par Nicolas Falez
Article publié le 13/06/2008 Dernière mise à jour le 13/06/2008 à 23:32 TU
Le diplomate en chef de l'Union européenne, Javier Solana, est à Téhéran, samedi et dimanche, pour discuter avec les autorités iraniennes du dossier nucléaire. Il est accompagné des représentants de 5 des 6 grandes puissances qui tentent d'obtenir de l'Iran qu'il renonce à son programme d'enrichissement d'uranium. Il s’agit des émissaires russe, chinois, français, britannique et allemand. Seuls les Etats-Unis n'envoient pas de représentant. Cette délégation va présenter aux Iraniens une nouvelle série de propositions de coopération, en échange de quoi les Six vont demander à Téhéran de suspendre son programme nucléaire suspect.
Javier Solana, diplomate en chef de l'Union européenne, conduit la délégation qui va faire de nouvelles propositions à l'Iran.
(Photo : AFP)
Dans la crise du nucléaire iranien, les six pays en charge du dossier manient simultanément la carotte et le bâton.
Le bâton, ce sont les sanctions. Elles figurent dans trois résolutions de l'ONU, la dernière (la 1803) a été adoptée en mars dernier. La carotte, ce sont les propositions, qui doivent, en principe, inciter Téhéran à cesser d'enrichir de l'uranium. Une première offre a été transmise à l'Iran, en 2006. Elle a été ignorée par les dirigeants de la République Islamique.
La nouvelle série de propositions de Javier Solana est qualifiée par un diplomate occidental de « très vaste et très généreuse ». Il s'agit de coopération dans le domaine du nucléaire civil, avec une aide à la construction de centrale, de normaliser les relations commerciales avec, par exemple, la fourniture des pièces de rechange dont l'aviation civile iranienne a cruellement besoin. L'offre des Six comprend aussi des chapitres politiques comme l'ouverture d'un dialogue sur les questions régionales.
Tout ceci à une condition, bien sûr : que Téhéran suspende son programme suspect d'enrichissement d'uranium, mais il y a peu d'espoir de ce côté-là. Cette semaine, le président iranien Ahmadinejad a clamé une fois de plus que son pays n'échangerait pas sa « dignité » contre les propositions des six pays.
Les Six ne croient pas en leur mission
En coulisse, les diplomates occidentaux ne font même pas semblant d'y croire : d’après eux, il n'y a aucune chance que l'Iran se laisse convaincre par les propositions des Six. Les offres dans le domaine du nucléaire civil, la normalisation des relations économiques avec Téhéran, le dialogue sur les questions régionales, tout cela ne devrait pas faire évoluer la position iranienne car - toujours selon nos sources diplomatiques occidentales - le droit d'enrichir de l'uranium est la seule proposition qu'attendent les dirigeants iraniens.
Or, de cela, il n'est pas question : en Europe et aux Etats-Unis, on estime que le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique est très préoccupant : car l'Iran ne répond pas aux questions en suspens sur l'éventuelle militarisation de son programme nucléaire.
Alors pourquoi le déplacement de Javier Solana et de plusieurs diplomates de haut-rang à Téhéran, en cette fin de semaine ? La Russie et la Chine auraient fait pression pour cela auprès de leurs partenaires des Six. Moscou et Pékin sont, en effet, traditionnellement plus conciliants envers l'Iran, même s'ils ont voté toutes les résolutions qui sanctionnent Téhéran.
Les sanctions, on pourrait en reparler dans les prochains mois, si le dialogue de sourds continue. A moins que le scénario de frappes américaines ou israéliennes sur l'Iran ne redevienne d'actualité.
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