Article publié le 31/05/2008 Dernière mise à jour le 01/06/2008 à 02:29 TU
Des millions de personnes avaient dû abandonner leur maison à cause du cyclone Nargis qui s'est abattu les 2 et 3 mai sur le sud de la Birmanie. Alors que plusieurs régions restent encore dévastées, la junte au pouvoir oblige les sinistrés à quitter les camps de réfugiés et à retourner chez eux malgré les maisons détruites et les conditions d'hygiène extrêmement précaires.

Des survivants du cyclone Nargis reçoivent de la nourriture à Bogalay, le 13 mai 2008.
( Photo : AFP )
Avec notre correspondante à Bangkok, Marie Normand
Pour le régime birman, finie l’aide d’urgence, il faut passer à la reconstruction. Depuis plusieurs semaines, les autorités incitaient déjà les paysans à rentrer chez eux pour se remettre au travail. Mais aujourd’hui, ces mouvements de population s’accélèrent, et les ONG rapportent que les camps de réfugiés sont peu à peu vidés.
Alors que des policiers anti-émeute armés se sont déployés dans les zones les plus touchées par le cyclone, des milliers de sinistrés auraient été renvoyés de force dans leurs villages. Un retour prématuré, jugé dangereux par l’UNICEF car, dans ces localités difficiles d’accès pour les ONG, les maisons sont le plus souvent détruites, le bétail est mort et les réserves de nourriture quasiment épuisées.
Pour Human Rights Watch, ces déplacements forcés ne sont pas moins qu’une mise à mort. Autre inquiétude : en quittant les camps de réfugiés, ces sinistrés deviennent des proies faciles pour le trafic d’êtres humains ou pour le travail forcé. Les militaires pourraient en disposer à leur guise, pour accélérer la reconstruction, notamment pour replanter le riz dans les prochaines semaines. C’est en tout cas ce que craint l’Organisation internationale du travail. Car même si la Birmanie a officiellement interdit le travail forcé en 2000, cette pratique est toujours largement répandue, entre autres pour les travaux d’infrastructure.A écouter
« Une fois que les militaires commencent la reconstruction, les risques d'utilisation du travail forcé sont évidents. »
31/05/2008 par Michèle Gayral
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