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Irlande

Traité de Lisbonne : la victoire du « oui » est loin d'être acquise

Article publié le 11/06/2008 Dernière mise à jour le 11/06/2008 à 15:39 TU

Pour être définitivement adopté, le traité de Lisbonne doit être ratifié par les 27 Etats membres de l'Union européenne. Actuellement, tous les regards se tournent vers Dublin. L'Irlande est en effet le seul pays à être tenu, de par sa Constitution, à organiser un référendum. Le vote populaire aura lieu jeudi, et les derniers sondages ont révélé une poussée des opposants au traité.

Dans les rues de Dublin, la défiance à l'égard du traité de Lisbonne se lit sur la chaussée, le 10 juin 2008.(Photo : AFP)

Dans les rues de Dublin, la défiance à l'égard du traité de Lisbonne se lit sur la chaussée, le 10 juin 2008.
(Photo : AFP)

Avec notre envoyée spéciale à Dublin, Béatrice Leveillé

Les Irlandais se sentent complètement dépassés par l’enjeu du scrutin de jeudi. Certains ne le cachent pas : ils ne comprennent rien au traité de Lisbonne. Ils ont des doutes. « Et quand j’ai des doutes, je vote non », a affirmé un entrepreneur pour qui voter « oui » reviendrait à mettre son paraphe en bas d’un texte qui lui échappe.

Le débat entre pro et anti-traité a jeté la confusion dans les esprits. Même les agriculteurs hésitent à suivre leurs leaders qui leur ont d’abord demandé de voter « non », avant de changer d’avis une semaine avant le scrutin.

Ce sont les plus âgés, ceux qui se souviennent de la période des vaches maigres avant l’entrée de l’Irlande dans l’Union européenne, qui s’apprêtent à voter « oui » avec conviction. La contribution de l’Union européenne reste très visible dans ce pays. Sur de grands panneaux aux couleurs de l’Europe, installés le long de la voie ferrée, on peut lire : « Ici, 60 millions d’euros ont été annoncés pour refaire la signalitique », ou encore « 50 millions pour retaper une gare ». L’Union européenne a financé une grande partie des infrastructures en Irlande et ce sont ces financements qui ont contribué au développement extrêmement rapide de l’économie irlandaise.

Un débat qui tourne à la pagaille

L'Union européenne a donc été essentielle à la croissance de l'Irlande. Mais comment expliquer alors cette défiance, voire cette hostilité de certains à l'égard de l'Europe ? Les opposants au traité n’ont pas très envie de partager les fruits du succès économique de l’Irlande avec des pays d’Europe de l’Est qui leur paraissent si loin de leur petite île.

D’autre part, les politiciens locaux ont souvent rejeté la responsabilité de tous les maux sur Bruxelles, et il ne faut pas s’étonner aujourd’hui que, pour de nombreux électeurs, l’Union européenne paraisse dirigée par des bureaucrates qui ne comprennent rien à l’Irlande, et à qui il ne faut donc pas donner plus de pouvoir.

Quant au débat télévisé entre partisans du oui et du non, qui devait éclairer les esprits, il tourne soit à la pagaille, soit à l’ennui profond, avec des gens qui lisent sur le plateau des extraits du traité de Lisbonne. Rien qui donne envie vraiment d’aller voter.

A écouter

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