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France

Mouvement social sur 2 jours

par Myriam Berber

Article publié le 16/06/2008 Dernière mise à jour le 17/06/2008 à 02:19 TU

Protestations des camionneurs aux environs de Strasbourg, le 16 juin 2008.(Photo: Reuters)

Protestations des camionneurs aux environs de Strasbourg, le 16 juin 2008.
(Photo: Reuters)

Après les routiers, les ambulanciers et les taxis ce lundi, les salariés du public et du privé prennent, mardi 17 juin 2008, le relais de la contestation. Ils se mobilisent contre les projets de réformes sur le temps de travail et les retraites. Des perturbations sont à prévoir dans les administrations, les transports, les aéroports et dans les hôpitaux. La grogne sociale se poursuivra mercredi chez les personnels du ministère de la Défense et dans l’audiovisuel public. Les grèves se multiplient mais l’unité syndicale paraît plutôt limitée.

La hausse du carburant, le changement de statut des ports, la réforme du fret, la défense des 35 heures, le temps de travail et les retraites… Les motifs de mécontentement ne manquent pas… Le coup d’envoi des mobilisations a été donné ce lundi par les transporteurs routiers rejoints par les déménageurs, les ambulanciers et les chauffeurs de taxi. Ils réclament des exonérations fiscales pour faire face à la hausse des prix du carburant. En attendant une réponse du gouvernement, les transporteurs se mobilisent et organisent partout sur le territoire des opérations escargot. Ce lundi, des ralentissements de plusieurs kilomètres et des barrages de pneus étaient organisés dans plusieurs régions de France. Les ambulanciers ont choisi de faire le siège du ministère de la Santé, les chauffeurs de taxi celui du ministère de l’Economie.

Mais, le temps fort de ce mouvement de contestation est la journée d’action du mardi 17 juin 2008 contre les projets de réforme des retraites et des 35 heures. Cette journée de manifestation contre l’allongement à 41 ans, d’ici 2012, de la durée de cotisation retraite était prévue. Mais, le thème de défense des 35 heures est venu s’ajouter aux revendications : le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a en effet décidé d’aller plus loin dans l’assouplissement des 35 heures que ce qui avait été conclu le 9 avril 2008 avec la CGT, la CFDT, le Medef (le patronat français), et la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) dans une position commune. 

Des syndicats divisés

« François Fillon et Xavier Bertrand mentent lorsqu'ils affirment que les salariés pourront choisir de conserver les 35 heures hebdomadaires », a déclaré le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, dans un entretien au Journal du dimanche. Avec la CFDT, la CGT appelle les salariés du public et du privé à la mobilisation pour faire reculer le gouvernement sur la remise en cause des 35 heures et la réforme des retraites.

Les deux syndicats ont été rejoints par Solidaires (Sud) et les syndicats d’enseignants (Snes-FSU, Sgen-CFDT, CGT-Education, SUD). Côté enseignants, les syndicats appellent à la grève tout en assurant que les épreuves du baccalauréat se dérouleront normalement.

Les perturbations pourraient venir du transport urbain, ferroviaire et aérien. De nombreux services publics devraient également rester porte close mardi, à commencer par la Poste. De son côté, la Fédération nationale des ports et docks CGT appelle à bloquer les ports contre le projet de loi sur la relance des ports autonomes français, examiné à l’Assemblée nationale. Cette réforme prévoit notamment la privatisation des activités de manutention.

Après une faible mobilisation le 10 juin dans la fonction publique, les syndicats espèrent réunir plus de monde que le 22 mai. Elle avait rassemblé seulement 700 000 manifestants, 300 000 selon la police. Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault vise « un million de manifestants », en dépit de la défection de Force ouvrière, de la CFTC, de la CGC et de l’Unsa. Ces quatre organisations syndicales reprochent, en effet, à la CGT et à la CFDT d’être en partie « responsables des coups de butoir du gouvernement contre les 35 heures ». 

La défense, l’audiovisuel public

Dans le cadre de la position commune élaborée début avril avec le patronat, Bernard Thibault et son homologue de la CFDT, François Chérèque ont, en effet, paraphé un texte qui réforme profondément la représentativité syndicale et qui permet par ailleurs d’augmenter les contingents d’heures supplémentaires à titre expérimental. C’est dans le cadre du projet de loi sur le « dialogue social » transposant cette position commune, qui sera présenté mercredi en Conseil des ministres, que le gouvernement a décidé d’aller plus contre les 35 heures, en permettant notamment, par des accords d’entreprises, d’allonger le temps de travail de façon nettement plus substantielle.

Le même jour, la grogne sociale se poursuivra chez les personnels du ministère de la Défense. Quatre fédérations (CGT, CFDT, Fo et Unsa) appellent aussi à se mobiliser, suite à l’annonce par Nicolas Sarkozy des orientations sur la politique de défense et de sécurité pour les prochaines années. Les effectifs des armées seront réduits de 54 000 civils et militaires sur les 6-7 ans à venir, essentiellement dans les secteurs du soutien et de la logistique. L’armée de terre devrait perdre 17% de ses effectifs, la marine 11% et l’armée de l’air 24%. Mercredi, l’intersyndicale de l’audiovisuel public appelle à une grève de 24 heures, une semaine avant la remise du rapport de la commission Copé sur la suppression de la publicité sur les chaînes de télévision publiques. L’audiovisuel extérieur est également concerné. Les personnels de Radio France Internationale sont inquiets pour la pérennité de son financement et sur les modalités de rapprochement avec la chaîne de télévision France 24.

 

A écouter

Bruno Le Roux

Porte-parole du PS

« Ce n'est pas seulement un mouvement pour les 35 heures et les retraites, c'est une mobilisation générale contre le démantèlement du droit du travail dans notre pays... Le climat de dérégulation des relations sociales fait peur aujourd'hui...»

17/06/2008 par Florent Guignard