par Myriam Berber
Article publié le 09/06/2008 Dernière mise à jour le 09/06/2008 à 16:46 TU
Les grèves se multiplient en France. Après les pêcheurs et les routiers, c’est au tour du secteur des transports et de la fonction publique d’être sous tension sociale. Trois syndicats de cheminots (CGT, Sud-rail et Force ouvrière), qui représentent plus de 60% du personnel, appellent à un arrêt de travail dès lundi 9 juin, 20 heures, pour protester contre la réforme du fret et ses conséquences sociales. Le trafic des TGV devrait être normal sauf sur les lignes Atlantique et Sud-Est avec trois trains sur quatre, mais les TER (transports régionaux) devraient être largement affectés.
Pour la direction, la réorganisation du transport des marchandises vise à retrouver la compétitivité de la SNCF face au secteur privé. L’an dernier, l’activité fret a enregistré 240 millions d’euros de pertes. Dans ce conflit, l’unité syndicale est limitée. Quatre syndicats (Unsa, CFDT, CFTC et Fgaac) sur les sept que comptent les cheminots, ont refusé de s’associer au mouvement. Ils estiment avoir obtenu assez de garanties de la direction sur cette réforme. Pour éviter d’avoir recours à l’épreuve de force, le président de la SNCF Guillaume Pepy a, en effet, retiré le volet le plus sensible de son plan qui visait à modifier les conditions de travail des agents du fret.
« La porte ouverte à la filialisation de la SNCF »
Pour le secrétaire général de la fédération CGT-Cheminots, c’est loin d’être suffisant. Didier Le Reste réclame la suppression du volet de la réforme qui prévoit la création d'une « famille fret » autonome au sein de l’entreprise, aux conditions sociales spécifiques. Pour la CGT, c’est « la porte ouverte à la filialisation de la SNCF ». Un syndicat très en colère, d’autant que les quatre syndicats réformistes ont signé, la semaine dernière, un accord d’intéressement qui prévoit le versement d’un dividende salarial de 200 euros à chaque agent dès la fin du mois de juin. La SNCF va également demander dans les jours qui viennent au gouvernement à pouvoir bénéficier de la loi sur la participation des salariés aux résultats de l'entreprise, avait indiqué jeudi la direction de la société. La CGT a dénoncé des « méthodes de diversion pas dignes d’une grande entreprise publique ».
Le mouvement des cheminots coïncide avec la journée d’action dans la fonction publique. Mardi, la FSU, la CGT et Solidaires -qui représentent un peu plus de 40% des 5,2 millions de fonctionnaires appellent à manifester contre la réduction des effectifs et le projet de loi sur la mobilité de la fonction publique qui doit être examiné par les députés d’ici le 30 juin. L’objectif de ce projet de loi est d’encourager les fonctionnaires à changer de métier, en facilitant leur passage d’une administration à l’autre, d’une des trois fonctions publiques (Etat, territoriale, hospitalière) à l’autre, voire vers le privé. Les syndicats y voient un moyen de réduire les effectifs dans le cadre de la révision des politiques publiques. Pour la CGT, « on assiste à une précarisation générale de la fonction publique ». Près de 23 000 suppressions de postes sont inscrites dans le budget 2008 et le gouvernement a réitéré sa volonté de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite dès 2009.
Une journée d’action le 17 juin sur les retraites
Le pouvoir d’achat est également au cœur des revendications des fonctionnaires. En 2007, ces derniers ont perçu une augmentation du point d’indice de 0,8%. « Une augmentation accordée au titre du rattrapage de l’inflation pour l’année 2006 », précisent les syndicats qui estiment « jusqu’à 10% la perte de leur pouvoir d’achat en cinq ans ». Autre raison du mécontentement : le livre blanc de la fonction publique, présenté en avril, qui suggère notamment de renforcer l’évaluation des fonctionnaires en lien avec leurs résultats. La mobilisation devrait être massive particulièrement dans l'Education nationale, les hôpitaux et les douanes. Des perturbations sont également à prévoir dans les aéroports. Là encore, les syndicats sont divisés même s’ils rejettent les mesures sur la mobilité, la CFDT et la CFTC ont refusé d’appeler à la grève, préférant des actions de terrain (tracts, pétitions).
Ces deux mouvements précèdent d’une semaine une journée d’action, le 17 juin, de la CGT et de la CFDT, sur le temps de travail et les retraites dans les secteurs privé et public. Cette journée de manifestation contre l’allongement à 41 ans de la durée de cotisation retraite était prévue. Mais le thème de défense des 35 heures est venu s’ajouter. La CGT et la CFDT ont été particulièrement irritées par des dispositions de l’avant-projet sur la démocratie sociale qui, selon eux, vide de son sens la loi sur la réduction de travail. La CFDT et la CGT estiment, en outre, que le gouvernement et le ministre du Travail, Xavier Bertrand, ont trahi leur engagement de transposer fidèlement dans la loi la proposition commune qu’ils avaient signée avec le Medef, le patronat français et la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) début avril.