soutient «fortement» la fusion Suez-GDF
La réponse est tombée mardi matin avant l’ouverture des marchés. Dans un communiqué sibyllin, François Pinault souligne , «qu’aucune décision concernant l’éventualité d’une offre portant sur les actions de Suez n’a été prise et que toutes les options restent ouvertes ». Ces propos n’ont pas du tout été appréciés par le groupe d’énergie et de services collectifs. Celui-ci a jugé cette déclaration «vague et imprécise», estimant qu' «elle ne clarifiait en rien les intentions réelles» du groupe Pinault. Suez a donc de nouveau saisi le gendarme de la Bourse pour obtenir «une clarification sans équivoque». L’AMF a fait savoir qu’elle poursuivait les contacts avec les protagonistes du dossier et qu’elle se prononcerait dans les «tout prochains jours ».
Sur les marchés, les investisseurs jugent en tout cas crédible une offre d'achat d'Artemis. Selon le mensuel économique Capital, le milliardaire s’allierait à Veolia Environnement, Vinci ou Wendel Investissement dans le cadre de cette éventuelle opération. L’idée serait donc que la holding Artemis, avec des partenaires financiers, reprenne Suez puis revende le pôle Energie pour 50 milliards d’euros à GDF, ou à son concurrent italien Enel. Le groupe Veolia pourrait racheter la branche internationale du pôle Environnement pour 10 milliards d’euros et Artemis conserverait la branche Environnement France, un secteur à forte rentabilité.
Mais quid du montage financier ? la partie à jouer est délicate, si l’on croit les experts. En effet, la spéculation a fait grimper le titre de Suez rendant l’opération de plus en plus coûteuse, ce qui suscite des interrogations sur la capacité de l’entrepreneur à aller seul à la bataille. Il a, en effet, besoin d’associés mais aussi d’acquéreurs comme le souligne bon nombre d’analystes financiers. François Pinault, avec le soutien par exemple de la Deutsche Bank, Dresdner Bank ou du Crédit Suisse, n’aurait aucun mal à lever l’argent nécessaire pour mener à bien une telle opération, mais il lui faudrait ensuite des acquéreurs de certaines activités de Suez.
Du côté de GDF, on indique que rien n’a changé depuis la déclaration du président Jean-François Cirelli, la semaine dernière, à savoir qu’il n’y aucun accord avec Pinault et que la fusion avec Suez demeure l’option stratégique privilégiée. Pour sa part, le gouvernement a réaffirmé officiellement sa préférence. «La position de l’Etat actionnaire, d’ailleurs le président de la République, l’a rappelé il y a quelques jours, c’est que l’Etat soutient clairement et fortement le projet de fusion Suez-GDF», a indiqué le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, lors du compte-rendu du conseil des ministres.
par Myriam Berber
Article publié le 03/01/2007 Dernière mise à jour le 03/01/2007 à 16:58 TU