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Zimbabwe

Un tribunal autorise les rassemblements de l'opposition

par  RFI

Article publié le 08/06/2008 Dernière mise à jour le 08/06/2008 à 02:09 TU

Le leader du MDC, Morgan Tsvangirai, parle avec un groupe de villageois à Nkayi, le 7 juin 2008.(Photo : Reuters)

Le leader du MDC, Morgan Tsvangirai, parle avec un groupe de villageois à Nkayi, le 7 juin 2008.
(Photo : Reuters)

La justice zimbabwéenne a décidé samedi que la police ne pourrait plus interdire les rassemblements de l'opposition à Harare. Vendredi, la police de la capitale avait interdit tout meeting aux opposants, en arguant du fait qu'elle ne pouvait assurer leur sécurité. Le régime maintient fermement la pression avant l'élection du 27 juin. La police a annoncé l’arrestation du député de l'opposition Eric Matinenga, qui avait déjà été détenu la semaine dernière pour incitation à la violence publique.

La décision du tribunal de lever l’interdiction pesant sur les rassemblements du MDC (opposition) dans la capitale est sans conteste un soulagement pour Tsvangirai, car il lui devenait impossible d'entrer en contact avec les électeurs zimbabwéens. Les médias d’Etat n’accordent de la place qu’à la propagande nationaliste de Robert Mugabe. A défaut de pouvoir organiser des réunions publiques, Tsvangirai s’était consolé avec des opérations « porte-à-porte » mais mêmes celles-ci l’ont exposé à des arrestations.

Cette interdiction des rassemblements publics était contraire aux engagements pris par le parti de Mugabe, la ZANU-PF, dans le cadre de la médiation du président sud-africain Thabo Mbeki. Mais Mugabe avait déjà enfreint certains de ses engagements, notamment en autorisant par décret présidentiel la présence de policiers dans les bureaux de vote.

La police de Mugabe va-t-elle obtempérer ? Rien n’est moins sûr, car par le passé le président Mugabe a déclaré que les magistrats n’avaient aucune légitimité pour barrer la route à sa révolution. Robert Mugabe affirme qu’il souhaite conserver le pouvoir pour parachever son combat révolutionnaire. Un combat tourné en dérision aujourd’hui dans un dessin du caricaturiste sud-africain Brandan. On y voit Mugabe au sommet de la FAO à Rome, il y tient un stand intitulé « Crise alimentaire durable ».

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La communauté internationale s’en est prise vivement à l’indulgence du président sud-africain Thabo Mbeki devant la tournure des événements au Zimbabwe. Washington était particulièrement irritée par les menaces de soutiens de Robert Mugabe à ses diplomates sur place. Le Royaume-Uni a par ailleurs encouragé Mbeki, chargé par la SADC d’une médiation au Zimbabwe, à employer un langage de fermeté suite à la double arrestation de Morgan Tsvangirai. Mais Mbéki refuse de bousculer l’anti-colonialiste Robert Mugabe, même si les résultats de sa diplomatie se font attendre.

La diplomatie de Thabo Mbeki : des résultats qui se font attendre

« Mugabe réagirait différemment si les critiques de Londres et Washington étaient faites par Pretoria. Mais Thabo Mbeki persiste à minimiser les atteintes aux droits de l'homme au Zimbabwe...»

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08/06/2008 par Nicolas Champeaux

L'Union africaine aussi est très discrète

« Les loups ont peut-être raison, mais si nous hurlons avec eux, Mugabe ne nous écoutera plus ». La formule d'un haut diplomate de l'UA résume à elle seule la position de l'organisation panafricaine. Selon une bonne source au sein de l'UA, les seuls pays qui continuent à avoir une influence sur le vieux président zimbabwéen sont l'Afrique du Sud, l'Angola et la Namibie. « Alors même si nous sommes incompris, même si on nous accuse de nous taire, poursuit notre source qui souhaite conserver l'anonymat, il vaut mieux faire preuve de discrétion et obtenir quelques avancées ». Lesquelles ? Une augmentation du nombre d'observateurs de 18 à 70 entre le premier et le second tour de la présidentielle, ou encore la promesse par Robert Mugabe de maintenir les conditions de vote qui avaient prévalu au premier tour. Jusque là, le bilan est maigre, d'autant plus que le climat électoral s'est dégradé ces derniers jours.

« Nous n'avons pas de militaires sur place, et si nous accusons Mugabe publiquement, il fera avec nous comme il a fait avec Levy Mwanawassa, le président zambien, qu'il ne prend même plus au téléphone. Aujourd'hui, même les Américains tentent de passer par nous pour obtenir des concessions du pouvoir », avance le diplomate pour la défense de la politique mise en oeuvre. Conserver le contact au risque d'apparaître comme les complices silencieux d'un régime aux abois, tel semble donc aujourd'hui le pari de l'Union africaine.

A écouter

George Sibotshiwe, porte-parole de Morgan Tsvangirai : une décision qui n'aura aucun impact sur le terrain

« Il ne faut pas s'attendre à ce que cette décision des juges soit respectée, mais elle permet au moins d'officialiser l'illégalité des actions de la police, et de préciser que tout cela est fait pour détruire l'opposition. Cette décision de justice est un pas pour l'Histoire, mais elle n'aura aucun impact... »

08/06/2008 par Cyril Bensimon

George Sibotshiwe, porte-parole de Morgan Tsvangirai : l'appel à l'aide

« Nous avons besoin de soldats de maintien de la paix sur le terrain, voilà notre appel... Il est inutile que la SADC et l'Union africaine envoient leurs observateurs le 20 juin. Ils devraient déjà être sur le terrain... »

08/06/2008 par Cyril Bensimon