par François Cardona
Article publié le 09/06/2008 Dernière mise à jour le 10/06/2008 à 01:50 TU
Le président américain George W. Bush, sur la base d'Andrews avant son départ pour la Slovénie, première étape de sa tournée d'adieux à l'Europe.
(Photo : Reuters)
Sept jours en Europe. De Ljubljana à Rome, en passant par Paris, Berlin et Londres, George W. Bush, habituellement pressé lors de ses voyages à l’étranger, a visiblement décidé de prendre le temps de savourer sa dernière tournée dans la « vieille Europe ».
A moins de huit mois de son départ du bureau ovale, George W. Bush entame sa visite par la Slovénie, où se tient mardi un sommet UE-Etats-Unis. La question du réchauffement climatique et du nucléaire iranien sera au cœur des discussions.
Personne pourtant ne s’attend à des déclarations « spectaculaires » de la part du président américain, comme l’a récemment confirmé Stephen Hadley, l’un des conseiller présidentiels ; d’autant que les dirigeants européens misent déjà sur le futur locataire de la Maison Blanche, celui qui succédera à l’équipe Bush en janvier 2009.
Disputes climatiques
Si ce sommet UE-Etats-Unis aurait pu être l’occasion pour George Bush de redorer son blason auprès des Européens, il risque fort néanmoins de ne déboucher sur aucune mesure concrète. Le désaccord sur le réchauffement climatique par exemple continue de ternir les relations transatlantiques. « Les positions européennes et américaines sont encore assez éloignées », a pudiquement reconnu Günter Verheugen, le vice-président de la Commission européenne.
Les Etats de l’UE se sont en effet fixé l’objectif d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 20% d’ici à 2020, par le biais notamment du développement des énergies renouvelables. Le gouvernement américain rejette tout engagement contraignant, si les grands pays émergents, comme la Chine ou l’Inde, ne sont pas tenus de les respecter.
Sans espoir sur un véritable changement de la position américaine, les 27 Etats membres espèrent désormais que le successeur de George W. Bush adoptera une posture plus conciliante lors du sommet de Copenhague. Prévu en décembre 2009, il est censé aboutir à un accord mondial en vue de la réduction des émissions de gaz carbonique après 2012, date de l’expiration du protocole de Kyoto – traité que les Etats-Unis n’ont pas signé.
Visas et « poulets chlorés »
Un second dossier oppose Européens et Américains : la question des visas. Actuellement les ressortissants de douze pays européens issus du bloc de l’ex-Union soviétique sont encore soumis à un régime de visas lorsqu’ils veulent se rendre aux Etats-Unis. Une différence de traitement avec les autres pays de l’UE que tente d’abolir la Commission européenne ; sans succès jusqu’à présent.
Enfin, un contentieux commercial empoisonne les relations entre les deux rives de l’Atlantique : l’épineux dossier des « poulets chlorés ». La Commission européenne, sous l’injonction des Etats-Unis, vient d’autoriser l’importation de poulets, nettoyés dans des bains chimiques, en provenance des Etats-Unis. Une décision polémique que rejette l’immense majorité des Etats membres de l’UE. L’administration américaine menace donc de porter le dossier devant l’Organisation mondiale du commerce.
Face à autant d’impasses et de blocages, le sommet UE-USA risque donc de se limiter à un simple rappel des positions de chacun des camps.
L’Iran et les capitales européennes
A l’issu du sommet, le président américain se rendra dans quatre capitales européennes : Londres, Rome, Paris et Berlin. En Italie, George W. Bush fera un détour par le Vatican, où il sera reçu par le pape Benoît XVI. Une visite placée sous de meilleurs auspices qu’il y a quelques années. Jacques Chirac et Gerhard Schröder, les leaders de l’opposition à la guerre en Irak, ont été remplacés par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, et le président français ne cachant pas son américanophilie. En Italie, Silvio Berlusconi, grand ami de George Bush, est revenu au pouvoir. Quant à la Grande-Bretagne, elle reste un allié de poids des Etats-Unis.
L’administration américaine entend bien profiter de ces escales dans la partie occidentale de l’Union européenne pour convaincre ses partenaires de continuer à exercer une pression commune sur l’Iran, soupçonné de chercher à fabriquer une arme nucléaire. La Maison Blanche a toujours refusé d’écarter le recours à la force – comme le préconisent certains hauts-responsables israéliens – tout en soutenant la diplomatie, en partie menée par les Européens. Ce voyage dans les capitales européennes a donc également pour but de resserrer les liens entre les membres du groupe de Six (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Russie et Chine) qui négocie depuis plusieurs années avec les autorités iraniennes. Javier Solana, le diplomate en chef de l’UE, doit d’ailleurs se rendre à Téhéran peu de temps après la visite du président américain en Europe.
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